Air France/KLM en lice pour la privatisation de la compagnie tchèque CSA

[20/04/2009 18:30:24] PRAGUE (AFP)

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à l’aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle, le 13 novembre 2008 (Photo : Lionel Bonaventure)

Les candidatures du groupe franco-néerlandais Air France-KLM et le tchèque Unimex Group/Travel Service ont été retenues pour participer au second tour de la privatisation de 91,51% des parts de la compagnie aérienne tchèque CSA, a annoncé lundi à Prague le ministre tchèque des Finances, Miroslav Kalousek.

Le cabinet a éliminé la compagnie aérienne russe Aeroflot, et le groupe d’investissement tchèque Odien Group détenue par le premier voyagiste local Cedok.

Le choix a été fait “après examen de tous les critères, y compris les critères sécuritaires”, a affirmé M. Kalousek devant la presse, sans vouloir fournir davantage de précisions.

Les Tchèques s’étaient dit prêts à exclure au terme du premier tour tout prétendant contrôlé par un Etat dont la politique représenterait “un risque pour la sécurité de la République tchèque”.

“Nous acceptons tranquillement cette décision, le gouvernement tchèque a le droit de choisir ses partenaires économiques”, a réagi le vice-président d’Aeroflot, Lev Koshlyakov, interrogé par l’agence CTK.

M. Koshlyakov s’est toutefois dit “préoccupé” par certaines déclarations de politiciens tchèques sur une “prétendue menace sécuritaire” qui serait liée à Aeroflot.

“Nous espérons que la décision des autorités tchèques n’a pas été fondée sur de tels jugements subjectifs et politisés”, a ajouté par ailleurs le groupe russe dans un communiqué.

Selon CTK, Aeroflot envisageait de se retirer lui-même de l’appel d’offres, en raison d’une forte opposition de l’un de ses actionnaires minoritaires et aussi du ministre russe des Transports, Igor Levitine, à la transaction envisagée.

“D’ici deux mois, nous attendons les offres des deux prétendants retenus”, a dit M. Kalousek en précisant que le prix serait l’unique critère du second tour.

La décision finale doit être prise avant le 30 septembre et Air France-KLM fait désormais figure de favori, face au groupe d’investissement Unimex associé à Travel Service, la première compagnie charter locale, selon les experts locaux.

Après s’être fait souffler Austrian Airlines par sa rivale allemande Lufthansa, le franco-néerlandais tente à nouveau d’étendre sa toile en Europe de l’Est, son point faible et considère que le réseau de CSA “présente une bonne complémentarité avec celui d’Air France-KLM”.

Prague espère obtenir de 3,5 et 5 milliards de couronnes (131 à 187 millions d’euros) de cette privatisation, qui doit être suivie par celle de l’aéroport international Prague-Ruzyne.

Selon l’analyste du groupe financier Cyrrus, Jan Prochazka, un prix proche de 5 milliards de couronnes “relève désormais de l’utopie”, après l’élimination d’Aéroflot.

“Il n’y a plus de concurrence, il n’y a plus d’accélérateur”, a-t-il expliqué.

Lancée par le gouvernement de centre-droite du Premier ministre Mirek Topolanek, la privatisation devrait être conclue par le gouvernement intérimaire de Jan Fischer qui doit lui succéder début mai et jusqu’aux législatives anticipées attendues en octobre.

Le cabinet Topolanek a été obligé de démissionner après une motion de censure déposée par l’opposition de gauche, en pleine présidence tchèque de l’Union européenne.

Membre de l’alliance commerciale SkyTeam, avec Air France-KLM, Alitalia, Aeroflot et Delta, CSA a récemment annoncé un bénéfice de 500 millions de couronnes (18,7 millions d’euros) avant impôts en 2008, avec une augmentation du nombre de passagers de 2,4% à 5,6 millions de personnes.

Ces derniers mois, la compagnie a suivi une cure d’austérité et s’est séparée de son terminal cargo à l’aéroport de Prague-Ruzyne, ainsi que de ses activités de catering.

Fondée en 1923, la CSA assure actuellement les liaisons vers 68 destinations dans 40 pays, avec une flotte de 51 avions – 19 Airbus (A310, A319, A320, A321), 20 Boeing 737 et 12 moyen-courriers ATR 42 ou ATR 72.