[22/01/2009 23:30:05] NEW YORK (AFP)
à Las Vegas (Photo : Ethan Miller) |
Gagné à son tour par la crise, le géant américain des logiciels Microsoft a annoncé jeudi le départ de 5.000 employés, en réaction à une baisse de ses bénéfices plus prononcée qu’escompté.
“Nous ne sommes pas immunisés contre les effets de (la dégradation de) l’économie”, a reconnu le PDG Steve Ballmer dans un communiqué.
M. Ballmer a assuré que les départs seraient partiellement compensés par des embauches pour aboutir à des suppressions nettes de 2.000 à 3.000 emplois dans les 18 mois à venir. 1.400 salariés devaient quitter leurs fonctions dès jeudi.
Cette annonce coïncide avec celle d’un déclin de 11% du bénéfice net du groupe pour ses trois mois d’activité allant d’octobre à décembre, à 4,17 milliards de dollars. Les investisseurs ont aussitôt sanctionné le titre, qui plongeait de 10,53% à 17,35 dollars vers 17h30 GMT jeudi.
“Avec les tendances que nous observions, rien de tout cela n’est une grande surprise – et ce n’est pas joli, pas du tout”, a commenté sur le site 247wallst.com l’analyste Jon Ogg.
Le cabinet de ressources humaines Challenger, Gray & Christmas soulignait de son côté qu’il s’agissait de “la première annonce de licenciements de cette envergure dans l’histoire” du groupe fondé par Bill Gates.
Microsoft, qui comptait jusqu’à présent 91.000 employés, avait pris l’habitude d’accroître ses effectifs de 15% par an ces dernières années.
“Cette annonce est une preuve supplémentaire de l’impact croissant de la récession sur le secteur technologique, qui avait d’abord paru moins vulnérable”, souligne encore Challenger.
La veille, le numéro un mondial des microprocesseurs, l’américain Intel, avait également annoncé une chute de ses bénéfices (-24%) et des fermetures d’usines qui toucheront de 5.000 à 6.000 personnes.
Microsoft est confronté au ralentissement des ventes d’ordinateurs, qui pèse sur son coeur de métier: ses ventes de logiciels et systèmes d’exploitation.
“Les ventes de PC ont stagné”, a souligné le directeur financier Chris Liddell, alors qu’il y a quelques mois encore le groupe de Redmond (Etat de Washington, nord-ouest) tablait sur une croissance de l’ordre de 10% à 12%.
Ajoutant à la sinistrose, M. Ballmer a souligné que ses hypothèses de travail ne tablaient “pas sur un rebond rapide”.
Après avoir revu à la baisse ses prévisions annuelles en octobre, Microsoft a annoncé jeudi qu’il renonçait désormais à avancer des pronostics, “en raison de la volatilité des conditions du marché”.
Pour le deuxième trimestre de son exercice décalé 2008/09, Microsoft a vu son chiffre d’affaires atteindre 16,63 milliards de dollars, en hausse de 2% par rapport au dernier trimestre 2007, alors que les analystes attendaient 17,08 milliards de dollars.
“Le fait que nous gardions de la croissance dans la récession la pire depuis deux générations reflète les fondements solides de nos affaires”, a toutefois fait valoir M. Ballmer.
Les mesures d’austérité déjà prises ont permis une réduction de 600 millions de dollars des coûts opérationnels entre octobre et décembre. Les dépenses de voyages seront encore réduites de 20%, et des travaux d’agrandissement dans la région de Seattle, berceau du groupe, ont été revus à la baisse.
La principale activité de Microsoft, la vente de logiciels, a reculé de 8%, en raison à la fois de la faiblesse du marché et de la pression sur les prix apportée par les mini-ordinateurs (netbooks).
Les services en ligne, (moteur de recherche, publicité sur internet…) ont continué à grever les comptes: cette division a presque doublé ses pertes opérationnelles en un an, à 471 millions de dollars.
M. Liddell s’est toutefois félicité de la croissance de 7% des recettes publicitaires sur internet et a confirmé que cette activité restait un axe de développement prioritaire.