La récession semble finir au Royaume-Uni mais l’euphorie n’est pas de mise

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à Londres, le 5 septembre 2009 (Photo : Geoff Caddick)

[09/09/2009 12:57:00] LONDRES (AFP) Production manufacturière en nette hausse, première amélioration en dix-sept mois du marché de l’emploi, regain d’activité immobilière et retour de la confiance des consommateurs, le Royaume-Uni espère à son tour sortir de la récession ce trimestre, mais ce sera à petits pas, selon les économistes.

Le Royaume-Uni vient de connaître une rafale d’indicateurs lui permettant d’espérer ne pas connaître un sixième trimestre consécutif de recul de son produit intérieur brut (PIB). La récession a connu son point culminant au premier trimestre, avec un recul trimestriel du PIB de 2,4%.

Malgré le pire recul annuel de cette crise, à 5,5%, le deuxième trimestre a montré un net coup de frein à la chute trimestrielle, à -0,7%. Désormais, la sortie du tunnel semble en vue, un trimestre après les deux grands voisins, France et Allemagne.

Ainsi, la production manufacturière a-t-elle connu en juillet sa meilleure performance depuis 18 mois avec une hausse mensuelle de 0,9%. Le chiffre a été dopé par le secteur automobile, grâce à la prime à la casse.

“Cela soutient notre prévision d’une évolution du PIB positive au troisième trimestre”, a commenté Hetal Mehta de l’institut Item (Ernst & Young).

Selon l’Institut national de recherche économique et sociale (NIESR), le Royaume-Uni a même connu un premier trimestre de croissance de juin à août, avec une hausse de 0,2% du PIB. Cela augure donc bien pour le trimestre officiel qui s’achève en septembre. Le NIESR pense que la récession britannique s’est en fait achevée en mai.

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à vendre à Londres, en janvier 2009 (Photo : Adrian Dennis)

Par ailleurs, la Confédération du recrutement et de l’emploi a indiqué mercredi que le marché du travail s’était amélioré pour la première fois depuis 17 mois, en termes de volonté de recruter notamment, même si une poursuite de la hausse du taux de chômage dans les mois à venir est largement attendue.

La banque associative Nationwide a aussi indiqué que la confiance des consommateurs avait augmenté en août. Désormais, 21% des personnes interrogées pensent que l’économie ira plus mal dans six mois, contre 53% au début de l’année, et 34% pensent qu’elle ira mieux, la plus haute proportion jamais rapportée depuis le début de cette enquête en mai 2004.

Les consommateurs ont pu avoir le moral dopé par la hausse exponentielle des actions, qui ont pris 40% en six mois sur le Footsie-100, par le maintien de prix bas — ceux dans les magasins ont même reculé de 0,1% en données annuelles en août, pour la première fois depuis février 2007, selon des chiffres de la fédération britannique du commerce de détail (BRC) — et par la quatrième remontée mensuelle d’affilée des prix de l’immobilier, dont la baisse par rapport au pic d’octobre 2007 a été ramenée à 14,4%, selon Nationwide.

Les vendeurs sont rassurés, et les acheteurs sont aidés par un taux directeur de la Banque d’Angleterre historiquement bas à 0,5%.

Mais les commentaires restent prudents. Michael Saunders, de Citigroup, estime ainsi que “les surprises à la hausse (réservées par l’économie britannique) devraient continuer à dépasser celles à la baisse”, mais que “la reprise ne sera pas rapide en raison d’un apport de crédit qui reste faible et du besoin de resserrement budgétaire nécessaire pour remettre les finances publiques d’aplomb”.

Raymond Van der Putten de BNP Paribas observe que “les entrepreneurs restent très inquiets concernant leurs perspectives”.

Le ministre des Finances Alistair Darling a aussi exprimé sa “confiance” mercredi dans un retour de croissance “au tournant de l’année”.

“Mais l’heure n’est pas venue d’agiter les drapeaux, nous devons rester prudents car il reste du chemin à parcourir”, a-t-il dit.