Le logo d’EDF (Photo : Shaun Curry) |
[27/05/2009 19:01:26] PARIS (AFP) EDF va lancer un emprunt auprès des particuliers pour un montant d’environ 1 milliard d’euros, une manière pour le groupe de financer ses investissements mais surtout de soigner son image auprès du grand public.
Le lancement d’un emprunt directement destiné aux particuliers est une première en France depuis une quinzaine d’années, a souligné Pierre Gadonneix, PDG du groupe, mercredi sur RTL.
“Pour EDF, c’est un redémarrage” puisque le groupe n’avait pas émis d’emprunt de ce type depuis la construction du parc nucléaire dans les années 1980-90, a-t-il ajouté.
Les obligations, d’un montant de 1.000 euros et d’une durée de 5 ans, seront rémunérées au taux fixe de 4,5% par an, a précisé mercredi le Pdg du groupe au Figaro. Le rendement sera ainsi supérieur au taux actuel du Livret A (1,75%).
L’opération, qui doit encore recevoir le feu vert de l’Autorité des marchés financiers, sera ouverte du 17 juin le 10 juillet.
“Le montant n’est pas fixé”, a affirmé Pierre Gadonneix, indiquant seulement qu’il pourrait se situer autour d’un milliard d’euros.
Pour EDF, il s’agit d’abord de répondre à un énorme besoin de financement, lié notamment à la relance de l’énergie nucléaire à travers le monde.
Le groupe construit son premier réacteur de 3e génération (EPR) à Flamanville (Manche), pour un coût de 4 milliards d’euros, et a pour ambition d’en développer une dizaine dans le monde d’ici à 2020.
Pour la seule année 2009, EDF a prévu d’investir 12 milliards d’euros. En France, l’électricien va augmenter ses investissements de plus de 40%, la moitié allant à la rénovation d’un réseau de lignes électriques vétuste.
Le groupe s’est en outre engagé ces derniers mois dans un vaste programme d’acquisitions à l’étranger, avec notamment le rachat du Britannique British Energy pour 13,5 milliards d’euros.
ût 2008 à Paris du PDG du groupe français d’énergie EDF Pierre Gadonneix lors d’une conférence de presse. (Photo : Miguel Medina) |
En conséquence, son endettement a explosé. EDF cherche désormais à en réduire le poids, notamment en transformant sa dette bancaire en emprunt obligataire à des taux moins élevés.
L’entreprise a ainsi émis plus de 11 milliards d’euros d’obligations à destination des investisseurs institutionnels en six mois.
“On n’a jamais vu des conditions d’accès aux marchés financiers aussi favorables”, souligne un spécialiste.
Le groupe pharmaceutique Sanofi-Aventis a par exemple emprunté début mai sur quatre ans à un taux de 3,5%, soit moins que le taux annoncé du futur emprunt d’EDF auprès des particuliers.
L’appel à l’épargne des ménages ne semble donc pas répondre à un objectif de réduction du coûts de la dette.
Il s’agirait surtout pour le groupe de “diversifier ses sources de financement”, remarque Jean-François Robin, stratégiste chez Natixis.
“En outre, il y a aussi un argument politique, il s’agit de montrer qu’EDF est une entreprise populaire, proche du public”, juge-t-il.
De fait, plusieurs connaisseurs du dossier estiment que l’opération va d’abord s’apparenter à “un coup de communication”.
Quelques mois après la révélation d’une affaire d’espionnage ayant visé Greenpeace, l’emprunt va permettre de “tester l’image d’EDF auprès du public”, estime un connaisseur du groupe.
EDF ne devrait pas avoir trop de mal à convaincre l’opinion publique. Selon un sondage récent, elle est l’entreprise préférée des Français, avec 83% de bonnes opinions.
“Je suis persuadé qu’EDF fera très rapidement école”, a affirmé l’économiste Elie Cohen à l’AFP. “Il fallait que quelqu’un qui ait une signature incontestable prenne le risque de se lancer, parce que c’est la crise, mais son exemple sera suivi”.