Sanctions : les banques des Emirats interrompent les virements vers l’Iran

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ï, le 3 janvier 2010 à Dubaï aux Emirats Arabes Unis (Photo : Karim Sahib)

[05/09/2010 14:09:45] DUBAI (AFP) La plupart des banques basées aux Emirats arabes unis ont récemment interrompu les virements vers l’Iran et les transactions des clients iraniens sont sévèrement surveillées, faisant chuter le volume des échanges entre Dubaï et Téhéran, selon des banquiers et des hommes d’affaires.

“Nous avons arrêté depuis le mois de juillet tous les transferts vers l’Iran, dans toutes les devises”, a affirmé dimanche à l’AFP un responsable d’une banque internationale qui a requis l’anonymat.

Un banquier d’un établissement émirati a pour sa part indiqué que les transferts vers Téhéran étaient désormais interdits en dollars et en euros, et qu’ils étaient devenus “très difficiles, voire impossibles, en dirhams”. Il a indiqué que des comptes de clients iraniens avaient été récemment fermés.

En outre, a précisé ce banquier, “les transactions des clients iraniens sont désormais surveillées”. Certaines sont parfois bloquées, comme des virements effectués par des clients iraniens vers des pays asiatiques pour payer des marchandises, a-t-il expliqué.

A Téhéran, des sources bancaires ont confirmé à l’AFP que les virements en provenance des Emirats vers la plupart des banques commerciales iraniennes n’étaient plus possibles depuis la fin juillet.

Les Emirats arabes unis, où vivent environ 400.000 Iraniens, sont un important partenaire commercial de l’Iran. Ils avaient assuré le mois dernier respecter les sanctions internationales contre Téhéran, malgré les pertes occasionnées.

Le volume annuel des échanges de l’Iran avec le seul émirat de Dubaï est estimé à quelque 10 milliards de dollars.

Cependant, ces échanges ont été réduits “de quelque 50%, notamment en raison des restrictions bancaires” depuis le vote de nouvelles sanctions par le Conseil de sécurité de l’Onu en juin, a affirmé Morteza Masoumzadeh, vice-président du Conseil iranien des Affaires à Dubaï.

“Depuis les deux derniers mois, il y a de plus en plus de restrictions”, a indiqué M. Masoumzadeh, tout en précisant que les succursales des banques iraniennes à Dubaï parvenaient toujours à effectuer des transferts vers l’Iran.

Il a souligné que les hommes d’affaires iraniens ne pouvaient plus ouvrir de lettre de crédit pour des partenaires étrangers si la marchandise est destinée à l’Iran.

Le Conseil de sécurité avait adopté le 9 juin une quatrième série de sanctions, élargissant notamment la liste des banques soumises aux sanctions, pour obliger l’Iran à arrêter d’enrichir de l’uranium, car l’Occident craint qu’il s’agisse des prémices de l’arme atomique, malgré les dénégations de Téhéran.

En vertu de ces sanctions, 41 comptes bancaires ont été gelés à Abou Dhabi, alors que Dubaï a fermé les bureaux de 40 firmes soupçonnées de violer les sanctions.

Le sous-secrétaire au département du Trésor américain Stuart Levey avait effectué en août une visite aux Emirats pour s’assurer de l’application des sanctions par ce pays.

Les Etats-Unis et l’Union européenne ont voté des sanctions encore plus strictes, visant notamment à paralyser le système bancaire iranien et à empêcher tout commerce, investissement ou transfert de technologie dans le secteur pétrolier et gazier, vital pour Téhéran.