USA : en un mois, Obama a déjà joué sa présidence à la roulette russe

photo_1235070023247-1-1.jpg
énérale du Canada Michaëlle Jean, à l’aéroport d’Ottawa , le 19 février 2009 (Photo : Jim Watson)

[19/02/2009 19:01:57] WASHINGTON (AFP) Barack Obama, qui marque vendredi son premier mois à la Maison-Blanche, a pris en peu de temps des décisions risquées qui pourraient faire de lui le sauveur de l’économie américaine mais aussi précipiter sa chute après un seul mandat.

Arrivé le 20 janvier à la tête d’une puissance en crise, Barack Obama a eu le temps de promulguer un énorme plan de relance de 787 milliards de dollars, qui s’ajoute aux interventions massives de l’Etat dans la finance, l’immobilier et l’automobile.

Si ces initiatives permettent de relancer l’économie, Obama passera à la postérité comme une sorte de magicien politique, aux côtés des plus grands présidents de l’histoire américaine.

Mais si l’Amérique s’enfonce dans une décennie de stagnation, comme le Japon dans les années 1990, Barack Obama sera accusé d’avoir fait exploser le déficit budgétaire et la dette.

“Si ça ne marche pas, si la situation économique empire, il aura un lourd passif à gérer”, observe l’historien Julian Zelizer, de l’université de Princeton. “Le pari est en marche”.

S’il bénéficie pour l’heure d’un état de grâce dans l’opinion, le nouveau président sait qu’il sera jugé sur ses résultats, comme il l’a reconnu la semaine dernière en Floride.

“Si, d’ici quelques années, les gens n’ont pas le sentiment que l’économie est repartie (…) et que je n’ai pas orienté le pays dans la bonne direction, alors vous aurez un nouveau président”, a-t-il lancé.

Barack Obama pense qu’il peut profiter de la crise économique pour réformer les Etats-Unis en profondeur, analyse le politologue Dennis Goldford, de l’université de Drake.

“Comme il l’a dit lui-même, s’il réussit, il décrochera un second mandat, s’il échoue, il n’en fera qu’un seul”, ajoute le politologue, alors que la prochaine élection présidentielle est prévue en novembre 2012.

L’audace du plan de relance de la nouvelle administration peut expliquer pourquoi son appel au consensus a été rejeté par l’opposition républicaine, qui escompte probablement qu’un échec d’Obama sur le front économique lui apportera la victoire dans les urnes.

Pour l’heure, le nouveau chef d’Etat a rapidement défait l’héritage de son prédécesseur George W. Bush: il a ordonné la fermeture de la prison de Guantanamo, interdit la torture, ordonné des renforts pour l’Afghanistan et demandé à ses généraux de planifier un retrait d’Irak.

Mais les épreuves n’ont pas manqué: le nouveau plan de sauvetage du secteur financier a été mal reçu par les marchés. L’administration doit à présent décider jusqu’où elle soutiendra le secteur automobile, alors que les géants General Motors et Chrysler ont demandé 25 milliards de dollars de plus pour échapper à la faillite.

Plusieurs personnalités désignées pour occuper des postes importants ont dû renoncer à la suite d’embarrassants problèmes fiscaux, particulièrement Tom Daschle, qui devait devenir secrétaire à la Santé et réformer l’assurance maladie.

Les défis n’ont pas tardé non plus sur le front international, notamment de la part de la Corée du Nord, qui menace d’effectuer un tir de missile. Quant aux électeurs israéliens, ils ont choisi un parlement peu enclin au compromis avec les Palestiniens.

Face à la gravité de l’heure, Barack Obama a en tout cas semblé se glisser sans difficulté dans son rôle, observe Julian Zelizer: “Bush avait mis plus de temps à avoir l’air d’un président. Il avait fallu attendre le 11-Septembre et son célèbre discours devant les pompiers du World Trade Center”.