Tunisie-ISET : Les enseignements supérieurs professionnels courts

Par : Tallel

Cette deuxième partie fait état des perspectives, du plan d’actions, et des
forces et faiblesses des ISET en Tunisie.

Les perspectives

La Tunisie compte actuellement 22 ISET et souhaite porter ce nombre à 27 à
l’horizon 2006. Le nombre d’étudiants devrait passer de 30.000 en 2004 à 47.000
en 2008 tandis que le nombre de diplômés par an devrait passer de 4 200 en 2004
à 12.000 en 2007.

Cette augmentation projetée des effectifs amène à relever plusieurs défis. Ils
sont les suivants:

• maintenir les acquis du système au niveau du rendement, de l’image des ISET,
de l’intégration sur le marché du travail et de l’évolution professionnel des
diplômés;

• renforcer le partenariat avec le milieu économique et l’ancrage régional;
• améliorer le pilotage et la gestion afin de veiller à l’homogénéité du réseau
des ISET.

Le plan d’actions

Le plan d’actions élaboré comporte plusieurs volets.

Concentrer les activités des ISET existants: Cette concentration doit permettre
de mieux répondre aux compétences demandées mais aussi de mettre en place de
nouveaux modes de formation, notamment les formations en alternance.

La volonté du gouvernement est d’introduire davantage de souplesse dans les
cursus et de les faire évoluer dans une approche LMD.

Le souhait est de multiplier les actions de formation continue, mais aussi
d’impliquer davantage les ISET dans la mise en place des pépinières
d’entreprises.

Cette concentration des activités des ISET doit aussi passer par le
développement de plates-formes technologiques et de pôles de compétences au
niveau régional. Elle exige également le renforcement des ressources propres de
ces établissements.

Améliorer le fonctionnement interne des ISET: L’amélioration du fonctionnement
des ISET passera par la mise en place de projets d’établissement. Il est
souhaité que les ISET jouissent d’une plus grande autonomie et que davantage de
responsabilités soient confiés aux départements.

Il est également souhaité d’activer l’unité de stages et de suivi des diplômés.

Améliorer la qualité et développer la culture de l’évaluation: Le ministère a la
volonté de mettre en place des procédures de management de la qualité et
développer l’évaluation interne et externe des établissements.

Plusieurs ISET se sont déjà lancés dans une telle procédure et le souhait est
désormais de pouvoir généraliser l’utilisation de ces outils d’évaluation et de
«benchmark» de la qualité dans tous les établissements.

Encadrer et responsabiliser les étudiants: Il est envisagé d’encadrer et de
conseiller les étudiants concernant leur projet professionnel, notamment en leur
proposant des sessions de formation aux techniques de recherche d’emploi et de
création d’entreprises. Sera également recherchée une responsabilisation des
étudiants par leur implication dans l’organisation d’activités de rayonnement de
leur établissement.

Améliorer le fonctionnement du réseau des ISET: Il est prévu de développer des
plans d’actions en collaboration avec les chefs d’entreprise et leur
organisation professionnelle (l’UTICA et ses fédérations sectorielles) afin de
mieux anticiper les besoins des entreprises et des secteurs.

Développer la pédagogie numérique: Pour ce faire, il est prévu de former les
enseignants aux NTIC et à l’innovation pédagogique, plus généralement ainsi que
de créer une base de données de supports numérisés.

Forces et faiblesses

a) Les deux innovations introduites par le système des ISET se révèlent à
l’usage être de grandes forces. Elles sont rappelées ci-dessous:

– La durée de la formation de cinq semestres permet

– L’existence de deux entrées, l’une en septembre et la seconde en février qui
offre aux bacheliers de l’année en cours ainsi que ceux des deux années
précédentes la possibilité d’intégrer ce système de formation dans le cas où ils
ne sont pas satisfaits par leur orientation initiale.

– D’employer le dernier semestre essentiellement au projet de fin d’études.
– La mise en place d’un système d’évaluation et de passage semestriel ce qui
permet de réduire les échecs.

– La création d’un corps d’enseignants technologues qui compose l’essentiel des
enseignants des ISET a créé une dynamique spécifique enviée des autres filières
d’enseignement supérieur. Leur promotion diffère de celle des enseignants
chercheurs, leur recrutement et leur avancement reposant à la fois sur des
critères pédagogiques, scientifiques et technologiques.

On peut y adjoindre que les textes qui régissent les ISET prévoient que les
professionnels puissent intervenir dans la formation, essentiellement pratique,
à hauteur de 25 à 30%.

b) Les faiblesses se résument en trois points:

– Le corps enseignant est encore jeune et a besoin d’encadrement et de maîtrise
des nouveaux concepts technologiques.

– Le partenariat avec l’entreprise est embryonnaire, ponctuel et pointu, ce qui
ne permet pas encore une implantation de la recherche appliquée et la
recherche&développement qui permette l’épanouissement des enseignants
technologues.

– La qualité des enseignements dispensés dans le réseau ISET nécessite une
attention particulière afin que les compétences des diplômés puissent répondre
aux attentes de l’employeur.

En conclusion, voici trois pistes de réflexion qui portent sur les liens à
tisser avec le milieu institutionnel, le contenu des formations et les besoins
des entreprises.

En termes institutionnels, il faut reconnaître que les ISET ont su trouver leur
place dans le paysage éducatif tunisien. Cet exemple réussi démontre qu’il est
important que les filières de l’ESPC s’inscrivent dans les parcours de
l’enseignement supérieur. Ces filières doivent entretenir de bonnes relations
avec les universités: ces deux dispositifs sont, en définitive, complémentaires.

Ces filières doivent également entretenir de bonnes relations avec le milieu
professionnel et jouir d’un ancrage régional.

En termes de contenu de formation, les filières de l’ESPC doivent proposer une
offre de formation qui permettra aux étudiants de choisir leurs parcours: soit
en poursuivant des études supérieures, soit en accédant directement au marché du
travail.

En termes de demande de formation et de besoins, la question est de savoir si la
filière courte doit être pilotée par une demande sociale ou par la demande des
employeurs. Cette question est difficile à trancher. Pour sa part, la Tunisie
s’est engagée à répondre à la demande de formation considérant que la prise en
compte exclusive des besoins des entreprises est un schéma qui présente ses
limites. Cependant, le fonctionnement optimal de ces structures exige également
de sécuriser leur financement et de s’assurer de la qualité des formations
délivrées.