La crise rogne bénéfices et dividendes des entreprises du CAC 40

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à Manassas (Virginie) (Photo : Karen Bleier)

[21/02/2009 08:53:20] PARIS (AFP) La crise a commencé à rogner les bénéfices de beaucoup de sociétés du CAC 40 en 2008 et les dividendes versés aux actionnaires, sujets à polémique face à la montée des suppressions d’emplois, s’en ressentent également.

A mi-parcours de la saison des résultats annuels qui s’achève courant mars, les fortunes sont toutefois très diverses: d’un côté la construction, l’automobile et la banque, secteurs très éprouvés; de l’autre, Total qui affiche un profit de 13,9 milliards d’euros, un record en France, à des encablures toutefois des 45 milliards de dollars historiques de l’américain ExxonMobil.

Si la situation florissante des neuf premiers mois a permis à nombre de groupes de faire bonne figure pour l’ensemble de 2008, “la plupart des comptes sont marqués par le très mauvais dernier trimestre”, commente Jean-Paul Pierret, directeur de la stratégie chez Dexia. A l’instar d’ArcelorMittal qui a enregistré sa première perte au 4e trimestre.

Toutefois, “les groupes leaders mondiaux, avec une activité bien répartie géographiquement, dans des secteurs pas trop cycliques, sauvent les meubles”, relève M. Pierret, évoquant les cas de L’Oréal (1,9 milliard de profits) et Air Liquide (1,2 milliard).

En revanche, pour les secteurs dans l’oeil du cyclone de la crise, les dégâts sont flagrants.

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éroulée sur la façade du géant pharmaceutique Sanofi-Aventis, le 2 octobre 2008 à Paris (Photo : Jacques Demarthon)

Contrairement à leurs homologues suisses, les banques françaises restent pour l’instant dans le vert, mais le bénéfice de BNP Paribas a fondu. La Société Générale gonfle ses résultats 2008 uniquement parce que l’année 2007 avait été amputée des conséquences de l’affaire Kerviel.

Le secteur de la construction souffre, comme en témoigne la chute de 15% du bénéfice de Lafarge. Dans l’automobile, les profits de Michelin (-54%) et Renault (-78%) se sont réduits comme peau de chagrin. PSA a rejoint le club des déficitaires, aux côtés d’Alcatel-Lucent et STMicroelectronics.

Malgré cela, certains chiffres restent vertigineux: encore 9 milliards de dollars de profits pour ArcelorMittal, 7 mds d’euros pour Sanofi-Aventis, plus de 3 pour EDF ou 2 pour LVMH.

Au total, les bénéfices du CAC 40 devraient atteindre moins de 75 mds d’euros, anticipe le fournisseur de données Factset, en net recul par rapport aux 100 milliards inscrits pour 2007. Pour l’heure, seules 22 entreprises ont publié leurs résultats.

Par ricochet, “il est assez normal que les dividendes baissent aussi”, note Jean-Paul Pierret. Mais aucune règle claire ne se dégage, malgré l’appel de Nicolas Sarkozy à limiter les dividendes et à répartir équitablement les bénéfices entre actionnaires, salariés et investissements.

Dorloter des actionnaires déjà refroidis par le plongeon des marchés, garder un maximum de liquidités pour traverser la crise et ne pas abîmer son image publique, l’arbitrage est délicat. Et les discours variés.

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éal (Photo : Kevin Parry)

Si Lakshmi Mittal affirme que “tout le monde doit participer” aux efforts contre la crise, Pierre Gadonneix, patron d’EDF, veut avant tout “garder la confiance” des actionnaires.

En fait, “cela dépend des rapports de force entre actionnaires et dirigeants”, estime Arnaud Riverain, responsable de la recherche chez Arkéon Finance.

A ce jour, seuls Renault et Alcatel-Lucent ont décidé de ne pas verser de dividendes cette année.

Pour 2009, la prudence reste de mise chez les grands groupes français, qui livrent peu de pronostics sur leurs résultats en raison d’un “manque de visibilité”. Et l’on voit désormais certains grands patrons admettre qu’ils tâtonnent.

“On espère bien faire et on verra dans six mois où on en sera”, déclarait récemment Bernard Arnault, PDG du groupe de luxe LVMH.