Les ingénieurs appellent à la mobilisation pour protéger la Tunisie

Par : Tallel

Chers amis et collègues,

Pourquoi nous les ingénieurs sommes absents du débat qui agite la scène publique, au moment où les autres catégories socioprofessionnelles sont en train de monter au créneau? Ne sommes-nous pas en phase de rater un tournant historique au travers duquel on aurait pu renforcer notre citoyenneté, et contribuer à l’orientation des évènements dans le sens qui sert au mieux l’intérêt de la nation? Ne sommes-nous pas concernés au premier plan par l’avenir de notre pays qui se joue en ce moment?

Faut-il rappeler que l’étincelle qui a fait éclater la colère du peuple tunisien trouve ses origines d’abord dans les phénomènes du chômage et du sous-développement. Ceci n’est-il pas suffisant pour que les ingénieurs se positionnent dans ce débat et affirme leur présence?

La Tunisie traverse une phase critique sans précédent. D’un côté, une révolution populaire qui ouvre de vraies perspectives aux Tunisiens pour instaurer une vraie démocratie, un développement équitable et plus de dignité à tous les citoyens. De l’autre côté, nous vivons de nos jours une sorte d’anarchie et une démission des voix qui appellent à la raison.

Nous devons tous être vigilants pour que cette révolution ne soit pas sabordée. La Tunisie doit sortir de cette crise plus forte économiquement, socialement et politiquement.

Ceci ne peut se réaliser que lorsque cette phase de transition est gérée dans une ambiance de sérénité de débat franc, constructif, et ouvert à toutes les forces vives. Sans cela le pays risque de sombrer dans le chaos, la révolution sera avortée et le peuple tunisien aura, dans ce cas, donné le mauvais exemple et aura servi d’alibi pour les autres régimes politiques pour continuer à réprimer leurs peuples.

Voilà que les Tunisiens se réveillent avec une lourde responsabilité, non pas uniquement vis-à-vis d’eux-mêmes, mais aussi vis-à-vis de tous les peuples qui cherchent à suivre leur exemple.

Nous devons reprendre le travail qui est le seul garant contre toutes les dérives. Les médias nous rapportent que des entreprises étrangères pensent sérieusement à délocaliser leurs activités en dehors de la Tunisie. Des collègues ingénieurs rapportent qu’ils ont vu des marchés et des commandes annulés à cause de l’incertitude qui prévaut sur la stabilité du pays.

Les ingénieurs ont un devoir historique de sortir de leur silence pour exprimer cette voix de la raison. Il est légitime que, dans cette ambiance de déchaînement, les gens qui ont été éduqués dans la dignité et dans le respect de soi, préfèrent se retrancher dans le silence en vue de ne pas s’exposer à l’agressivité verbale .Ce besoin légitime doit passer en seconde priorité face aux enjeux et défis, voire dangers auxquels notre pays fait face.

C’est pour cette raison que nous devons tous, adultes, jeunes, femmes et hommes, quelles que soient nos positions dans la société, rompre le silence et exprimer de façon pacifique, sereine notre voix et identifier des formes d’expression pour manifester notre solidarité avec le peuple tunisien et mettre notre intelligence et savoir-faire au service de notre pays.

 

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