Tunisie – Election de la Constituante : Pour qui voter…

Voilà la question que je me pose depuis un bon moment, avant d’aller se coucher.
Moment où émergent, en effet, toutes les questions qui n’ont pas été résolues,
qui restent enfouies sous les couches de préoccupations du quotidien, mais qui
resurgissent, justement, avant de dormir. Mon inquiétude grandit, quand je pense
que la majorité d’entre nous vit la même chose, selon les sondages au moins.

Voici mon angle d’analyse: Quelle est la priorité aujourd’hui dans ce pays?
Connaît-on ces priorités? Sait-on que proposent tel et tel parti ou liste? Mais
surtout, a-t-on les outils (intellectuels) pour comprendre ces propositions… du
moins pour dénicher les vraies propositions cohérentes, pertinentes et
réalisables, des discours à dormir debout, d’individus complètement
opportunistes, qu’ils soient de mauvaise ou de bonne foie, et qui ne savent pas
du tout ce qu’est une politique économique, ce qu’est gouverner un pays, ce
qu’est faire des réformes, etc.?

Individus qui pullulent sur nos télés, très mauvais communicateurs pour la
plupart, et qui ne font que dégouter les gens de la politique, avec leurs
discours langue de bois à dormir debout (je sais qu’il y a des répétitions mais
c’est exprès, parce que vraiment c’est à dormir debout, ça agit comme un
somnifère…). Mais pire que de dégouter les gens, on finit par les désorienter de
plus en plus.

Quelle est la priorité aujourd’hui?

Pour quelles raisons les gens ont arrêté d’avoir peur et sont sortis crier dans
la rue “Ben Ali Dégage! Pour l’emploi. Pour un salaire décent. Pour un coût de
la vie moins cher. Pour avoir droit à un minimum de bien-être, et de qualité de
vie. Merci de me corriger si je me trompe…

Comment créer des emplois? Est-ce que l’Etat… peut créer des emplois? OUI bien
sûr. Mais sont-ils stables et pérennes et peuvent-ils survivre dans le cadre
d’une économie aussi concurrentielle? Ce n’est pas certain, pour ne pas dire NON
tout court.

Regardons les expériences des voisins, et des pays où la gauche a créé des
emplois (1 million d’emplois à l’époque Jospin, en France) pour satisfaire la
rue… la majorité de ces emplois n’ont pas survécu, plus de 2 ou 3 ans. Voilà
comment faire de la politique clientéliste, comme on donne un bonbon à un
enfant. C’est sucré, mais ça ne rassasie pas. Il aura faim très vite après.

Est-ce que je suis en train de dire que toutes les propositions et plans
économiques des partis, dits de gauche, ne peuvent être pertinents? Non loin de
là. Mais ouvrons bien les yeux, regardons le fond des propositions, pour
discerner les politiques réellement viables, de celles en carton. Tony Blair, en
Angleterre, qui fut le candidat du Parti travailliste, membre de
l’internationale socialiste, dit que: «Nous sommes un parti de la gauche du
centre, poursuivant la prospérité économique et la justice sociale comme
partenaires et non comme opposées» (2001), et «il n’y a pas de politique
économique de droite ou de gauche, il y a des politiques économiques qui
marchent et d’autres qui ne marchent pas» (2002). Il a remporté trois élections
successives dans son pays.

Ma plus grande peur, c’est que la majorité d’entre nous aille voter pour les
candidats les plus charismatiques, ceux qui inspirent à chacun de nous, selon sa
propre sensibilité, le plus de confiance. D’où, d’ores et déjà, l’envie
grandissante de voter pour des indépendants, des gens de nos villes et de nos
quartiers, que nous connaissons bien, et dont nous pensons qu’ils ne vont pas
nous trahir. Mais le monde n’est pas fait juste de bonne volonté.

Ma plus grande peur c’est que les nouveaux décideurs du pays se mettent à
redistribuer une richesse… qu’on n’a pas, devenir dépensiers comme le sont
aujourd’hui les ex-grandes puissances que sont la France, l’Allemagne, etc. Pays
qui ne sont plus de grandes puissances, car croulent sous les dettes, du fait de
ces dépenses publiques (qui veut en effet l’équité): une allocation chômage pour
tout le monde, des aides au logement, etc. Des pays qui ne créent pas de
richesse suffisante pour cette entreprise.

Ouvrir le robinet de l’Etat, s’endetter à tout va, pour faire plaisir à la rue
qui veut tout, tout de suite, c’est de la lâcheté. Et du clientélisme politique.
Excusez-moi du terme.

Il faut surtout créer la richesse, pour ensuite la distribuer équitablement…

Il faut des politiques économiques agressives, pour ramener les grands capitaux,
faire des investissements d’une autre taille, et d’une autre orientation aussi,
que les usines de loi 72 que nous avons ici et là. Il faut une refonte totale et
sans concession de l’appareil de l’Etat, pour éliminer les dépenses inutiles. Il
faut une réforme radicale du système éducatif, pour arrêter de fabriquer des
théoriciens, mais éveiller les talents, perfectionner des compétences, à valeur
ajoutée réelle, marchande. Il faut revoir cette fiscalité si lourde, si désuète,
etc.

Vous me direz que c’est un point de vue, oui, c’en est un…

L’économie est une science, quand même. Pas exacte, oui volontiers…mais quand on
regarde les expériences de par le monde, on peut discerner les pratiques et
politiques économiques gagnantes, et les «benchmarker», les copier. C’est pas
sorcier.

Ou alors faire la révolution totale! Mais ça va être dur à mon avis, quand on
est juste une dizaine de millions… parmi six milliards! Bien sûr que l’on
voudrait que tout le monde soit beau et heureux, que l’on soit «libéré» du
pouvoir de l’argent, et de la société de la consommation… (dixit l’extrême
gauche), mais en attendant, ma femme de ménage, dont le mari a été licencié de
l’usine qui a fermé, elle, ne mange pas tous les soirs. Et son souci de la
journée, c’est comment gagner le repas de demain. Acheter un fruit serait un
bonheur et un luxe si rare…

Alors faisons NOTRE révolution, intelligemment, avec et dans les règles du jeu…
de l’économie mondiale.