à Lesquin dans le nord de la France le 29 juillet (Photo : Philippe Huguen) |
[09/09/2011 10:19:03] LESQUIN (Nord) (AFP) Il a commencé par vendre des montres LCD en 1981 sur les marchés du nord de la France, au grand dam de ses parents qui lui avaient payé des études d’ingénieur: aujourd’hui, Alain Falc dirige “le” spécialiste français des accessoires pour jeux vidéo BigBen Interactive.
Etre dirigeant d’entreprise, “c’est le job de ma vie, mon premier et seul emploi”, raconte d’une voix effacée cet homme de 53 ans, mèches brunes sur teint pâle et visage émacié.
La bosse du commerce, ce PDG flottant presque dans son costume noir et blanc, la tient de ses parents, petits commerçants dans l’est de la France.
Eux qui gagnent durement leur vie en vendant des tricots sur les marchés, rêvent pour leur fils d’une carrière dans un grand groupe industriel. Ils lui paient donc des études d’ingénieur à Lille.
Mais Alain Falc ne suivra pas cette voie: il crée sa société avant même d’avoir son diplôme d’ingénieur en poche, en 1981.
“Ca a commencé comme un job de vacances, vendre sur les marchés les montres à cristaux liquides, c’était alors le début de cette mode”, se souvient-il. Très rapidement, il se met à la vente en gros, en s’approvisionnant en Belgique, puis directement à Hong Kong.
La société BigBen, en référence à la fameuse horloge de la capitale britannique, est née. Du côté des parents, c’est l’incompréhension. “Ils s’entêtaient à m’envoyer des offres d’emploi pour des postes d’ingénieur découpées dans les journaux”, sourit Alain Falc.
La société, implantée à Lesquin près de Lille (Nord), fait alors un premier bond, multipliant son chiffre d’affaires par plus de 300 en dix ans.
Mais la concurrence se fait sentir, puis arrive la rage des Swatch et les montres à LCD sont remisées dans les fonds de tiroirs.
C’est la première traversée du désert pour BigBen, jusqu’à la prochaine intuition de son patron, au milieu des années 1990: les jeux vidéo, dont il devient un importateur depuis les Etats-Unis et le Japon.
“Je me suis vite dit +il faut aussi qu’on conçoive des accessoires, c’est bien plus profitable. On s’est lancé dans les manettes, et dès 1997-1998 on était les leaders en France”, selon Alain Falc.
En plein essor, la société est cotée en Bourse et ouvre des filiales en Allemagne, au Benelux et à Hong Kong. Son chiffre d’affaires connaît une croissance exponentielle, à l’unisson avec la bulle internet.
En 2001, avec près de 300 millions d’euros de ventes et 450 employés, BigBen s’est mué en petite multinationale.
Mais d’un coup tout s’effondre: entre 2003 et 2006, ses ventes sont divisées par cinq. “On avait grossi trop vite et j’avais un peu perdu le contrôle, notamment des filiales”, reconnaît Alain Falc, qui a dû licencier en masse “pour survivre” pendant ces trois années, “les pires de ma vie”.
“Les portes se fermaient partout. J’ai mis très longtemps à regagner la confiance des banques”, se rappelle-t-il.
Cinq ans plus tard, BigBen a retrouvé une bonne santé financière et 170 employés. Il a pu avaler cet été Modelabs, spécialiste français des accessoires pour téléphones portables, pour quelque 90 millions d’euros.
Ceci permettra d’enrichir la palette d’accessoires estampillés BigBen, du pistolet plus vrai que nature pour les jeux de combat au vélo d’appartement à brancher sur console, pour se retrouver dans épreuves et paysages virtuels.
Son patron, lui, a gardé sa passion pour les joujoux électroniques et passe encore beaucoup de temps à arpenter les usines de ses sous-traitants en Chine, pays qu’il connaît depuis trente ans.