Après exactement un mois de l’immolation par le feu de Mohamed Bouazizi, une
nouvelle Tunisie et née. Malgré la terreur et la crainte, plusieurs ont regagné,
ce 17 janvier 2011, leurs boulots. Plusieurs commerces, cafés, boulangeries,
restaurants, ont ouvert leurs portes; et le transport public a repris son
activité bien que lentement. La Tunisie commence peu à peu à retrouver son
activité normale bien que la vigilance soit de mise, surtout que des tirs de
balles sont entendus encore dans certains quartiers. Mais ceci montre que la
panique qui a caractérisé ces derniers jours n’a pas su prendre le dessous sur
la volonté des Tunisiens.
Ce matin, on s’est réveillé sur un paysage impressionnant. Dans tous les
quartiers, des barrages ont été construites par les habitants, qui veillaient
tard la nuit à la protection de leurs maisons et de leurs biens. Une
mobilisation hors du commun qu’on aurait mal imaginé auparavant. Le déploiement
des forces militaires dans les zones sensibles continue et les campagnes
d’arrestation se poursuivent.
Les destructions et pillages qui ont perduré trois jours durant -et continuent
encore-, ont provoqué l’indignation et ont renforcé une union qui n’était pas
prévisible. Sur Facebook et Twitter, les appels à la mobilisation générale se
sont multipliés. Entre info et intox, on appelle à la vigilance. Le doute et la
crainte ne se sont pas dissipés surtout avec l’attente de l’annonce du nouveau
gouvernement d’union nationale. Il faut dire que tout s’est joué en peu de
temps. En quatre jours seulement, la Tunisie n’est plus ce qu’elle était. On se
réjouissait bien d’être un pays où on nous disait que la sécurité règne et la
sérénité se répand. Mais il s’est avéré que nous étions en proie à des milices
armées sans foi ni loi. Le président déchu nous a bien trompés durant ses 23 ans
de règne sans partage.
Mais le plus important c’est que le peuple tient désormais en mains son avenir.
Les langues se sont enfin libérées. Le retour à l’arrière n’est plus admissible.
La reprise économique ne pourra se faire sans une mobilisation générale dans la
reconstruction du pays et surtout dans un retour à la normale de l’activité
économique. Un retour qui aura l’avantage de dissiper la crainte et de faire
face à la panique qui s’est emparée du pays durant ces derniers jours. Les
opérateurs économiques devront plus que jamais œuvrer à la reconstruction du
pays. Mais faudrait-il faire attention aux héritiers de l’ancien régime qui ont
prêté main forte à la famille Trabelsi, et n’ont pas hésité à les soutenir, afin
de servir leurs propres intérêts. Plusieurs d’entre eux se sont prononcés et ont
changé de cap, dès que Ben Ali a pris la fuite.
En ce moment même, une manifestation est en train de se passer contre le
Rassemblement Constitutionnelle Démocratique. Cette manifestation a été dénoncé
par plusieurs personnes sur les réseaux sociaux, y voyant une tentative de
déstabiliser le pays alors qu’on est encore en état d’alerte et que les milices
armés se déploient dans nos rues. L’heure est-elle à la discorde maintenant? Ne
devrions-nous plutôt pas actuellement assurer la sécurité et la stabilité du
pays?
Le nouveau gouvernement qui sera prononcé, dans les heures qui viennent, aura la
tâche rude. Le plus dur à réaliser serait de retrouver la confiance du peuple,
qui ne pourra se concrétiser sans le retour de la sécurité et la présentation
d’agenda politique, économique et social, pour le moins réalisable aux yeux des
Tunisiens. La cohésion nationale ne se fera pas aussitôt, avec des partis de
l’opposition –reconnus par le pouvoir- qui ont été toujours absents de la scène
politique, affichant leur loyauté au régime de Ben Ali. En attendant…