La Tunisie et la sortie de crise (1) : Faut-il créer un fonds d’investissement stratégique ?

L’ère actuelle est, entre autres, celle des fonds d’investissement. La Tunisie,
qui se veut à la page dans le domaine économique, devrait-elle s’inscrire dans
ce courant ? C’est ce que soutient l’étude sur les modalités de mise en œuvre et
l’impact des mesures anti-crise, réalisée par Comete Engineering pour le compte
du ministère de l’Industrie, de l’Energie et des Petites et Moyennes
Entreprises. Non pas parce qu’il faut sacrifier à la mode, mais parce que c’est
là une nécessité, soutiennent les auteurs.

Dans le cas de la Tunisie, une telle décision est jugée indispensable car,
«depuis la transformation des anciennes banques de développement en banques
universelles», le pays «ne dispose plus d’un opérateur d’investisseur à long
terme à l’image de ce que sont la Caisse des Dépôts et Consignations en France
ou la Caisse de Dépôt et de Gestion au Maroc». Or, explique les auteurs de
l’étude, «en toute circonstance, l’Etat doit pouvoir disposer d’un bras séculier
lui permettant de prendre des participations de long terme dans des entreprises
considérées pour une raison ou une autre comme stratégiques». Et ce besoin se
trouve «accentué en temps de crise». Car la crise «peut fragiliser certaines
entreprises structurantes économiquement, socialement ou industriellement, et il
peut s’avérer nécessaire que l’Etat y injecte des fonds à long terme».

Mais en l’absence d’un fonds d’investissement stratégique, «il n’est pas aisé
pour l’Etat d’accompagner des investissements stratégiques ou de prendre
position avec des opérateurs étrangers sur des projets de grande envergure»,
justifie l’étude.

Le cas échéant, ce fonds devrait avoir un capital équivalent à 1% du PIB, soit
autour de 500 millions de dinars tunisiens, «à pourvoir en partie en numéraires
et en partie en participations non stratégiques de l’Etat destinées à être
recyclées», note l’étude.

Et contrairement à ce que pourraient penser certains, la création d’un tel fonds
ne remettrait pas en cause «la nécessité de faire jouer un rôle de tout premier
ordre au secteur privé» et «aurait toute sa place dans l’architecture du système
financier tunisien».