GE se prépare au pire pour 2009, après une année 2008 médiocre

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Logo de General Electric (Photo : Stan Honda)

[23/01/2009 17:42:24] NEW YORK (AFP) Le conglomérat américain General Electric, considéré comme le baromètre de Wall Street en raison de la diversité de ses activités, a averti vendredi que l’année 2009 allait être “extrêmement dure”, après avoir déjà subi une contraction de 22% de ses résultats l’an dernier.

Sur les trois derniers mois de l’année écoulée, qui correspondent à la phase la plus aiguë de la crise économique actuelle, le bénéfice net du groupe a plongé de 44%, pour revenir à 3,72 milliards de dollars. Sur l’ensemble de l’année, son résultat net est tombé à 17,41 milliards de dollars.

Le marché s’y attendait, après que le groupe eut révisé à la baisse ses prévision en décembre, mais a néanmoins sanctionné le titre.

A 17H00 GMT, l’action GE plongeait de 7,20% à 12,51 dollars, tombant à des niveaux qu’elle n’avait plus connus depuis la fin 1995.

“Nous nous attendons à ce que 2009 soit extrêmement dur”, a souligné le PDG Jeff Immelt, “mais nous avons pris des mesures fortes pour préparer la société”.

Pour mieux faire face à la prolongation de la crise, GE va réduire la voilure de ses activités financières, dont l’activité devrait baisser de 5%. Celles-ci, qui généraient ces dernières années jusqu’à 60% des profits du groupe, devraient voir leur bénéfice baisser de 40% cette année, à 5 milliards de dollars, contre 8,6 milliards de dollars en 2008.

La mauvaise santé de la branche financière ne sera qu’imparfaitement compensée par la progression prévue de l’activité indusrielle (+3%).

GE table en conséquence sur, au mieux, une stagnation de son chiffre d’affaires et au pire, sur un recul de 5%.

M. Immelt, qui a promis un retour à la croissance à deux chiffres sitôt la récession passée, a vanté la bonne résistance de son groupe, évoquant notamment un carnet de commandes riche de 172 milliards de dollars dans les infrastructures et les services, et une trésorerie de 48 milliards de dollars.

Sur le site financier Briefing.com, l’analyste Patrick O’Hare se demandait si GE ne noircissait pas le tableau pour 2009 à dessein, pour mieux pouvoir vanter ses performances après coup. “En concluant que GE +bâtit des fondations solides pour 2010 et au-delà+, il est clair que GE essaie de rabaisser les attentes pour cette année”, selon M. O’Hare.

La chute du bénéfice enregistrée en fin d’année est notamment due à 1,5 milliard de dollars mis de côté en anticipation des mauvais jours: il s’agit de réserves et de provisions pour les restructurations à venir, dont le groupe escompte 1 milliard d’économies dès 2009.

Alors que les analystes spéculaient vendredi sur une éventuelle réduction du dividende, pour que les actionnaires participent à l’austérité, M. Immelt s’est réclamé d’une glorieuse tradition qu’il semble vouloir poursuivre.

“Nous versons un dividende depuis plus de cent ans, cela fait 32 ans que nous l’augmentons”, a-t-il souligné.

Au quatrième trimestre, le dividende reste stable à 31 cents, sur l’année il progresse de 8% à 1,24 dollar.

GE, dont les activités vont de la fabrication d’ampoules à la distribution de crédits, en passant par les centrales électriques, les moteurs d’avions et la télévision (NBC), est cependant confronté à un dilemme: satisfaire ses actionnaires ou préserver sa solidité financière.

L’agence d’évaluation financière Standard and Poor’s envisage en effet de dégrader la note de GE Capital, alors que le conglomérat est l’une des très rares sociétés américaines à pouvoir se vanter de la notation maximale “AAA”, à laquelle M. Immelt a confirmé qu’il était très attaché.

Une note élevée permet aux entreprises d’obtenir de meilleurs termes pour leurs emprunts. Elle est vitale pour l’activité de service financiers, qui n’accueille pas de dépôts et doit donc se refinancer sur le marché.

L’analyste Vince Farrell, de la société de Bourse Soleil Securities Group, a jugé plus prudent de rester en cour avec les agences de notation qu’avec les actionnaires. “Vous pouvez toujours relever le dividende, c’est plus dur de récupérer sa note”, a-t-il souligné sur la chaîne de télévision CNBC.

A la Deutsche Bank, l’analyste Nigel Coe a en revanche souligné que le maintien des dividendes était “absolument essentiel au sentiment du marché”.

M. Coe s’est également inquiété des perspectives dessinées par GE. “Si GE capital rate sa cible (d’un bénéfice des activités financières) de 5 milliards de dollars, il y a aura peu de compensation côté industriel”, souligne-t-il.

L’analyste a en effet relevé la baisse de 6% des commandes de la division infrastructure et le déclin des profits de la branche médias.