L’EuroMéditerranée fera-t-elle l’économie de la connaissance ?

L’EuroMéditerranée fera-t-elle l’économie de la connaissance ?

C’est bel et bien la question qui a transparu dans les différentes sessions de
réflexion menées lors de la 7ème conférence FEMIP (Tunis, le 15/03/2010).
Clairement dit, l’innovation et la recherche-développement sont des piliers du
développement d’une économie et de sa compétitivité ; et pour bien asseoir les
enjeux, l’Europe comme les autres pays méditerranéens ont «beaucoup à faire»
(dixit M. de Fontaine-Vive) dans ce domaine.

Le
marché euro-méditerranéen, avec ses 500 millions de consommateurs, représente
une force indéniable dans cette «ère de transformation profonde» : tous les
intervenants en sont convaincus. Dans ce sens, la conférence a atteint le but
initialement fixé par le même vice-président de la Banque européenne
d’investissement, chargé de la FEMIP : «mettre en commun attentes, espoirs et
besoin d’actions».

L’exemple de la Tunisie, exposé par la PDG co-fondatrice du fonds d’amorçage
Alternative Capital Partners, est à cet égard représentatif, notamment en termes
de recommandations : une volonté politique clairement énoncée de promotion de
l’innovation mais concrètement des indicateurs de résultat faibles (peu de
brevets, peu de création d’entreprises innovantes, etc.). En regardant au plus
près les maillons de la chaîne de l’innovation, il apparaît que les dispositifs
de financement existants ne s’intéressent pas à la phase de validation
technico-économique de l’innovation. Les propositions d’améliorations évoquent
notamment la mise en place de réseaux et de fonds financiers privés.

En synthèse, dans la densité des débats, relevons, en partie avec la BEI, que la
constitution d’un espace euro-méditerranéen, relayée par des réseaux qui
étendent –très- localement leurs champs d’action, est un passage obligé de
l’évolution européenne. Cette mutualisation des connaissances et des
compétences, basée sur la valorisation des ressources humaines (formation,
valorisation marchande de la recherche, «business angels» ou mentor
entrepreneurial), devra s’appuyer sur un travail collaboratif au niveau
interinstitutionnel et sur la diversification des mécanismes de financement
(capital-risque privé ou création de bourses de type ERASMUS pour les étudiants
méditerranéens, par exemple, pour soutenir l’innovation et la R&D).

Alors, l’EuroMéditerranée réalisera-t-elle l’économie du savoir ? La question
sera portée à la connaissance des chefs d’Etat et gouvernement qui se réuniront
«pour la Méditerranée» à Bruxelles le 18 mai prochain. Une croissance tirée par
l’innovation sur les deux rives méditerranéennes représentera-t-elle un axe
prioritaire pour les dirigeants ?