Tunisie : La Mise à niveau des entreprises freinée par le déséquilibre financier ?

Treize ans après le lancement du processus, la restructuration financière des
entreprises qui en ont besoin –et elles sont légion à être dans ce cas de
figure- n’a pas produit les résultats escomptés. Le séminaire sur «les nouvelles
mesures en faveur de la restructuration financière des PME», organisé mardi 20
juillet 2010, par le ministère de l’Industrie et de la Technologie, et celui des
Finances, avec l’appui de l’UTICA, de l’Association professionnelle tunisienne
des banques (APTBEF) et de l’Agence française de développement (AFD), en a fait
le constat.

Treize ans d’efforts pour rien ? Mme Leila Khayati, qui a ouvert les débats au
nom du président de la Centrale patronale, M. Hédi Djilani, n’est pas loin de le
penser. En effet, la présidente de la Chambre internationale des femmes chefs
d’entreprise et membre du bureau exécutif de l’UTICA, a annoncé la couleur dès
le début de son intervention en observant que «les mécanismes de restructuration
déjà existants n’ont pas permis jusque-là d’assainir la situation financière des
entreprises copilées et soumises à cette réserve de restructuration financière».
D’où leur nombre sans cesse croissant, d’après Mme Khayati.

Or, le tissu industriel tunisien étant constitué «essentiellement de PME
fortement endettées et sous-capitalisées, elles ne disposent pas de capitaux
permanents suffisants», leur situation financière est, selon Mme Khayati,
«souvent déséquilibrée». De ce fait, la restructuration financière devient «une
condition sine qua none pour l’entreprise afin de consolider sa position sur les
marchés actuels et accéder à de nouveaux».

Une impasse confirmée par M. Tahar Bellassoued. En effet, selon le directeur du
Bureau de mise à niveau au ministère de l’Industrie et de la Technologie, 75%
des plans de mise à niveau approuvés –soit 2.320 sur un total de 3.113- sont
assortis d’une réserve de restructuration financière.

Et seulement 1.040 entreprises (45% des dossiers approuvés avec réserve) ont
finalement pu lever les réserves de restructuration et se conformer aux deux
conditions auxquelles le déblocage des primes de mise à niveau est soumis (30%
pour les investissements immatériels et 70% pour l’immatériel) : un fonds de
roulement positif et un niveau de fonds propres couvrant au moins 30% des
immobilisations nettes.

Alors, pourquoi la restructuration financière n’a pas marché ? D’après M. Roger
Goudiard, directeur général de l’Agence française de développement (AFD) -qui a
mis en place la première ligne de financement de la restructuration financière
en 1997 et quatre depuis –pour un total de 170 millions de dinars- l’évaluation
«externe» commandée par l’Agence fait ressortir deux facteurs d’échec : d’abord
un manque d’information dont se plaignent les différents acteurs et, ensuite,
«un comportement des banques jugé mitigé. Certaines ont joué le jeu, d’autres
non», souligne M. Goudiard. C’est-à-dire que les banques avaient tendance à
proposer à leurs clients des financements sur leurs propres ressources, quand
elles en ont en abondance, que sur les lignes destinées à financer la
restructuration financière.