Tunisie-BAD : L’Afrique pourrait-elle réduire sa dépendance de l’aide internationale?

bad-0511-1.jpgAfin de réaliser une vision africaine pour le développement, de se pencher sur le potentiel des relations économiques sud-sud  et de définir les principes et les engagements qui régiront l’aide des pays du nord dans les prochaines années, le Groupe de la B.A.D, en coopération avec l’Agence de Planification et de Coordination du N.E.P.A.D  a organisé, du 4 au 5 novembre 2010, à l’hôtel Sheraton, à Tunis, « La Deuxième Réunion Régionale sur l’Efficacité de l’Aide », prélude, nous dit-on, à la préparation de l’ordre du jour du quatrième Forum de Haut Niveau sur l’Efficacité de l’Aide  (FHN-4) dont les assises se tiendront au mois de novembre 2011 à Busan, en Corée du Sud, l’un des plus grands pays compétiteurs de la galaxie marchande pour la séduction et le ralliement, d’un continent, théâtre de toutes les promesses, de tous les miracles, assure Jacques Attali, éminence grise élyséenne pendant le long règne de la Mitterrandie, qui n’hésite pas d’ailleurs à lui prédire, dans toutes ses interventions internationales, le statut de principal acteur géopolitique des deux derniers tiers du XXIème siècle.

Au fait, nous avons assisté, pendant deux jours, à un événement consultatif africain, animé d’une manière professionnelle par M. Amadou Mahtar Ba, facilitateur et chef de la direction d’Africa Media Initiative, qui a supervisé l’agencement des sessions de style « Davos », axées sur les résultats en matière de développement, les interventions ciblées de conférenciers chevronnés, faiseurs d’opinion sur la scène régionale et le concours des panélistes des six tables rondes, qui ont eu l’occasion de discuter entre eux et avec les invités de la BAD d’une série de thèmes importants relatifs au financement du développement durable, à l’évolution de la coopération entre l’Afrique et les pays du BRIC (Brésil, Inde, Russie et Chine), aux stratégies nationales pour un soutien plus efficace à l’intégration régionale, au réseautage et à la promotion des relations d’apprentissage avec les expertises des principales places marchandes de la planète et à la problématique de l’interface des O.N.G de la société civile avec les gouvernements en place.

Dans son discours de bienvenue, Monsieur Donald Kaberuka, président du Groupe de la Banque Africaine de Développement, a appelé l’assistance à réfléchir sur l’importance de la complémentarité économique des pays à revenu intermédiaire (PRI) avec le continent noir, les impératifs d’un partenariat, fondé sur la rentabilité, l’horizontalité et le respect des valeurs avec les nouveaux pôles émergents de la mondialisation et la portée des grandes mutations de l’architecture du développement mondial, orienté, grâce aux principaux acteurs de la globalisation, vers un modèle de croissance de plus en plus intégré.

Notre interlocuteur a  mis en exergue les avantages pratiques de l’Afrique dans le maillage institutionnel dans le cadre de la collaboration et de l’entraide sud-sud, citant au passage l’exemple du Kenya, lié à 17 pays africains par des accords de coopération en matière de gestion de la foresterie sociale, de l’Egypte, qui appuie l’Ouganda dans sa lutte contre la mauvaise herbe aquatique, celui du Nigéria, dont un Corps de l’aide technique est présent en Ethiopie, au Sierra Leone et à Belize. Il s’agit, insiste le président de la BAD, de multiplier ces initiatives dans le cadre de la création de la culture du résultat, de redoubler d’efforts pour rendre les systèmes financiers africains plus efficaces, efficients et transparents, selon les normes internationales et d’encourager le commerce intra-régional, facteur de stabilité, d’équilibre, de canalisation et d’harmonisation procédurale.

De son côté, Monsieur Ibrahim Mayaki, directeur général de l’Agence de Planification et de Coordination du NEPAD, après avoir évoqué l’enchevêtrement complexe des différents niveaux de responsabilité, qui interviennent en matière d’aide au développement, a parlé du renforcement du contrôle parlementaire sur le processus budgétaire, du rôle de la société civile, considérée comme une source utile de retour d’information sur les attentes de la population, de la tendance de certains pays africains à taire leurs critiques à l’égard des donateurs par peur d’hypothéquer leur appui et des réformes de l’architecture de l’aide au niveau national et international afin d’appuyer, dit-il, la responsabilisation pour les pratiques liées à l’aide et aux résultats en matière de développement.

Finalement, tout au long des débats, des interventions des uns et des autres et des sujets abordés pendant les tables rondes, l’assistance a pu saisir combien l’Afrique, en quête d’elle-même, longtemps assujettie, est au cœur des préoccupations d’un monde multipolaire en gestation, dont les principaux pôles rivalisent d’ardeur pour lui faire les yeux de Chimène.

Il appartient aux dirigeants du continent, affirment des experts présents au conclave, de se concerter davantage pour évoluer vers la fin de l’aide et promouvoir une approche ascendante du développement.