Nigeria : l’américain Chevron dans le collimateur du groupe armé Mend

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Logo de Chveron (Photo : Justin Sullivan)

[14/06/2009 13:03:08] LAGOS (AFP) Le géant américain Chevron apparaît actuellement comme la cible de prédilection du principal groupe armé du sud pétrolifère du Nigeria, qui a multiplié les revendications de sabotage contre ses installations, entraînant une chute de production d’environ 100.000 barils par jour.

Depuis mai 2009, le Mouvement pour l’émancipation du delta du Niger (Mend) s’en prend aux installations de Chevron dans l’Etat de Delta, ouest du delta du Niger, avec la destruction de tronçons d’oléoducs, incendie d’une station de pompage, attaque de puits à l’explosif…

Interrogé par l’AFP sur les raisons de cet acharnement apparent, le Mend a déclaré dimanche que la compagnie se trouvait simplement au mauvais endroit au mauvais moment.

“Chevron se trouve être présent sur le principal théâtre d’opérations de la guerre”, a indiqué l’organisation clandestine qui a annoncé dimanche dernier le lancement d’une “guerre du pétrole” après plusieurs semaines de heurts avec l’armée.

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émancipation du delta du Niger (Mend), le 17 septembre 2008 à Warri, au Nigeria (Photo : Pius Utomi Ekpei)

Les forces de l’ordre ont lancé en mai une vaste offensive pour “chasser” les groupes armés du delta du Niger, une région riche en hydrocarbures secouée par des violences depuis 2006.

La grande majorité des récentes opérations menées par la force mixte police-armée (JTF) se sont déroulées dans l’Etat de Delta.

En lançant sa “guerre du pétrole”, le Mend a averti qu’il ne ferait “pas de distinction entre les tribus, les nationalités ou la race” et a encore appelé les compagnies pétrolières a évacuer leur personnel, tandis que la JTF a assuré qu’elles étaient en sécurité.

Le Mend a expliqué dimanche dans son courriel à l’AFP que son offensive contre Chevron visait “à confirmer qu’en dépit de l’importante présence militaire, nous pouvons toujours opérer”. Il veut aussi “montrer aux compagnies pétrolières que l’armée ne peut pas les protéger”.

Le fait que Chevron compte de nombreux sites on-shore en fait une proie plus facile que des compagnies opérant essentiellement offshore.

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éricain Chevron sur le fleuve Sambreiro, dans le delta du Niger, en 2005 (Photo : Dave Clark)

Chevron, qui a jusqu’à présent confirmé des incidents sur ses différents sites après les récentes revendications du Mend, s’est réfusé dimanche à tout commentaire sur sa position de cible de prédilection, apanage dans le passé de l’anglo-néerlandaise Shell.

Un porte-parole de la compagnie, Scott Walker, a confirmé à l’AFP que les récents incidents avaient entraîné une baisse de production d’environ 100.000 barils par jour.

Le 25 mai, Chevron avait annoncé qu’un incident sur un pipeline dans le secteur d’Abiteye (Etat du Delta) avait entraîné une perte “d’environ 100.000 b/j”.

Cela signifie que les attaques perpétrées depuis le 25 mai n’ont pas fait chuter davantage la production, les sites visés n’étant pas en marche lors des attaques.

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Carte du Nigeria localisant le delta du Niger

En raison des violences à répétition dans le delta, région clé pour le Nigeria qui en tire plus de 90% de ses devises, la production pétrolière du pays a chuté d’environ un tiers depuis 2006, passant de 2,6 millions de barils par jour alors à environ 1,8 million b/j actuellement.

Le Mend, s’en prend à tour de rôle aux nombreuses compagnies pétrolières internationales présentes dans le delta.

En septembre 2008, lors d’une précédente “guerre du pétrole”, le groupe armé s’était acharné contre Shell, précisant qu’il s’agissait d’une question d’opportunité.

“Shell semble avoir plein de ces espèces d’oléoducs partout dans la région. Ils ne sont pas une cible spécifique. Nous ne faisons pas de discrimination”, avait commenté le Mend, qui affirme agir au nom des populations locales pauvres et pour une meilleure répartition des richesses.