La Banque du Japon remballe son arsenal anticrise, prédit 3 ans de déflation

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érence de presse à Tokyo le 14 octobre 2009 (Photo : Toshifumi Kitamura)

[30/10/2009 09:39:32] TOKYO (AFP) La Banque du Japon (BoJ) a amélioré vendredi ses prévisions de croissance pour la deuxième économie mondiale et a sonné le début du démantèlement de son vaste dispositif d’urgence anticrise, tout en prédisant aussi au moins trois ans de déflation.

Dans son diagnostic semestriel sur l’activité économique et les prix, la BoJ a pronostiqué un recul du produit intérieur brut (PIB) de seulement 3,2% pour l’année budgétaire 2009-2010, qui s’étend du 1er avril au 31 mars. En juillet, elle avait encore dit s’attendre à une baisse de 3,4%.

“L’économie japonaise a commencé à se redresser”, a estimé la banque, qui prévoit un retour modéré de la croissance en 2010-2011 (+1,5%) et une légère accélération en 2011-2012 (+2,1%).

La BoJ a annoncé qu’elle allait progressivement mettre fin à sa batterie de mesures anticrise, déployée depuis l’automne 2008.

Son comité de politique monétaire a décidé, par une majorité de sept voix contre une, d’arrêter fin décembre le programme d’achat direct par la BoJ de billets de trésorerie et d’obligations aux entreprises.

Cette mesure était destinée à offrir une possibilité de financement alternatif aux sociétés incapables d’obtenir des prêts de la part des banques, alors que le marché du crédit frôlait la paralysie après l’effondrement de la banque d’affaires américaine Lehman Brothers en septembre 2008.

Le succès de ce programme exceptionnel tend dernièrement à fléchir. les entreprises préférent se tourner vers les marchés de la dette classiques dont les conditions de fonctionnement sont redevenues à peu près normales.

Le comité a en revanche décidé, également par sept voix contre une, de laisser ouvert jusqu’à fin mars son guichet de prêts d’urgence aux institutions financières. Cet autre programme anticrise sera remplacé à partir d’avril par les opérations habituelles de la BoJ sur le marché monétaire.

La BoJ continuera par ailleurs jusque fin 2010 à se montrer moins regardante qu’à l’accoutumée sur la qualité des titres apportés par les débiteurs en garantie des prêts qu’elle accorde. Cette politique “joue un rôle important pour faciliter le financement des entreprises”, a jugé la banque centrale.

Le comité de politique monétaire a aussi décidé, cette fois à l’unanimité, de maintenir le taux directeur de la BoJ à 0,10%, le niveau extrêmement bas auquel il se trouve depuis décembre 2008.

La banque centrale peut en effet difficilement relever le loyer de l’argent, alors que l’économie japonaise reste engluée dans la déflation. Les prix à la consommation ont chuté en septembre pour le septième mois d’affilée (-2,3%).

La BoJ a prédit que cette déflation durera au moins trois ans. Elle s’attend ainsi à un recul des prix à la consommation de 1,5% en 2009-2010, de 0,8% en 2010-2011 et de 0,4% en 2011-2012, tout en estimant “peu probable que la chute des prix entraînera un ralentissement de l’activité économique”.

Elle a expliqué son pronostic par les capacités de production largement excédentaires par rapport à la demande intérieure et mondiale, et par la difficile situation sur le front de l’emploi et des salaires.

Selon des statistiques officielles publiées également vendredi, le taux de chômage au Japon a enregistré un recul inattendu en septembre, à 5,3% contre 5,5% le mois précédent. Mais le nombre de chômeurs s’est envolé de 33,9% sur un an à 3,63 millions d’individus, et on recensait dans le pays seulement 43 offres d’emploi pour 100 demandes, près de moitié moins qu’un an plus tôt.