Les festivals, une manne que les collectivités ne veulent pas perdre

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és aux terrasses des cafés sur la place du Palais des Papes à Avignon, le 21 juillet 2005. (Photo : Anne-Christine Poujoulat)

[02/08/2010 07:00:52] MARSEILLE (AFP) Tourisme, dépenses des artistes, embauches… les festivals génèrent des retombées économiques essentielles en Provence-Alpes-Côte d’Azur et dans d’autres régions, une manne que certains élus craignent de voir menacée par la réforme territoriale.

Les festivals jouent un rôle “de plus en plus important comme effet d’appel touristique”, souligne Bruno James, directeur général du Comité régional de tourisme (CRT).

Si le spectacle vivant et le patrimoine représentent “généralement une motivation secondaire” dans le choix d’une destination, 500.000 vacanciers visitent Paca avant tout pour la richesse de son offre culturelle. Et dépensent au passage 200 millions d’euros en hébergement, restauration, activités…

Au-delà des passionnés, nombreux sont ceux qui y voient une raison supplémentaire de s’arrêter, notamment lors de courts séjours urbains. Pourquoi ne pas découvrir Aix-en-Provence et l’opéra, Arles et la photo?

Au total plus de 300 festivals animent la saison estivale, “des joyaux non seulement de la culture provençale mais aussi de l’économie”, selon Patrick Mennucci, vice-président (PS) de la Région délégué à la Culture.

Ils garantissent souvent “des réservations en amont à des niveaux de prix plus intéressants pour les professionnels”, note le président du CRT Pierre Meffre, maire (PS) de Vaison-la-Romaine.

A Avignon, les hôtels sont remplis quasiment un an à l’avance. Qui dit festival dit embauches de techniciens, de personnel pour l’accueil, l’administration. Le rassemblement côté “in” emploie 700 personnes pendant près d’un mois, chiffre auquel il faut ajouter les emplois créés chez les fournisseurs.

Sur un budget de 11 millions d’euros, “la majorité est dépensée sur le territoire d’Avignon et ses alentours, dont un tiers pour la partie artistique, un tiers pour équiper des lieux de spectacle et un tiers pour tout le reste (fonctionnement, communication, billetterie)”, explique la codirectrice Hortense Archambault.

La manifestation s’est traduite en 2001 par des flux directs et indirects de près de 23 millions d’euros, selon une étude menée en interne, la seule qui existe sur le sujet.

Le festival d’art lyrique d’Aix et le festival de piano de La Roque d’Anthéron ont un poids conséquent, évalué en 2004 par la Chambre de commerce Marseille Provence à 18 et 14 millions. Dans le premier cas, un euro de subvention publique générait 3,72 euros sur l?économie de la Communauté du pays d’Aix, et dans le second 15,70.

Très dépendant des subventions, le spectacle vivant s’inquiète toutefois d’une “régression générale” des financements.

Même Avignon, soutenu par l’Etat, les collectivités et l’UE à 54%, connaît des difficultés, selon Mme Archambault, qui craint pour sa “mission de service public” si les financements croisés disparaissaient.

Le gouvernement souhaite en effet supprimer la clause de “compétence générale”, qui permet à une collectivité de s’occuper de domaines pas forcément de son ressort.

De nombreuses collectivités craignent aussi d’avoir plus de mal à financer ces événements, avec la réforme prévoyant la suppression en 2014 des 6.000 conseillers régionaux et généraux au profit de 3.500 conseillers territoriaux.

“Cela risque de poser de gros problèmes parce qu’il est loin d’être évident que, s’il n’y a plus qu’une seule grosse collectivité, elle ait les moyens de maintenir le niveau d’intervention actuel”, s’inquiète M. Meffre.

“Si la réforme va à son terme, évidemment cela aura un impact, il faudra faire des choix”, ajoute M. Mennucci.