MEDIBAT – L’architecte d’intérieur : les règles d’engagement, selon Faouzi Daoued

Par : Tallel

Concepteur d’espaces, l’architecte d’intérieur est un créateur
avant tout. Il sait jouer avec la lumière, la couleur, et le volume.

Architecte d’intérieur, il élabore le concept, met en œuvre son projet, afin
d’enrichir sa personnalité créative. Au fond de lui, il y a une certaine
volonté, un certain engagement qui l’anime pour la décoration, le design et ce
sont ces deux concepts qui ont guidé son choix.

Diplôme en poche (après un cursus de 5 ans), il est confronté au monde du
travail. Il participe à des stages et pose son empreinte sur différents lieux.

Son premier projet sur la scénographie lui donne l’opportunité de mettre en
œuvre ses idées, sa méthode de pensée personnelle. Après un début de carrière en
demi-teinte, ce jeune architecte d’intérieur commence à se frayer un chemin. Il
alterne les projets, multiplie les maquettes et les propositions.

Aujourd’hui, après 10 ans de pratique et plusieurs réalisations, Faouzi Daoued
choisit de se confier au Guide De L’immobilier.

Entretien

Qu’est-ce qu’un architecte d’intérieur ?

C’est un designer d’espace, ses champs d’application résident
essentiellement dans des arrangements mobiliers, des traitements de
surfaces, de couleurs, de lumières et de matières. Il mène avec compétence
et professionnalisme les concepts et les valeurs dans les projets jusqu’à
leur mise en application sur le chantier.

L’architecte français travaille plus souvent sur le concept alors que
l’architecte américain est plus attiré par le concret, par les détails.
Par-dessus tout, l’architecte d’intérieur requiert des compétences
artistiques et techniques, mais en même temps, il demande de fortes notions
en dessins et une culture solide en mobilier et en design. Ses domaines
d’intervention sont multiples, citons à titre d’exemple le secteur
artisanal, industriel …

C’est un métier à étapes ?

Sources d’idées et d’esthétique, l’architecte d’intérieur agence les
magasins, les bureaux, les commerces mais aussi les hôtels, les hôpitaux,
les municipalités, les appartements et les villas. Il façonne les lieux de
vie en véritable esthéticien.

Recueillir les souhaits de son client est la première étape de ce métier.
La seconde se déroule dans son bureau : l’architecte d’intérieur dessine les
plans sur maquettes tout en tenant compte des contraintes techniques et
budgétaires.

Il élabore ensuite un devis technique avec données matérielles et
financières.

Une fois le projet accepté par le client, l’architecte d’intérieur
devient ainsi le chef du projet. Il assure le suivi du chantier, entretient
des contacts permanents avec les différents professionnels susceptibles
d’intervenir à l’instar de l’électricien, le plombier,…

Votre secteur souffre-t-il de la concurrence ?

Au contraire, nous pensons au renforcement de cette concurrence, en
particulier au sein des jeunes diplômés parce qu’en augmentant la
concurrence, on stimule l’innovation. C’est un peu le sens du message qu’on
cherche à délivrer.

Tout le monde est conscient : il y a trop peu de débouchées pour les
jeunes diplômés, il faut chercher à se diversifier, à se frayer un chemin ;
c’est une profession qui prône la persévérance.

Est-ce qu’il existe vraiment une vraie clientèle en Tunisie ?

Le rôle de l’architecte d’intérieur reste confus : il existe ceux qui
n’éprouvent pas encore le besoin de consulter un architecte d’intérieur,
d’autres qui hésitent à lui faire appel : le client a payé gros, il n’est
plus prêt à prendre des risques. Pour quelques-uns, l’architecte d’intérieur
est devenu un prestige, un produit de mode. Les clients demandent des
prévisualisations, et des maquettes en 3D. C’est chic, c’est prestigieux !

Cette situation à quoi est-elle due ?

