Heuliez s’affiche à Genève avec l’investisseur turc qui pourrait le sauver

photo_1267555281364-1-1.jpg
électrique d’Heuliez, présentée au Salon automobile de Genève, le 2 mars 2010. (Photo : Philippe Desmazes)

[02/03/2010 18:44:08] GENÈVE (AFP) Malgré toutes les incertitudes sur son avenir, Heuliez a présenté mardi au salon de Genève sa nouvelle voiture électrique, en présence de l’investisseur turc qui pourrait sauver cette PME de Poitou-Charentes.

“Mia”, petite voiture blanche et jaune, avec ses trois sièges, dont un seul à l’avant, ses portes coulissantes et ses batteries assurant une autonomie pouvant aller jusqu’à 200 km, porte à elle seule tous les espoirs de l’entreprise.

“On veut montrer un changement dans notre marque”, insiste Murat Günak, directeur image de marque et designer, debout devant six grandes lettres de couleur formant le mot “change” qui décorent le stand.

“Nous voulons montrer que nous avons un grand avenir”, sourit-il, grâce à “notre petit bijou au milieu des stars de Genève”, qui est avant tout une version remaniée d’un ancien prototype d’Heuliez.

Toute la journée, les cadres de l’entreprise se sont activés pour recevoir les journalistes, mais surtout de possibles clients. “Ce n’est pas un jouet, c’est une vraie voiture”, a déclaré Emilio Gallucio, président de l’équipementier et constructeur automobile de Cerizay (Deux-Sèvres).

“Notre priorité, c’est reconquérir les clients”, a-t-il insisté.

Mais lui aussi reste suspendu à la décision de l’homme d’affaires turc, qui examine actuellement les comptes d’Heuliez et qui s’est dit prêt à engager 20 millions d’euros dans l’entreprise, de nouveau au bord du dépôt de bilan.

“J’ai demandé dix jours d’exclusivité” pour auditer les comptes, a expliqué à l’AFP, sur le stand d’Heuliez, Alphan Manas, dirigeant du fonds d’investissement Brightwell. “Mardi de la semaine prochaine, je donnerai ma réponse”, a-t-il ajouté.

Il a aussi promis de révéler alors avec quels partenaires il compte investir dans Heuliez. “Nous sommes deux. Je viens avec un partenaire industriel turc, dont le nom ne peut pas être révélé pour l’instant”, a indiqué M. Manas, très entouré par des journalistes turcs.

D’ici là, il s’est refusé à commenter l’avancée des discussions, tout en précisant qu’il était déjà partie prenante des “négociations de contrats”.

Le cabinet de conseil BKC (Bernard Krief Consulting), dirigé par Louis Petiet, avait été désigné l’été dernier par le tribunal de commerce comme repreneur d’Heuliez.

Mais il s’est avéré incapable d’apporter en numéraire les 15 millions d’euros promis et indispensables à la survie de l’entreprise, laissant en suspens le sort de 600 salariés.

Louis Petiet, par ailleurs élu local UMP, a finalement été lâché par les pouvoirs publics, très impliqués, à quelques semaines des élections, dans ce dossier qui concerne une région où s’affrontent la présidente sortante, Ségolène Royal (PS) et le secrétaire d’Etat aux Transports Dominique Bussereau.

Lundi, M. Petiet a fini par jeter l’éponge, acceptant que l’investisseur turc prenne “une très large majorité des différentes sociétés du groupe Heuliez”.

“Les gens d’Heuliez ne méritaient pas ça. Il faut qu’on les aide à retrouver leur chemin”, a déclaré mardi depuis Genève Emilio Gallucio, nommé à la tête d’Heuliez par Louis Petiet, mais qui s’est détourné de lui au fil des mois.

Pour sauver la société, la région Poitou-Charentes a de son côté déjà mis 5 millions d’euros sur la table et le Fonds stratégique d’investissement (FSI), créé par l’Etat l’an passé pour prendre des participations dans des entreprises, pourrait injecter 10 millions.