Le marché de la musique en baisse en 2010 malgré le numérique et Hadopi

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à Cannes (Photo : Valery Hache)

[24/01/2011 17:07:54] CANNES (AFP) Les ventes de disques ont reculé en 2010 en France pour la huitième année consécutive, malgré l’essor du numérique et le lancement de dispositifs gouvernementaux comme la loi Hadopi de lutte contre le téléchargement illégal ou la carte musique.

Le marché de gros de la musique enregistrée a baissé de 5,9% en 2010, totalisant 554,4 millions d’euros, selon les chiffres publiés lundi par le Syndicat national de l’édition phonographique (Snep).

Le marché physique (ventes de CD et de DVD) a poursuivi son déclin, avec un chiffre d’affaires en baisse de 8,9%, à 466,3 millions d’euros.

En fin d’année, où se concentre une forte partie de l’activité, les ventes en magasins ont été affectées par les grèves et les intempéries, a noté le principal syndicat de producteurs lors d’une conférence de presse au Midem, à Cannes.

Les ventes numériques ont poursuivi leur progression cette année, avec une hausse de 14,1%. Le marché numérique, qui a totalisé 88,1 millions d’euros, représente désormais 16% du chiffre d’affaires du secteur.

Au sein de ce segment, la bonne nouvelle est venue des abonnements à des services de musique en ligne, qui ont explosé de 60,5% sur l’année.

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écoute de la musique au salon MIDEM le 24 janvier 2011 à Cannes (Photo : Valery Hache)

Ce résultat est en grande partie dû au succès de l’offre lancée mi-août par l’opérateur Orange et le site de streaming Deezer. Sur les 600.000 abonnés à des services de musique en ligne comptabilisés à la fin de l’année, 500.000 étaient des clients d’Orange/Deezer.

Pour le marché du disque, les abonnements ont représenté un chiffre d’affaires de 14,6 millions d’euros en 2010 et “on anticipe une très forte croissance en 2011”, a souligné le président du Snep, Denis Ladegaillerie.

Les revenus issus des sites de streaming financés par la publicité ont également progressé de 8,3%, mais cette hausse ne représente qu’un gain de 0,8 million d’euros, montrant que “ce type de modèle commence à trouver ses limites”, selon le Snep.

Le téléchargement a également progressé. Sur ce segment, les ventes en gros ont augmenté de 19,6% sur l’année à 47,4 millions d’euros. 95% des singles et 10% des albums vendus sont désormais téléchargés.

Avec cette huitième baisse du marché du disque depuis 2002, “force est de constater que les dispositifs (lancés pour soutenir le marché, ndlr) n’ont pas eu l’impact souhaité”, a estimé le président de l’Union des producteurs français indépendants (UPFI), Stéphan Bourdoiseau.

L’Hadopi, dont l’adoption législative remonte à fin 2009 mais qui n’a commencé à envoyer des messages d’avertissement qu’au dernier trimestre 2010, “n’a pas à ce jour d’impact significatif sur les revenus de la filière”, a-t-il noté. Un bilan du dispositif, qui est soutenu par la filière, ne pourra être dressé que dans un an, a-t-il précisé.

La carte musique, qui s’est vendue à 50.000 exemplaires depuis fin octobre, “n’a pas non plus eu l’impact souhaité”, a-t-il ajouté.

Le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, a indiqué dimanche que le dispositif allait être amélioré. Selon un sondage du Snep, cette carte n’est bien connue que par 5% des consommateurs de musique en ligne.

Plus globalement, “il est encore difficile d’avoir une visibilité sur le moment à partir duquel l’ensemble du marché retrouvera de la croissance”, a estimé M. Bourdoiseau.

Face à ces incertitudes, les producteurs ont réitéré leurs demandes d’un renforcement du crédit d’impôt à la production phonographique et alerté les pouvoirs publics sur l’absence de diversité musicale à la radio et à la télévision.

Sur le site du Snep