Tunisie – Algérie : Des relations économiques controversées

Il semble que nos voisins algériens ne soient prêts à aucune concession
concernant les restrictions qu’ils ont imposées à certains produits arabes dont
une liste a été établie au début de cette année. Cette liste englobe
actuellement 1.840 produits issus de
la zone de libre-échange arabe. Selon le
journal algérien «Al Khabar», une source bien placée a affirmé que «certains
pays arabes ne montrent aucune facilité en termes d’exemption fiscale ou
douanière, pis encore, ils interdisent carrément l’importation de certains
produits. Nous respectons leurs décisions puisqu’ils visent à protéger leurs
intérêts, cependant, ce que nous refusons c’est qu’on critique l’Algérie
lorsqu’elle a voulu faire de même».

Protectionnisme algérien…

Une déclaration qui montre bien l’insistance des autorités algériennes à
maintenir cette liste «noire» qu’elle impose entre autres à certains produits
tunisiens. L’Algérie maintiendra également le même discours, lors du conseil des
ministres arabes qui se tiendra prochainement en Egypte et sera consacré à
l’évaluation du taux de respect des conventions organisant la zone arabe de
libre-échange par les pays membres. Il est à rappeler que cette réaction des
autorités algériennes est venue suite à l’appel des organisations patronales à
plus de protection du produit national et à une augmentation des capacités
d’exportation des opérateurs algériens.

Depuis l’adhésion de l’Algérie à cette zone en 2009, les exportations
algériennes vers les pays de ladite zone ont diminué de près de 50%, selon les
chiffres du Centre national de l’informatique et des statistiques relevant de
l’administration douanière algérienne. Leur volume serait passé de 246,7
millions de dollars à seulement 124,7 millions de dollars. Pour les
importations, les avantages douaniers ont permis de mobiliser 1,6 milliard de
dollars en 2009, en hausse de 46,6% par rapport à 2008. D’ailleurs, la Tunisie
se positionne comme deuxième fournisseur de l’Algérie avec 347,5 millions de
dollars, précédée par l’Egypte (550,6 millions de dollars) et suivie, au plan
arabe, par l’Arabie Saoudite (166,5 millions de dollars) et la Jordanie (123,9
millions de dinars). Ces mêmes pays dont certains produits ont été cités dans la
liste.

La Tunisie, 2ème fournisseur…

Concernant les dispositions sus indiquées, elles ont été peu appréciées par les
pays concernés, y compris bien entendu la Tunisie, sans oublier les mesures
promulguées en 2009 à l’encontre de l’investissement étranger et qui limitent
considérablement la liberté d’investissement pour les entreprises étrangères. A
ne citer que l’obligation pour les groupes étrangers qui veulent s’associer avec
des entreprises algériennes pour investir dans le pays, de ne pas dépasser 49%
du capital. Ajoutons à cela qu’ils doivent prouver que le projet n’aura pas de
solde négatif dans la balance des devises et doivent recourir aux banques
locales pour les crédits. Pour les sociétés étrangères importatrices, elles sont
obligées d’associer un opérateur algérien dans leur capital à hauteur de 30%.

Des reproches algériens…

Du côté algérien, on considère que les relations économiques entre Alger et
Tunis ne sont pas aussi satisfaisantes, puisque la balance commerciale est
nettement en faveur de la Tunisie. Selon le journal «Le Temps d’Algérie», on
compterait 400 entreprises tunisiennes installées qui opèrent librement sur le
marché algérien. La présence tunisienne est aussi manifeste par le nombre de
commerçants opérant sur le territoire algérien. Selon le centre national du
registre du commerce algérien, la majorité des commerçants étrangers inscrits au
registre du commerce algérien est tunisienne à hauteur de 32% (578 commerçants).
A l’inverse, les conditions des Algériens en Tunisie sont estimées assez
contraignantes. Lors de la visite dernièrement en Tunisie de Halim Benattallah,
secrétaire d’Etat chargé de la Communauté nationale à l’étranger, certains
reproches ont été exprimés concernant la condition de vie des Algériens. Selon
eux, la Tunisie ne respecte pas les accords de coopération bilatérales. On
évoque, ainsi, la quasi-impossibilité du transfert d’argent, les difficultés
d’obtention des cartes de séjour et l’accès à la propriété.

Ces reproches, si ils se vérifiaient, les autorités tunisiennes devraient
apporter des solutions. Il en va de la réussite de la coopération maghrébine,
qui est assez en retard par rapport à d’autres groupements régionaux
stratégiques.

D’un autre côté, il est clair que le protectionnisme algérien menace encore
cette union essentiellement économique. Certaines entreprises tunisiennes qui
ont prévu des investissements en Algérie ont été contraintes de rebrousser
chemin, à l’exemple de
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et de la
BIAT.