Casino : à l’offensive au Brésil, guerre de position sur Monoprix

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à Paris (Photo : Eric Piermont)

[28/02/2012 16:58:46] PARIS (AFP) Casino passera cette année à l’offensive au Brésil où il compte prendre en juin le contrôle de sa filiale locale GPA, et s’engage en France dans une guerre de position avec son associé Galeries Lafayette sur la valorisation de leur filiale à 50/50 Monoprix.

Le groupe présidé par Jean-Charles Naouri dispose en effet de deux options majeures pour 2012.

La première option lui permet de prendre le 22 juin le contrôle de sa filiale brésilienne CBD-GPA, objet l’été dernier d’une intense bataille entre le groupe stéphanois et son associé brésilien Abilio Diniz allié à son concurrent Carrefour, qui ont fini par jeter l’éponge.

Le Brésil est l’un des quatre pays très peuplés et en forte croissance sur lesquels Casino axe son développement, avec la Colombie, la Thaïlande et le Vietnam. Le groupe, qui réalisait à peine 16% de ses ventes à l’étranger en 2005, prévoit de générer cette année à l’international plus de la moitié de son chiffre d’affaires et plus des deux-tiers de sa rentabilité.

“Nous croyons au Brésil”, a souligné mardi M. Naouri, évoquant une croissance et une démocratie fortes, ainsi que l’accession à la consommation de personnes auparavant pauvres.

La seconde option offre à Casino la possibilité de prendre le contrôle de l’enseigne française de centre-ville Monoprix, co-détenue avec son associé Galeries Lafayette. Ce dernier dispose lui-même d’une option pour céder à Casino sa part dans Monoprix.

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à Paris (Photo : Eric Piermont)

Mais les deux groupes, associés depuis quinze ans, sont désormais en conflit ouvert sur la valorisation de 50% de Monoprix: 1,95 milliard d’euros, selon la Société Générale, conseil des Galeries Lafayette, 700 millions d’euros selon Rothschild, conseil de Casino.

Galeries Lafayette a proposé à Casino de lui vendre sa part à un prix intermédiaire, 1,35 milliard d’euros, puis de lui racheter sa participation pour le même montant.

– “actif stratégique” – “Au Brésil aussi, la rumeur avait été lancée que étions vendeurs”, a rappelé M. Naouri. Mais Casino ne veut pas céder Monoprix, un “actif stratégique”.

Casino accuse son partenaire de faire preuve d’un optimiste exagéré quand aux futures performances de leur coentreprise, compte tenu de la crise et de la concurrence de l’e-commerce sur le textile.

Les Galeries Lafeyette accusent elles Casino de sous-estimer Monoprix, au point d’assigner le groupe stéphanois devant le Tribunal de commerce de Paris.

Une troisième banque, JPMorgan, chargée de jouer les juges de paix, n’a pas pu rapprocher leurs positions.

“Le climat actuel n’est pas serein et donc pas propice à une négociation”, a estimé M. Naouri, jugeant “très difficile de négocier lorsqu’il y a des assignations”.

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à Paris (Photo : Miguel Medina)

“Nous allons prendre le temps que la sérénité revienne”, a-t-il ajouté, se disant ouvert à des négociations, et sinon à “faire valoir nos droits”.

Il a réclamé “le respect du protocole” entre les deux groupes, considérant que les Galeries Lafayette ont “violé le contrat” en gardant la présidence de Monoprix pour un an, alors qu’elle aurait dû revenir à Casino à partir du 31 mars.

“Casino a fait en sorte de ne pas être en mesure de présenter un candidat”, a assuré au Figaro Philippe Houzé, président du directoire des Galeries Lafayette et président de Monoprix.

“Philippe Houzé a créé un très beau concept pour Monoprix, qu’il a sauvé”, tandis que Jean-Charles Naouri “s’est révélé être un très bon stratége financier. C’est une bataille de deux géants”, a indiqué à l’AFP Michel-Edouard Leclerc, patron des centres du même nom.