Tunisie : Pour un développement inclusif et équilibré

Par : Tallel

dev-tunisie-partis-1.jpgL’un des soucis du modèle du
développement préconisé au niveau régional et local
demeure la consolidation de nouveaux pouvoirs aux autorités régionales et
locales. Dans cette nouvelle optique, l’idée de l’unité nationale est toujours
privilégiée et implique la lutte contre les solidarités tribales, locales ou
régionalistes préjudiciables et incompatibles avec cette unité nationale qui
n’est pas menacée par le processus de décentralisation et de bonne gouvernance.

L’aboutissement de cette approche suppose l’approfondissement et l’enracinement
de la démocratie au niveau local ainsi que la reconstruction de la légitimité
des institutions publiques à partir de la base….

Pour cela, un processus institutionnel et politique sera initié en vue d’une
redistribution des compétences et des ressources entre l’Etat et les régions,
qui doit permettre, dans le cadre d’une décentralisation institutionnelle et
territoriale, d’ériger la Région en collectivité territoriale essentielle et à
part entière dans la gestion du pays. Ce processus implique notamment une
réforme de l’organisation de l’Etat et des collectivités locales, l’instauration
de l’élection des conseils régionaux au suffrage universel et la création de
conseils économiques et sociaux régionaux. Il s’inscrira dans le cadre d’un
partenariat Etat-Régions à travers la mise en place de contrats Régions
permettant une autonomisation renforcée des régions avec des ressources
financières et des moyens humains appropriés.

Dans ce cadre, la stratégie de développement régional portera sur l’élaboration
de plans de développement régionaux adaptés aux conditions spécifiques de
chacune des régions et intégrés dans le plan national de développement. Elle
doit se donner comme objectif la modification fondamentale de l’économie
régionale grâce à l’intensification optimale du secteur agricole et à la mise en
place d’une politique d’urbanisation et d’industrialisation adéquate.

La priorité sera accordée aux régions de l’intérieur et aux zones défavorisées à
travers la réalisation de programmes de développement intégré et de programmes
développement urbain qui visent la création d’une dynamique de développement
local, la valorisation du potentiel existant, l’augmentation des créations
d’emplois et l’amélioration des indicateurs de développement humain dans ces
régions.

Dans ce cadre, la stratégie de développement régional comprend la réalisation
des programmes de développement intégré au profit de 100 délégations
prioritaires mettant en valeur leurs richesses humaines, économiques,
culturelles et naturelles et des programmes de développement urbain au profit de
100 zones urbaines visant à améliorer les conditions de vie dans ces zones
seront réalisés, en plus des programmes de développement agricole intégré et de
la mise en oeuvre de la stratégie de développement du Sud tunisien qui vise,
dans le cadre d’une approche intégrée, la valorisation des éléments et des
ressources naturels, le renforcement de l’infrastructure et le développement des
nouveaux créneaux à même d’assurer à aux Gouvernorats du Sud un développement
économique et social pérenne.

Il s’agit d’engager, entre autres, les projets suivants:

– Renforcement des réseaux routiers classés et régionaux et de l’interconnexion
entre les régions de l’intérieur et les régions côtières à travers la jonction
Nord-sud et Est-ouest et le développement du réseau autoroutier…

– Consolidation de l’infrastructure IT à travers l’accélération de la mise en
place des réseaux modernes de communication destinés notamment aux zones des
services, aux zones industrielles, aux complexes universitaires et aux centres
hospitaliers…

– Mise en oeuvre d’un plan Infrastructure Technologique destiné à faire de la
Tunisie un centre technologique, industriel et logistique majeur de la
zone Euro
Ŕ Méditerranée.

– Création de 85 zones industrielles d’une superficie totale de 2820 ha, dont 50
zones dans les régions intérieures. A cela s’ajoute, la poursuite des efforts de
mise à niveau des infrastructures de base à l’intérieur des zones existantes en
vue d’améliorer leurs attractivités et renforcer la compétitivité des
entreprises y opérantes.

– Réalisation de 11 barrages d’eau, création de 23.000 hectares de périmètres
irrigués, amélioration des conditions d’exploitation et d’aménagement de 32.000
hectares, aménagement de 9.000 hectares de périmètres irrigués dans 65 oasis,
réalisation de 7 projets de développement intégrés et des projets de gestion des
ressources naturelles…

Une réforme institutionnelle dans le cadre de la révision du code des
municipalités outre l’introduction des amendements nécessaires au cadre
financier, administratif, humain et règlementaire pour répondre aux exigences de
la nouvelle étape de développement local qui fait appel à un renforcement des
ressources financières communales en prenant en compte la capacité contributive
des assujettis et l’amélioration de la gestion des communes ainsi que
l’assainissement de la situation de surendettement des communes pour préserver
la crédibilité et l’efficacité de l’institution municipale, sera conduite au
cours de la prochaine étape.

Quant à l’aménagement du territoire et eu égard à son aspect transversal et à
l’importance qu’il revêt dans la gestion de l’espace et la répartition des
activités économiques et humaines, ce dernier demeure un outil efficace pour la
réduction des disparités territoriales et le renforcement des fondements d’un
développement durable et équitable.

A cet effet, l’aménagement du territoire assumera pleinement son rôle de
redistribution de la population et des activités et ce en adéquation avec les
orientations stratégiques du développement régional.

De ce fait, l’attention sera accordée à la lutte contre l’extension excessive
des villes et des agglomérations afin de sauvegarder les terres agricoles et de
garantir une allocation équilibrée entre les zones urbaines et rurales d’une
part et le littoral et l’intérieur du pays d’autre part tout en assurant
l’adéquation entre les besoins de développement économique et social, les
équilibres environnementaux et les besoins en commodités, équipements collectifs
et infrastructure de base. Pour ce faire, une bonne gouvernance territoriale
sera poursuivie et des mesures visant la décentralisation et la déconcentration
basées sur une démarche participative et fondées sur la concertation et
l’implication de tous les acteurs de différentes échelles territoriales seront
initiées.

La nouvelle stratégie prévoit également la constitution de réserves foncières et
d’espaces planifiés et aménagés dans toutes les régions tout en utilisant les
nouvelles technologies pour l’observation et le suivi du développement du
territoire.

Parallèlement, dans le cadre du processus de décentralisation régionale, une
série de mesures et réformes visant le renforcement des prérogatives des régions
en matière de développement et assurant la bonne coordination intersectorielle
et l’adéquation entre la planification socioéconomique et la planification
territoriale seront conduites.

De ce fait, il sera procédé à la création des structures techniques
d’aménagement et d’urbanisme pour les grandes agglomérations urbaines et la mise
en place des organes de concertation au niveau des régions. L’objectif est de
créer des pôles urbains régionaux mettant en réseau les ressources et les
compétences locales dans le but de créer une dynamique économique et culturelle
dans chaque région.

Enfin, la stratégie de développement régional présentée ci-dessus suppose une
mobilisation de tous les acteurs régionaux, de l’Etat et des différents acteurs
nationaux pour un développement équilibré entre toutes régions de la Tunisie.