Volatilité des cours : les agriculteurs contraints de se former à la finance

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écolteuse de betterave sucrière dans un champ du nord de la France (Photo : Philippe Huguen)

[23/02/2012 09:29:56] PARIS (AFP) Confrontés à des prix agricoles aux fluctuations toujours plus folles, les céréaliers, éleveurs et industriels de l’agroalimentaire sont contraints à se former au fonctionnement des marchés à terme, pour apprendre à mieux gérer les risques pesant sur leur exploitation.

Des prix qui s’envolent en quelques semaines, comme ces derniers temps sous l’effet de la vague de froid, ou qui s’effondrent tout aussi rapidement en cas de surproduction: la volatilité des cours fait désormais partie du paysage des exploitants, longtemps protégés par la Politique agricole commune.

Les nouvelles techniques financières appliquées à l’agriculture permettent à l’exploitant de diagnostiquer, d’évaluer et de calculer son exposition au risque, avant de minimiser ses pertes de recettes éventuelles grâce aux marchés à terme.

Peu répandues il y a encore quelques années, les formations à la finance appliquée à l’agriculture se multiplient et offrent des modules qui vont de l’initiation à la mise en pratique et à l’expertise.

Si les écoles commencent tout juste à intégrer ces connaissances dans leur cursus, les chambres d’Agriculture et quelques organismes indépendants se sont emparés de ces sujets depuis une décennie déjà.

“En dix ans, nous avons formé près de 8.000 agriculteurs”, explique Nicolas Pinchon, consultant-formateur chez Agritel à Paris, société spécialisée dans la gestion des risques de prix dans les filières agricoles.

De son côté, Offre et Demande agricole, société de conseil basée à Bourges vient de former au mois de décembre dernier son 10.000ème agriculteur.

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ordinateur (Photo : Christophe Archambault)

Dès 1999, la chambre d’Agriculture de la Vienne a répondu à la demande de quelques agriculteurs qui souhaitaient se former à l’utilisation du marché à terme. Cette offre de formation a été complétée depuis par du conseil et un appui à la commercialisation.

Une formation indispensable

Seize chambres d’Agriculture sont désormais associées pour proposer un service de formation, d’information et de conseil à travers le réseau des “CapMarchés”, qui s’appuie sur les compétences de techniciens et d’économistes pour accompagner les agriculteurs dans la commercialisation de leur produits.

“Les agriculteurs ont besoin de comprendre et d’anticiper la fluctuation des cours, de gérer leurs risques, d’organiser leur stockage”, explique Benoît Labouille, directeur général d’Offre et Demande agricole. “Il s’agit pour eux d’apprendre à se servir des outils financiers que sont le marché à terme et le marché à options, sans en faire un outil de spéculation”.

Selon des statistiques de l’organisme, les céréaliers –en première ligne dans la compétition internationale– représentent 80% du public formé.

La démarche est plutôt le fait de gros exploitants, 70% des agriculteurs formés travaillant sur des fermes entre 100 et 300 hectares et 15% sur des fermes de plus de 300 hectares.

“Travailler la terre s’apprend de père en fils, mais pas la commercialisation”, constate Jean-Baptiste Benoist, jeune agriculteur en Seine-et-Marne et 10.000ème agriculteur formé par Offre et demande agricole.

“Cette formation au marché à terme s’est révélée indispensable dans mon parcours à l’installation, pour sécuriser mon exploitation et me sentir plus autonome sur mes prises de décision”, explique M. Benoist.

La société de conseil assure ensuite un suivi de formation de ses stagiaires à l’intérieur de clubs répartis dans les grands bassins de production. Des consultants au plus près du terrain et des réalités locales leur apportent leur expertise.

La formation initiale trois jours coûte 400 euros et 250 euros la journée de mise en pratique chez Offre et demande agricole. Le coût annuel d’une formation est estimé autour de 1.200 euros, dont une partie peut être financée via Vivéa, un fonds d’assurance-formation.