Paris et Berlin tentent d’endiguer la pression de l’agence américaine SP

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ée à Paris (Photo : Eric Feferberg)

[06/12/2011 06:23:14] PARIS (AFP) Paris et Berlin ont tenté lundi soir d’endiguer la pression de l’agence de notation Standard and Poor’s, qui a menacé d’abaisser la note “AAA” de six pays de la zone euro, quelques heures après l’annonce d’un accord franco-allemand pour résoudre la crise de la dette.

La France et l’Allemagne, “pleinement solidaires, confirment leur volonté de prendre toutes les décisions nécessaires” pour “assurer la stabilité de la zone euro”, après que l’agence de notation américaine a annoncé envisager d’abaisser la note des six pays de la zone euro notés “AAA”, selon un communiqué commun des deux capitales.

Le ministre de l’Economie, François Baroin, a assuré dans un communiqué que la décision de Standard and Poor’s ne tenait pas compte de la “puissante” initiative franco-allemande qu’a été, selon lui, l’accord annoncé dans l’après-midi.

S&P a assuré envisager également d’abaisser la note de neuf autres pays de la zone euro non détenteurs de la note maximale “AAA”.

Ces “mises sous surveillance sont motivées par notre conviction selon laquelle les tensions systémiques dans la zone euro ont augmenté ces dernières semaines jusqu’au point de faire pression à la baisse sur le degré de solvabilité de la zone euro dans son ensemble”, écrit l’agence.

Les deux seuls pays de la zone à ne pas être touchés par l’annonce de S&P sont la Grèce, dont la note est en défaut de paiement, et Chypre, déjà placée par S&P sous “surveillance négative”.

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ée à Paris (Photo : Eric Feferberg)

La mise en garde de S&P a été publié quelques heures après la réunion à l’issue de laquelle le président Nicolas Sarkozy et la chancelière Angela Merkel ont annoncé à Paris le projet franco-allemand de “nouveau traité” européen.

Selon les deux dirigeants, leurs propositions “permettront de renforcer la gouvernance de la zone euro afin de rétablir la stabilité, la compétitivité et la croissance”.

La France, l’Allemagne, l’Autriche, la Finlande, les Pays-Bas et le Luxembourg sont notés AAA, ce qui leur permet de se financer auprès des marchés à des taux préférentiels. Mais des six pays notés triple A, c’est la France qui est le plus dans le collimateur de S&P puisque l’agence la menace de la dégrader de deux crans, tandis que les cinq autres ne sont menacés de perdre qu’un seul cran.

La situation de la France est particulièrement délicate, avec un déficit public prévu de 5,7% du PIB pour 2011 et une dette abyssale qui s’établit déjà à quelque 1.600 milliards d’euros (environ 85% de son PIB). De plus, le chômage atteint 9,3% au troisième trimestre.

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ée à Paris (Photo : Eric Feferberg)

A cinq mois de la présidentielle, Nicolas Sarkozy a fait du maintien du triple A le marqueur de sa politique économique. Il a multiplié les sommets avec l’Allemagne, qui affiche de son côté un déficit beaucoup moins important et peut se financer auprès des marchés à des taux inférieurs à ceux de la France: environ 2,5% pour l’Allemagne contre quelque 3,5% pour la France.

Mais l’Allemagne, avec une dette de 2.000 milliards d’euros (plus de 82% de son PIB), se trouve elle aussi dans le collimateur de S&P malgré une économie boostée par ses exportations et enviée de tous dans l’UE.

Au cours d’un énième sommet franco-allemand, M. Sarkozy et Mme Merkel sont parvenus à un compromis avec la volonté de l’imposer “à marche forcée” au reste de l’Europe, avec l’objectif de le finaliser en “mars”.

L’accord franco-allemand prévoit une révision des traités, avec sanction automatique des Etats qui laissent filer leurs déficits.

Ce projet d’accord doit être présenté aux 27 pays de l’UE lors du prochain sommet européen jeudi et vendredi à Bruxelles. Toutefois, les deux dirigeants n’ont pas exclu, au cas où des pays non membres de la zone euro rechigneraient à l’adopter, de le présenter la seule signature des 17 membres de la zone euro.

Sur France 3, François Baroin a promis de “protéger les économies des Français”.