La Comex, qui a conquis les mers du monde, redevient une petite entreprise

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à Monaco (Photo : Jacques Munch)

[21/12/2011 08:07:01] MARSEILLE (AFP) Cinquante ans d’histoire et une palanquée de records: la Comex, qui fut un temps le leader mondial des travaux sous-marins, a multiplié les innovations technologiques, défriché les métiers de la plongée profonde, sans parvenir cependant à vraiment pérenniser ses conquêtes sur le plan industriel.

En se désengageant, à la mi-novembre, de Cybernétix S.A., une filiale spécialisée dans la création de robots, la Compagnie maritime d’Expertise (Comex) est redevenue une petite entreprise… comme à ses débuts.

Un “artisan de luxe”, qui génère 4 millions d’euros de chiffre d’affaires avec “un corps d’élite de 40 salariés”, souligne Michèle Fructus, directrice générale de la société et fille du fondateur.

On est loin du temps de la splendeur, dans les années 80, époque où Comex Service, la division spécialisée dans le pétrole offshore, possédait une trentaine de filiales internationales et dégageait 1,25 milliard de francs de CA (190 millions d’euros).

Avec ses plongeurs, ses sous-marins et ses robots téléguidés, la Comex a été souvent sollicitée pour des missions complexes, comme en 2004 après le crash d’un Boeing en mer à Charm el-Cheikh pour rechercher les morceaux de l’avion.

L’épopée de cette société marseillaise est indissociable de l’histoire de son président fondateur, Henri-Germain Delauze : dans les années 50, jeune ingénieur des ponts et chaussées, il découvre la plongée durant son service militaire à Madagascar. Après un passage dans l’équipe du commandant Cousteau, il fonde la Compagnie en 1961.

Dans les années 70, l’appétit pour le pétrole offshore va booster la croissance de la Comex. La holding ouvre des filiales sur tous les champs pétrolifères de la planète.

“On nous posait un problème, on concevait une solution”, affirme Michèle Fructus. En 1964, la Comex met au point des caissons hyperbares pour éviter les accidents de décompression, puis développe “les tours de plongée”, sortes d’ascenceurs qui permettent “des plongées en saturation” très profondes.

L’entreprise va également travailler sur les mélanges gazeux respiratoires et les records tombent… En 1992, dans les caissons du centre d’essais à Marseille, le record du monde de plongée simulée est établi à moins 701 m.

“Les fluctuations des cours du brut nous ont obligés à nous diversifier,” explique Mme Fructus.

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essais hyperbares (Photo : Boris Horvat)

Ainsi début 90, Comex SA va adapter son savoir-faire à “d’autres milieux hostiles”. Comex Nucléaire est créée après un appel d’offres pour intervenir sur le circuit primaire d’une centrale… de même Cybernétix est montée avec des partenaires pour concevoir et réaliser des robots.

La société marseillaise décline également Comex Pro pour le matériel de plongée et Comex Marine Parks pour les sous-marins de loisirs.

En 1992, lâché par les banques, Comex SA doit se séparer de Comex Service, vendu au groupe américano-luxembourgeois Stolt Tankers et Terminals. En 2001, Delauze décide de vendre Comex Nucléaire à son principal actionnaire, Onet. La cession des parts de Cybernétix referme ce chapitre de la diversification.

Aujourd’hui, le savoir-faire est toujours là mais la holding familiale Comex SA ne chapote plus que deux petites divisions.

Le département “ingénierie des milieux extrêmes” est dédié à la fabrication de caissons hyperbares, pour l’armée ou les hôpitaux, et de machines spéciales, comme ce “tank” qui permet à l’horloger suisse Rolex de tester ses modèles Deepsea à moins 4.800 mètres.

Le département des opérations maritimes est doté de deux bateaux “à positionnement dynamique” capables de rester immobiles au-dessus des zones de plongée. Plusieurs projets sont dans les cartons, notamment l’imagerie 3D des fonds marins.

“Small is beautiful”, les dirigeants de Comex souhaitent revenir aux métiers des origines: l’exploration subaquatique et les défis technologiques.