Forte baisse de la demande mondiale de pétrole en 2009, prévoit l’AIE

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étrole, le 21 juillet 2008 à Taft (Californie) (Photo : David Mcnew)

[16/01/2009 12:16:11] PARIS (AFP) L’Agence internationale de l’Energie a de nouveau abaissé drastiquement ses prévisions de demande mondiale pétrolière vendredi, citant la détérioration de l’économie, et table désormais sur une contraction en 2009 comme en 2008, la première sur deux ans depuis 26 ans.

Dans son rapport mensuel sur le marché pétrolier, l’AIE a revu à la baisse sa prévision de demande mondiale 2009 de 1 million de barils par jour (mbj) à 85,3 mbj. C’est la révision “la plus importante depuis 12 ans”, souligne David Fyfe, chef analyste de l’AIE, interrogé par l’AFP.

La consommation d’or noir devrait donc se contracter de 0,6% cette année et pour 2008, l’AIE prévoit un recul de 0,3% à 85,8 mbj. “La contraction de la demande de pétrole sur deux années” consécutives serait, si elle se matérialisait, “une première depuis 1982 et 1983”, ajoute-t-elle.

Ces révisions sont la conséquence “de la division par deux des prévisions de croissance (mondiale), à présent attendue à 1,2%” pour cette année, explique l’AIE.

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a elle aussi revu à la baisse sa prévision de demande mondiale de pétrole pour 2009 et estime qu’en 2008 la consommation planétaire s’est contractée de 0,1 mbj. David Fyfe note que la moitié de l’abaissement de la demande attendue cette année provient pour moitié des pays industrialisés, pour moitié des pays émergents, “en particulier de la Chine”, qui représente à elle seule 30% de la révision à la baisse.

“La demande chinoise, actuellement à 8 mbj, ne devrait augmenter que de 0,1 mbj cette année”, presque rien, “alors qu’elle bondissait de 4%, 5% voire 6% par an ces dernières années”, insiste-t-il. L’AIE affirme par ailleurs que l’offre mondiale était inchangée en décembre à 86,2 mbj, “la baisse de production de l’Opep ayant été compensée” en Amérique du Nord, en Chine et au Brésil.

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à essence à Bordeaux le 20 août 2008 (Photo : Pierre Andrieu)

En revanche, la production planétaire est en baisse de 200.000 bj sur un an, “les récentes baisses de production de l’Opep ayant ramené la production largement sous son niveau de décembre 2007”. L’Opep a pompé en décembre 30,9 mbj, 330.000 barils/jour de moins qu’en novembre et 1 mbj de moins qu’en septembre. Elle a annoncé le 17 décembre à Oran (Algérie) une baisse record de son offre de 2,2 mbj, la troisième réduction depuis septembre.

“S’il est encore trop tôt pour juger de l’impact” de cette baisse entrée en vigueur le 1er janvier, les premiers signes montrent que “les membres clé de l’Opep resserrent leur production de façon importante”.

L’Arabie saoudite, premier producteur mondial et leader du cartel, a coupé la sienne de près d’un demi-million de barils par jour à 8,45 mbj en décembre, et devrait en faire autant en janvier.

L’AIE, qui défend les intérêts énergétiques des pays industrialisés, estime que l’Opep devrait produire 29,5 à 30 mbj pour répondre à la demande cette année, et qu’elle produira un peu moins si elle met en oeuvre l’ensemble des baisses annoncées.

Le cartel cherche en effet à “faire diminuer les stocks de brut” des pays industrialisés membres de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), remarque M. Fyfe.

Les stocks de l’OCDE, de 2.658 mb en novembre, sont en recul mais couvrent 56,4 jours de consommation, un niveau que l’Opep juge trop élevé et qui d’après elle participe à la chute spectaculaire des cours du brut ces derniers mois, qui ont dégringolé de quelque 100 dollars depuis leur record de 147,50 dollars le 11 juillet.