France : chômeurs inscrits en hausse de 11,4% en 2008

[02/02/2009 20:08:32] PARIS (AFP)

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à Issy-les-Moulineaux, le 31 octobre 2008 (Photo : Boris Horvat)

Après deux années d’amélioration, le marché du travail en France s’est fortement retourné en 2008, avec 217.000 personnes supplémentaires inscrites ou réinscrites à l’ANPE fin décembre, en pleine crise et en plein débat sur le plan de relance.

Le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie 1 à l’ANPE, baromètre officiel depuis 1995, a atteint 2.114.300 fin décembre, en hausse de 11,4% sur un an, a indiqué le ministère de l’Emploi. La catégorie 1 ne retient que les personnes à la recherche d’un emploi à temps plein et à durée indéterminée.

La hausse touche aussi bien les hommes (+16,3%), les femmes (+6,4%), les jeunes (+19,5%) ou les 50 ans et plus (+8,8%), et a eu lieu surtout à partir d’août.

En décembre, le nombre d’inscrits a augmenté de 2,2% (+45.800).

Ces mauvais chiffres, comparés à un “tsunami social” par le PS, sont tombés quatre jours après les manifestations massives de 1 à 2,5 millions de personnes en France, à l’appel de tous les syndicats qui réclament un changement rapide de la politique gouvernementale, en faveur de l’emploi notamment, et un moratoire sur les suppressions de personnels publics.

“Cette situation ne fait que souligner la nécessité du plan de relance (…) qui privilégie le soutien à l’investissement”, a au contraire jugé la ministre de l’Economie et de l’Emploi Christine Lagarde.

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à Davos. (Photo : Pierre Verdy)

Le plan, présenté à Lyon, ne suffira cependant pas à éviter une récession et l’objectif, que s’était fixé Nicolas Sarkozy, de 5% de chômeurs en 2012 est compromis.

“Il faut que le président accepte de dire +je change de politique+”, a plaidé la première secrétaire du PS, Martine Aubry, estimant qu'”à ce rythme, le taux de chômage pourrait franchir la barre des 10% dès 2009″.

Le Front national a taxé M. Sarkozy de “président du chômage de masse”.

En 2007, la France affichait encore un rythme de création d’emplois inédit depuis 2000, dont les syndicats pointaient cependant la précarité.

De fait, les jeunes, contraints au CDD et à l’intérim, ont été les premiers à souffrir, dès janvier 2008. Ils sont aussi les plus mal indemnisés. Le projet de nouvelle couverture chômage se propose d’y remédier en partie, mais au prix d’un raccourcissement controversé de l’indemnisation des autres, sur le principe un jour cotisé = un jour indemnisé.

Face aux plans sociaux annoncés quotidiennement, le gouvernement prévoit une enveloppe directement consacrée à l’emploi de 500 millions d’euros sur les 26 milliards du plan de relance. Elle ira à l’indemnisation du chômage partiel, à des contrats aidés, des efforts de reclassement pour 10.000 personnes dans des zones sinistrées comme Douai, Calais, l’Etang de Berre ou Mulhouse.

Le gouvernement a aussi exonéré de cotisations sociales les chefs d’entreprise de moins de 10 salariés embauchant en 2009.

Insuffisant, estiment les syndicats, qui réclament davantage de soutien aux consommateurs pour enrayer le cercle vicieux chômage/récession.

Pour FO, si le gouvernement est si sûr de l’efficacité de son plan, il n’a qu’à décréter “un moratoire sur les licenciements en attendant les résultats”.

Le nombre de chômeurs en catégorie 1 était repassé en octobre au-dessus de la barre symbolique des deux millions, pour la première fois depuis avril 2007.

En 18 ans, il n’est jamais descendu sous les 1,8 million.

L’explosion des chiffres est un casse-tête pour Pôle emploi où 75.000 dossiers en retard s’entassent au moment même où les services ANPE se regroupent avec les Assedic. Mais il n’y a pas de retard de paiement, selon le directeur général Christian Charpy.