Le secteur souffre d’anarchies, d’ignorance ! D’ailleurs, en cas de
nouveaux projets, l’Etat exige, généralement, un architecte ou un ingénieur
de béton mais jamais un architecte d’intérieur. Aujourd’hui, avec les
multiples mégaprojets qui seront construits en Tunisie, on espère susciter
un peu d’intérêt. Dommage qu’il n’existe pas d’organisme qui motive la
profession, qui nous propose auprès des instances concernées.

Vous préparez une demande de création d’une association pour les
architectes d’intérieur, s’agit-il d’une bonne mesure ?

Oui, car c’est la traduction concrète de la volonté affichée par les
architectes d’intérieur de la Tunisie.

Cette association va leur donner un coup de pouce moral vis-à-vis des
autres associations, telle que l’association nationale des architectes. Elle
sera un lieu de rencontre pour les architectes d’intérieur tunisiens quelles
que soient leurs hiérarchies professionnelles et scientifiques.

Quels sont les objectifs visés par le projet de l’association ?

Il s’agit avant tout de créer un espace de communication entre les
différentes générations d’architecte d’intérieur afin de nouer des contacts
et d’optimiser les chances de travail pour la jeune génération. Elle aura
pour objectif de présenter le secteur chez les promoteurs nationaux et
internationaux.

Autre objectif : encadrer les jeunes architectes d’intérieur qui veulent
se lancer dans l’exercice de la profession à titre libéral, vu la difficulté
de se constituer une clientèle avec peu de références, et peu de confiance
en soi.

L’association verra-t-elle le jour ?

Il s’agit d’une question cruciale pour l’avenir de la profession, mais
dommage qu’on en parle peu.

Comment vous vous diversifiez des autres ?

Le début était difficile par le fait que je ne connaissais personne du
métier. Pas de réseau, pas de relations personnelles. Et puis, petit à
petit, je me suis fait connaître en réaménageant les commerces et les
pharmacies.

D’ailleurs, le design de ces dernières est devenu le quotidien de mon
agence surtout après le franc succès de la pharmacie du centre Makni.

Personnellement, mon vécu et mon entourage m’ont très tôt sensibilisé :
je suis le genre de personnes qui n’imposent pas ses choix à ses clients.

Est-ce que vous recherchez une architecture personnifiée ?

Certes, ce que je fais est le reflet de ma personnalité. Nul ne peut le
nier.

Faire de la décoration, effectuer des designs : ce sont des impressions,
des mises en lumières. Il ne s’agit pas d’acheter une série d’accessoires et
de les superposer. Il faut créer une démarche architecturale adaptée au lieu
et à la personnalité de son propriétaire. La règle est qu’il faut surprendre
!!!

Mon désir est de faire du design, j’aime l’idée de la créativité, mon
goût pour tout ce qui est architecture traditionnelle m’a valu cette
distinction, cette empreinte.

Votre recette ?

Ma recette ? Innover en misant sur le traditionnel, j’ai toujours eu un
faible pour l’architecture domestique de la Médina, pour le patio, ce lieu
de vie, de réception et de service.

J’adore l’ornementation traditionnelle : les faïences ou les panneaux de
céramiques des revêtements muraux. Ou encore la calligraphie et les éléments
ornementaux en bois peints.

Selon vous, quels sont les critères d’une carrière accomplie ?

De l’habillage d’une façade au design d’un magasin, au réaménagement
d’une villa, les missions de l’architecte d’intérieur se suivent mais ne se
ressemblent pas. Seule son agilité intellectuelle compte. Pour un architecte
d’intérieur, la communication et l’échange sont essentiels pour la réussite
d’un projet.

Il faut être concret sur les détails, il faut qu’il y ait une approche
intellectuelle du travail. C’est en respectant toutes ces règles, que je
pense avoir réussi mon début de carrière.

Le combat reste à mener et c’est sans doute ce qui est stimulant !