Toyota : le mystère des accélérations inopinées n’est pas percé

photo_1267610781691-1-1.jpg
évrier 2010 à Washington (Photo : Mark Wilson)

[03/03/2010 10:18:39] WASHINGTON (AFP) Après trois auditions parlementaires aux Etats-Unis, le mystère des accélérations involontaires de Toyota est loin d’avoir été percé, car les rappels massifs menés par le constructeur japonais dans le monde ne couvrent pas tous les cas observés.

“Les auditions liées aux rappels Toyota sont maintenant terminées, mais elles n’ont pas apporté beaucoup de clarté sur les causes des accélérations involontaires”, commente le site internet spécialisé dans l’automobile Edmunds.com mardi.

Edmunds annonce une récompense “d’un million de dollars aux chercheurs qui pourraient expliquer les questions non résolues liés” à ces accélérations.

“Ce problème persiste depuis plus de 20 ans quand Audi s’est retrouvé l’objet des gros titres sur ce sujet”, ajoute-t-il, rappelant que Toyota n’est pas le seul constructeur concerné, même si l’ampleur de ses rappels est sans précédent.

Le constructeur japonais a rappelé près de neuf millions de véhicules dans le monde dont six millions aux Etats-Unis, principalement à cause d’accélérations involontaires, et attribue le problème à des tapis de sol qui coincent la pédale d’accélérateur ou à une pédale qui se coince.

L’agence américaine de sécurité routière, la NHTSA, avait reçu à la fin février des plaintes attribuant aux accélération involontaires de Toyota 43 accidents graves aux Etats-Unis, ayant causé 52 décès.

photo_1267611283938-1-1.jpg
évrier 2010, au showroom du constructeur, à Tokyo (Photo : Kazuhiro Nogi)

“Dix enquêtes ont été ouvertes sur les problèmes d’accélération involontaire de Toyota depuis l’an 2000”, a indiqué David Strickland, le directeur de la NHTSA, devant la Commission du commerce, des sciences et des transports du Sénat.

Des documents obtenus par cette commission montrent que la NHTSA, qui dépend du département des Transports (DoT), enquêtait dès 2003 sur les systèmes électroniques qui gouvernent l’accélération des véhicules Toyota, estimant qu’y résidait peut-être le problème, mais qu’aucun défaut n’a été mis en lumière.

Les compétences de l’agence ont toutefois été, comme lors des deux premières auditions, sévèrement mises en cause mardi.

“Le DoT n’est pas au fait des automobiles modernes”, a jugé par Clarence Ditlow, directeur du Centre de la sécurité automobile, une association de consommateurs.

La NHTSA n’a pas d’ingénieurs spécialisés dans les logiciels, mais affirme disposer de deux ingénieurs en électronique et de 60 employés capables de lire les boîtes noires.

Le secrétaire américain aux Transports, Ray LaHood, a promis une fois encore que la NHTSA irait “au fond de la question de l’électronique” et qu’elle ferait appel à des experts dans tout le pays.

Pour leur part, les dirigeants de Toyota auditionnés mardi ont, une fois de plus, défendu vigoureusement leur système d’accélération électronique.

“Nous avons vendus 40 millions de voitures équipées d’un système électronique d’accélération et sur aucune d’entre elle nous n’avons détecté de défaut dans ce système”, a affirmé Takeshi Uchiyamada, vice-président exécutif de Toyota.

photo_1267611075386-1-1.jpg
émoigner devant la commission à l’énergie et au commerce, le 23 février 2010 à Washington (Photo : Mark Wilson)

Les documents rassemblés par la Commission sénatoriale montrent qu’à part sur les modèles 2009, Toyota est loin d’avoir généré le plus de plaintes auprès de la NHTSA, et que le constructeur japonais a été régulièrement dépassé par les américains General Motors, Ford et Chrysler, voire par d’autres japonais.

Ils montrent aussi que de très nombreux véhicules Toyota faisant l’objet de plaintes liés à des accélérations soudaines, notamment des Camry, sont exclus des rappels en cours.

Jim Lentz, directeur de l’exploitation aux Etats-Unis, avait d’ailleurs admis lors de la première audition parlementaire la semaine dernière que les rappels ne couvraient “pas totalement” ces problèmes.

Faute de mieux, le constructeur a promis d’installer sur un grand nombre de véhicules un système de freinage d’urgence. Le DoT, lui, envisage de demander aux constructeurs de l’installer sur tous les véhicules vendus aux Etats-Unis.

Site (en anglais) d’Edmunds.com