Production de pommes : optimisme pour 2010 malgré une filière en difficulté

photo_1285084462934-1-1.jpg
à Paris, lors d’un “marché solidaire” organisé par une cinquantaine de producteurs de fruits et légumes (Photo : Bertrand Guay)

[21/09/2010 17:00:49] PARIS (AFP) Après une année difficile en 2009, les producteurs de pommes sont plus optimistes pour 2010 grâce à des prix qui devraient remonter, ce qui n’empêche pas la filière française de perdre du terrain sur le marché mondial de la pomme où elle a été l’un des leaders.

La récolte de pommes devrait approcher 1,6 million de tonnes, en repli de 5% par rapport à celle de l’an dernier, a annoncé mardi Daniel Sauvaître, président de l’association nationale pommes-poires (ANPP).

Ces estimations pourraient être revues à la baisse, -6% à -7%, la cueillette ne s’achevant que fin octobre ou début novembre, a prévenu le responsable de cette association qui regroupe les deux tiers des producteurs français.

La récolte 2010 est en fait en chute sur toute l’Europe d’environ 10%, et surtout en Pologne, premier producteur européen, ce qui devrait favoriser une remontée des prix, a expliqué M. Sauvaître.

Cette hausse attendue représente une bouffée d’oxygène pour la majorité des arboriculteurs, confrontés en 2009 à une année très difficile en raison d’une récolte florissante qui a entraîné un effondrement des prix.

photo_1285088400488-1-1.jpg
écolte de pommes en France de 2008 à 2010 avec répartition par variété en 2009

Pour 2010, les producteurs ont “vraiment l’espoir de dépasser leurs prix de revient” alors que l’an dernier ils avaient du vendre à perte, entre 15 et 27 centimes le kg, contre des prix de revient évalués entre 35 et 37 centimes le kg.

Pour le consommateur, les prix devraient augmenter en 2010 d’une trentaine de centimes le kilo, les pommes atteignant ainsi un prix moyen au détail de 1,80 à 1,90 euro le kg.

Avec cette récolte, les producteurs de pommes se lancent dans une offensive de charme auprès des consommateurs à qui ils veulent “donner envie” d’acheter “des pommes cueillies à la main, cultivées en France et que l’on mange sans avoir à les éplucher”.

Le but est aussi et surtout “de maintenir les vergers et les emplois qui vont avec”, soit 40.000 salariés temps plein, a souligné de son côté le député UMP Jacques Remiller, président du groupe d’études sur les fruits et légumes à l’Assemblée nationale.

“L’hiver dernier nous avons perdu 1.500 ha de vergers, soit 4% de la totalité de la surface en raison des difficultés des agriculteurs”, a déclaré à l’AFP M. Sauvaître. Selon lui, cette tendance devrait se poursuivre dans les mois à venir en dépit d’une amélioration des prix.

Depuis 10 ans, la France ne cesse de perdre du terrain face à la “concurrence effrénée” d’autres pays. A l’instar de représentants d’autres filières agricoles, M. Sauvaître dénonce le “problème de compétitivité” de la France, handicapée, selon lui, par des coûts salariaux élevés et une réglementation environnementale sévère.

Avec quelque 2,2 millions de tonnes, les Français étaient les premiers producteurs européens en 2000. En 10 ans, la France a perdu 25% de ses vergers de pommes et se retrouve désormais en troisième position derrière la Pologne (1e) et l’Italie (2e).

La France a aussi été le premier exportateur mondial de pommes, place que lui a désormais ravie la Chine. A elle seule, celle-ci assure près de la moitié de la production mondiale.

Plus grave encore, depuis une dizaine d’années l’Hexagone ne cesse d’augmenter ses importations en provenance de ses voisins belges et italiens ainsi que de l’hémisphère sud (Chili, Argentine, Afrique du Sud, Nouvelle Zélande). Ainsi, de 20 à 30.000 tonnes, les importations sont passées à 150.000 tonnes l’an dernier.