La France, accusée de protectionnisme, décidée à imposer son plan automobile

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èque des Finances, Miroslav Kalousek au côté de Christine Lagarde, le 20 janvier 2009 à Bruxelles (Photo : Dominique Faget)

[11/02/2009 15:38:10] PARIS (AFP) La France s’est montrée déterminée mercredi à imposer son plan de soutien de plusieurs milliards d’euros au secteur automobile, se défendant de tout protectionnisme face à de nouvelles accusations de ses partenaires européens.

“Non, ce n’est pas du protectionnisme. Le protectionnisme c’est quand on prend des mesures fiscales, réglementaires, pour interdire à des pays avec lesquels on commerce de vendre leurs produits en France”, a déclaré le secrétaire d’Etat français aux Affaires européennes Bruno Le Maire.

L’aide française au secteur automobile n’est “pas illégale au regard du droit communautaire”, a assuré le ministre. “Il n’y a rien de scandaleux”, a appuyé le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel.

Cette controverse sur le protectionnisme risque de gâcher les préparatifs d’un sommet européen, convoqué le 1er mars à Bruxelles, sous la pression de Paris et Berlin qui souhaitent une meilleure coordination des plans anticrise.

Le Premier ministre tchèque Mirek Topolanek, président en exercice de l’UE, est revenu à la charge mercredi contre Paris: “le 1er mars, nous allons inviter les chefs d’Etat pour tenter de trouver un équilibre entre ceux qui pensent qu’il est possible de violer les règles et ceux qui ne le pensent pas, et dont je fais partie”, a-t-il dit lors d’une conférence de presse.

La France a annoncé lundi des prêts de six milliards d’euros à taux préférentiels pour ses deux constructeurs nationaux Renault et PSA Peugeot Citroën, en contrepartie d’engagements sur le maintien de la production en France.

Cet engagement à ne pas délocaliser et à garder l’emploi en France a été martelé ces derniers jours par le président français Nicolas Sarkozy. Il est au centre de critiques de la République tchèque et de la Slovaquie, qui accueillent des usines automobiles françaises, mais aussi de l’Allemagne et de la Commission européenne.

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à l’Elysée le 4 février 2009 à Paris (Photo : Eric Feferberg)

L’obligation de garder une unité de production en France “rendrait ces aides illégales” par rapport au droit communautaire, avait prévenu mardi un porte-parole de la Commission européenne.

Les aides publiques au secteur automobile ne doivent pas s’affranchir des règles européennes sur la concurrence, a rappelé mercredi la chancelière allemande, Angela Merkel, tandis que le nouveau ministre allemand de l’Economie Karl-Theodor zu Guttenberg jugeait que le plan français n’était “pas exempt de critiques”.

En réponse, son homologue française de l’Economie Christine Lagarde l’a invité à Paris pour le “rassurer sur le contenu du plan”, a-t-on appris auprès de son entourage, qui n’a pas précisé si un rendez-vous était déjà fixé.

Le Premier ministre français François Fillon doit se rendre lui aussi jeudi à Bruxelles en mission d’explication auprès du président de la Commission européenne José Manuel Barroso.

“Luttez contre le nationalisme économique, contre le protectionnisme interne, contre toutes les formes de populisme et d’extrémisme”, a lancé mercredi le président de la Commission, à l’adresse des leaders européens.

Mais la France veut sauvegarder une filière, qui concentre 10% de l’emploi salarié en France et pour laquelle elle a engagé au total 9 milliards d’euros depuis le début de la crise.

PSA Peugeot Citroën a annoncé mercredi une perte financière de 343 millions d’euros pour 2008 et 11.000 départs volontaires dans ses usines européennes en 2009, dont plus de la moitié en France. Un prolongement de plans de départs déjà annoncés, a-t-il assuré.