Ford veut faire passer le suédois Volvo sous pavillon chinois

photo_1256730020300-1-1.jpg
Logo de la division Volvo de Ford, au salon international de Detroit, le 12 janvier 2009 (Photo : Stan Honda)

[28/10/2009 17:29:42] WASHINGTON (AFP) La marque Volvo, symbole de fiabilité et reine de la berline familiale, pourrait passer aux mains du chinois Geely, après que l’américain Ford eut donné mercredi sa préférence au projet chinois, malgré les soupçons pesant sur la qualité du “made in China”.

Pour Ford, le consortium dirigé par le chinois fait figure de favori, mais l’américain s’est empressé de préciser dans un communiqué que les discussions se poursuivraient et qu'”aucune décision définitive” n’avait été prise.

Seul constructeur américain à avoir échappé à la faillite cette année, qui plus est sans aide de l’Etat, Ford a mis en vente sa filiale suédoise Volvo Cars en décembre 2008.

Volvo Cars est distinct du groupe coté Volvo (qui fabrique principalement des poids lourds) depuis son acquisition en 1999 par Ford pour 6,4 milliards de dollars. L’américain n’a pas précisé le montant de l’offre de Geely, mais selon le Financial Times, elle serait de l’ordre de 2 milliards de dollars.

Le PDG de Volvo Cars, Stephen Odell, a accueilli cette annonce comme “une avancée positive”.

“Ford s’est comporté comme un propriétaire responsable. Durant les temps économiques difficiles que nous avons traversé, Ford nous a soutenus de nombreuses façons”, a assuré M. Odell, alors que de nombreux experts et analystes estiment que l’américain a échoué dans sa stratégie globale d’achat de constructeurs haut-de-gamme comme Volvo, Jaguar, Land Rover ou Aston Martin.

L’annonce de Ford confirme l’arrivée sur le devant de la scène automobile mondiale de la Chine, devenue début 2009 le premier marché de la planète après l’effondrement des ventes aux Etats-Unis.

photo_1256750807324-1-1.jpg
ésentation d’un nouveau modèle du constructeur automobile chinois Geely à Nanjing le 13 novembre 2008

Elle fait suite à l’accord entre General Motors et Sichuan Tengzhong Heavy Industrial Machinery pour l’achat de la Hummer, symbole des excès de l’Amérique triomphaliste des années Bush, et à l’alliance du suédois Koenigsegg avec le chinois Beijing Automotive Industry Holding Co pour l’acquisition de Saab Automobile, également vendu par GM.

Cet appétit chinois suscite néanmoins de nombreuses préoccupations, tant en termes de transfert de technologies que du maintien de la qualité, alors que Volvo est connu pour la robustesse et la fiabilité de ses véhicules.

Le Premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt a notamment espéré que Geely “sera un partenaire de long terme et qu’il conservera la plupart de la production en Suède”.

Dans un communiqué séparé, le PDG de Geely, Li Shufu, a justement assuré vouloir “conserver et renforcer l’héritage de Volvo, et maintenir la réputation mondiale de la marque en termes de sécurité et de technologies environnementales”.

Le patron du groupe fondé en 1986 et coté à Hong Kong, l’un des premiers constructeurs privés de Chine, s’est voulu rassurant sur le maintien des activités de Volvo en Suède.

Il a assuré souhaiter que le siège de Volvo Cars demeure à Göteborg, et maintenir la production, la recherche et le développement en Suède, ainsi qu’une équipe de direction indépendante.

De son côté, le vice-président et directeur financier de Ford, Lewis Booth, a estimé que “Geely avait le potentiel pour être un futur propriétaire responsable de Volvo (…) tout en préservant les valeurs et l’indépendance de la marque suédoise”.

Pour Bertrand Rakoto, analyste au cabinet Polk, “les Chinois ont besoin d’une marque bien installée au niveau mondial et de s’offrir un réseau de distribution. C’est une question de crédibilité pour eux”.

“On a souvent un peu peur de l’utilisation de technologies, mais la plupart des constructeurs [mondiaux] font assembler leurs véhicules en Chine”, a rappelé l’analyste.