Jeux en ligne : une cinquantaine d’opérateurs devraient être légalisés, estime Woerth

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à la sortie du Conseil des ministres à Paris (Photo : Eric Feferberg)

[07/10/2009 05:46:31] PARIS (AFP) Le ministre du Budget, Eric Woerth, a estimé mardi qu’une cinquantaine d’opérateurs devraient être légalisés en cas d’adoption du projet de loi sur l’ouverture à la concurrence en 2010 des jeux en ligne.

Venu participer à une table ronde à l’hôpital Marmottan à Paris en présence de nombreux experts en toxicomanies et addictions aux jeux, le ministre a expliqué que ce projet visait à réguler un secteur “qui explose littéralement” et qui compte “plus de 20.000 sites illégaux”.

“Je pense qu’il y aura in fine une cinquantaine d’entreprises autorisées en France qui se partageront un marché avec des licences différentes”, a-t-il dit à la presse à l’issue de la table ronde.

Le projet de loi examiné à partir de mercredi à l’Assemblée prévoit d’ouvrir à la concurrence en 2010 les paris sportifs et hippiques et le poker en ligne, et d’autoriser certains opérateurs à faire de la publicité dans les médias ou en collaboration avec des partenaires sportifs.

Dix millions d’euros doivent également être consacrés à la lutte contre l’addiction.

“La prohibition, ça ne marche pas. Le légal doit chasser l’illégal. Il faut la publicité pour chasser l’illégal”, a affirmé M. Woerth, assurant que le texte visait également à mieux prévenir “les risques d’addictions et les risques sur les mineurs”.

Il s’est cependant dit “prêt à prendre des amendements supplémentaires sur l’encadrement de la publicité” dans le sens d’une plus grande protection des mineurs.

Interrogé sur les retombées financières de cette réforme pour l’Etat, M. Woerth a rappelé que celui-ci gagnait “environ 5 milliards d’euros sur les jeux en comptant la Française des jeux, le PMU, les casinos”. Selon lui, le gouvernement espère seulement avec l’ouverture des jeux à la concurrence maintenir ce niveau de recettes, en dépit de la baisse de la fiscalité sur les jeux dits “en dur” par opposition aux jeux en lignes.

Lors de la table ronde, certains des experts ont demandé plus de moyens pour la recherche, craignant une augmentation importante de la dépendance aux jeux.

“Que va-t-on faire des joueurs si rien n’est prévu en termes de financement pour les soins et la recherche. Notre pays a un retard énorme dans ce domaine”, a souligné le Pr Jean-Louis Venisse, directeur du service d’addictologie du CHU de Nantes.

“L’isolement devant l’ordinateur est forcément un facteur de risque à lui tout seul”, a relevé le sénateur du Var François Trucy, auteur d’un rapport en 2002 intitulé “Etat croupier, le parlement croupion”.

“Le poker en ligne représente 50% des addictions et concerne beaucoup de jeunes”, a insisté Armelle Achour, fondatrice de l’association SOS joueurs.

“Les spécialistes estiment que 1 à 2% de la population adulte présentent une façon excessive de jouer, soit entre 450.000 et 900.000 personnes en France”, a expliqué à l’AFP Jeanne Etiemble de l’Inserm. Et seulement 10% des joueurs “pathologiques” font une demande de soin.

Une enquête sera menée dans les prochains mois pour déterminer l’ampleur du phénomène d’addiction aux jeux d’argent chez les 12-85 ans, selon l’observatoire français des drogues et des toxicomanies. Les résultats sont attendus fin 2010-début 2011.