La présidence tchèque de l’UE en croisade contre le protectionnisme

[10/02/2009 15:29:54] BRUXELLES (AFP)

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èque des Finances, Miroslav Kalousek (d), au côté de son homologue française Christine Lagarde, le 20 janvier 2009 à Bruxelles (Photo : Dominique Faget)

La présidence tchèque de l’UE a continué mardi à attiser la polémique sur le retour du protectionnisme en Europe, avec la France dans le collimateur, mettant un peu plus en évidence les difficultés des Vingt-Sept à se mettre d’accord sur une approche commune face à la crise.

“La présidence est d’avis que le risque le plus important à l’heure actuelle est celui du protectionnisme”, a déclaré le ministre tchèque des Finances, Miroslav Kalousek, en arrivant à une réunion avec ses collègues de l’Union européenne à Bruxelles.

“Certains des signaux (en ce sens) sont si forts que le Premier ministre (tchèque Mirek Topolanek) a décidé d’organiser un sommet dès que possible de manière à ce que que les chefs d’Etat et de gouvernement disent clairement non au protectionnisme”, a-t-il ajouté.

Ce sommet extraordinaire de l’UE, dont le principe avait été annoncé la veille, se tiendra d’ici fin février.

Les Tchèques entendent ainsi clairement mettre la pression sur Paris. Ils dénoncent depuis plusieurs jours la France, et avec une véhémence inhabituelle pour une présidence de l’UE, ce rôle obligeant en principe à une certaine réserve.

Prague, rejoint par la Slovaquie voisine, voit dans les aides au secteur automobile annoncées lundi par Paris, d’un montant de 7,8 milliards d’euros, un risque protectionniste car certaines d’entre elles sont conditionnées au maintien de l’activité en France.

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évrier 2009 à L’Elysée (Photo : Michel Euler)

Les Tchèques ne décolèrent pas depuis que le chef de l’Etat Nicolas Sarkozy a critiqué les délocalisations dans leur pays, l’une des terres de prédilection des groupes automobiles français depuis plusieurs années.

Pour ne rien arranger, M. Sarkozy a aussi suscité une certaine irritation en Grande-Bretagne en critiquant les mesures de relance prises par le Premier ministre Gordon Brown, avec lequel il s’était pourtant rapproché fin 2008 à la faveur de la crise bancaire.

La présidence française a dû publier un communiqué mardi pour assurer M. Brown de “toute son estime” et déplorer la manière dont les propos du chef de l’Etat “ont été rapportés au Royaume-Uni”.

M. Sarkozy avait estimé que la décision de M. Brown d’abaisser la TVA de 17,5% à 15% dans l’espoir de relancer la consommation, n’avait “amené absolument aucun progrès”.

Des propos qui ont illustré un autre clivage en Europe portant sur les réponses à la crise, entre les partisans d’une relance par la consommation, et ceux qui penchent pour une relance par l’investissement, comme en France ou en Allemagne. Avec pour résultat d’encourager le chacun pour soi des Etats.

Le ministre suédois des Finances Anders Borg a mis les pieds dans le plat mardi, s’inquiétant “d’un risque de voir la coordination s’effondrer” en Europe face à la récession.

Plus diplomatique, son collègue britannique Alistair Darling a jugé que “ce que fait chaque pays est important mais (que) cela aura beaucoup plus d’impact si nous sommes prêts à agir de concert”.

Les Européens peinent ainsi à se mettre d’accord sur la manière de réagir à la persistance de la crise des banques, et sur l’opportunité de les soulager de leurs actifs à risques. Un problème désormais jugé crucial, tant en Europe qu’aux Etats-Unis, car il freine les prêts aux ménages et aux entreprises.

Les ministres des Finances devaient examiner mardi des propositions de cadre commun dans ce domaine, mais le ministre tchèque Miroslav Kalousek s’est montré réservé. “C’est une question sensible, il n’y aura pas d’accord sur une méthodologie unique mais j’espère que nous allons progresser dans les discussions”, a-t-il dit.