Système monétaire : Strauss-Kahn proche des propositions de Sarkozy au G20

photo_1297362819244-1-1.jpg
évrier 2011 à Washington (Photo : Mandel Ngan)

[10/02/2011 18:34:23] WASHINGTON (AFP) Le directeur général du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn s’est montré jeudi proche des propositions de la France au G20 pour réformer le système monétaire international, dont il a reconnu les défauts plus clairement qu’il ne l’avait jamais fait.

Lors d’une conférence au siège du FMI sur le sujet, il a fait un diagnostic qui ressemble à celui du président français Nicolas Sarkozy: le système monétaire est au coeur des problèmes économiques du monde, et il mérite d’être réformé.

“Quand nous nous inquiétons des défauts du système monétaire international, nous nous inquiétons principalement de la volatilité: une perception selon laquelle la monnaie parfois circule à travers la planète d’une manière trop volatile et que les pays ont besoin d’un environnement extérieur plus stable, plus prévisible, afin de prospérer”, affirmait-il dans son discours écrit. Il n’a toutefois pas prononcé cette phrase.

“Les déséquilibres mondiaux sont de retour. Des flux de capitaux vastes et volatils, des pressions sur le taux de change, des réserves en excédent qui croissent rapidement: tout cela est revenu sur le devant de la scène”, a-t-il dit.

“Je suis convaincu que si on les laisse sans solution, ces problèmes pourraient semer les graines de la prochaine crise”, a prévenu le dirigeant du FMI.

Ce constat légitime les ambitions de la présidence française du groupe des pays riches et émergents du G20, qui souhaite parvenir lors d’un sommet en novembre à des avancées pour stabiliser un système monétaire mondial très hétérogène.

Quant aux propositions concrètes, MM. Strauss-Kahn et Sarkozy avancent vers un terrain d’entente.

Le FMI a publié jeudi un rapport sur les moyens d’accroître le rôle des Droits de tirages spéciaux (DTS), actif quasi monétaire créé en 1969 pour servir de réserve international à côté de l’or et du dollar. Son avantage est sa stabilité, puisque sa valeur est fonction des cours de quatre monnaies (dollar, euro, livre, yen).

L’idée a été fraîchement accueillie au conseil d’administration du FMI, lorsqu’il en a discuté le 28 janvier. Selon un compte le compte-rendu de cette réunion publié jeudi, “beaucoup sont restés peu convaincus à ce stade par l’idée qu’il y a un rôle essentiel à jouer pour les DTS” dans le processus de stabilisation du système monétaire.

Plus prometteuse peut-être est l’idée de mettre de l’ordre dans les contrôles de capitaux. Certains pays du G20 n’en ont pas ou pratiquement pas (les Etats-Unis, la zone euro), d’autres ont adopté des mesures ponctuelles (le Brésil, la Corée du Sud), et d’autres ont des contrôles très sévères (la Chine).

M. Sarkozy parle de “code de conduite”, M. Strauss-Kahn de “code de la route”.

“Nous travaillons sur ce qui pourrait se faire légitimement, ce qui est plus problématique, comment on gère dans une situation nouvelle ces afflux de capitaux. Donc nous allons dans un avenir proche apporter quelques idées concrètes”, a promis le directeur du Fonds.

A l’en croire, les bases du système de l’étalon-dollar devraient cependant rester établies.

“La France ne souhaite pas remettre en cause le dollar qui joue un rôle éminent et doit être une monnaie forte”, avait signalé M. Sarkozy.

“Il faut essayer d’améliorer les choses, ce qui en aucune manière ne signifie remplacer une monnaie –et le dollar certainement pendant les décennies à avenir– par les DTS, mais juste tenter d’aider le système à mieux fonctionner”, a répondu M. Strauss-Kahn.

Il a appelé aussi à ne rien précipiter: “nous ne pouvons assurément évoluer que progressivement, juste essayer d’ajouter des éléments utiles à un système qui finalement n’a pas marché si mal. Il est certain qu’il doit évoluer, mais il doit le faire à un rythme qui n’engendrera pas de perturbations”.