Le yuan sous-évalué mais pas manipulé, selon les Etats-Unis

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éricains et chinois, le 20 mars 2010

[09/07/2010 06:04:44] WASHINGTON (AFP) Les Etats-Unis ont affirmé jeudi que la monnaie de la Chine restait sous-évaluée malgré sa décision de la laisser flotter plus librement, mais ils se sont bien gardés d’accuser Pékin de manipuler le yuan.

Malgré la décision en juin de la banque centrale chinoise de laisser le cours de sa monnaie flotter plus librement, “le renminbi (le nom officiel de la devise chinoise, ndlr) reste sous-évalué”, a indiqué le Trésor dans son rapport semestriel sur les taux de change.

Ce jugement confirme ce que dit depuis un an et demi l’administration du président Barack Obama. Même si le Trésor avait décidé en avril de reporter la publication de ce rapport au Congrès prévu tous les six mois par la loi, il n’a jamais laissé entendre qu’il changerait de discours.

Pourtant, de nombreux parlementaires américains accusent la Chine de maintenir la valeur du yuan exagérément faible pour favoriser ses exportations. Des économistes estiment cette sous-évaluation à 40%.

La dernière fois que Washington a stigmatisé un pays comme manipulant sa monnaie –une formulation qui implique l’adoption de sanctions économiques– remonte à 1994, avec la Chine. Depuis, le taux de change entre le dollar et le yuan, quasi fixe entre juillet 2008 et juin 2010, est resté un sujet de conflit larvé entre les deux puissances économiques.

Dans son rapport, le Trésor relève cependant des éléments qui sont habituellement le signe d’un taux de change déformé par des interventions des autorités monétaires.

“Le rythme élevé d’accumulation par la Chine de réserves en devises, l’appréciation limitée du taux de change réel par rapport à la croissance rapide de la productivité dans le secteur des biens exportés, et la persistance d’excédents des comptes courants durant une période où les partenaires commerciaux de la Chine traversaient une profonde récession, laissent penser que le renminbi reste sous-évalué”, indique le rapport.

“Dans le cadre de son régime de taux de change fortement administré, l’accumulation de réserves par la Chine est en grande partie l’indication d’une résistance à une pleine appréciation qui reflèterait la demande du marché pour le renminbi”, ajoute-t-il.

Le secrétaire au Trésor Timothy Geithner a lancé une forme d’avertissement à Pékin, deuxième partenaire commercial des Etats-Unis. “Ce qui compte est de savoir à quel point et à quelle vitesse le renminbi s’apprécie”, a-t-il noté dans un communiqué.

“Nous surveillerons étroitement et régulièrement l’appréciation du renminbi et continuerons à travailler pour accroître les possibilités d’exportations américaines vers la Chine, qui soutiennent l’emploi aux Etats-Unis, en étroite consultation avec le Congrès”, a-t-il expliqué.

La banque centrale chinoise avait annoncé le 19 juin, à une semaine d’un sommet des pays riches et émergents du G20 à Toronto (Canada), qu’elle allait favoriser plus de souplesse dans les variations du yuan. Depuis, il s’est apprécié de 0,7% face au dollar. Même si le G20 avait affirmé dans son communiqué final la nécessité d'”accroître la flexibilité du taux de change dans certains marchés émergents”, la Chine avait obtenu que son nom ne soit pas mentionné.