Martine Aubry (PS) condamne “l’intrusion terrestre israélienne”

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écembre 2008 au siège du PS à Paris (Photo : Franck Fife)

[07/01/2009 18:15:40] PARIS (AFP) Le gouvernement et Martine Aubry se sont affrontés mercredi sur le plan de relance anti-crise, devenu un cheval de bataille de la première secrétaire du PS dans sa nouvelle stratégie d’opposition.

Face à un PS qui se veut “opposant ardent” à la politique de Nicolas Sarkozy, le ministre du Budget Eric Woerth a combattu les arguments développés le matin même par la maire de Lille – hors hémicycle, puisqu’elle n’est pas députée – contre un plan qu’elle juge “pas sérieux”.

“J’entendais ce matin la première secrétaire du Parti socialiste dire que nous étions le +mouton noir de l’Europe+. Comment franchement peut-on dire cela?”, a déclaré M. Woerth, en présentant le plan chiffré à 26 milliards d’euros, devant une vingtaine de députés seulement.

“La France est, avec le Royaume Uni, à l’initiative du plan de relance européen, le président de la République en particulier. La France a pris avec une rapidité exemplaire les mesures nécessaires”, a plaidé le ministre.

Mme Aubry a estimé sur RTL que le plan français “n’est pas sérieux” car “l’Allemagne annonce un plan de 50 milliards”. “Les pays qui nous entourent sont déjà – et nous regardent un peu comme des moutons noirs – dans des relances à court terme, massives et marchant sur les deux pieds: consommation et investissement”.

La première secrétaire doit présenter le 20 janvier son “contre-plan”. Déjà, le PS a annoncé qu’il voterait contre le paquet dévoilé par le chef de l’Etat à Douai le 4 décembre, y voyant un plan “unijambiste” misant tout sur l’investissement et la trésorerie des entreprises et oubliant le pouvoir d’achat.

“Notre politique budgétaire marche bien sur deux jambes”, s’est défendu M. Woerth.

Le ministre a estimé que “d’autres mesures ont déjà été prises par le gouvernement” pour “le soutien de l’activité et notamment des revenus et de la consommation”, citant la “revalorisation des prestations sociales, particulièrement fortes en 2009”.

Habituellement très professoral à la tribune de l’Assemblée, l’expert ès-Budget de l’UMP Gilles Carrez a pour sa part renvoyé dans les cordes Henri Emmanuelli.

Comme le chef de l’Etat plus tôt à l’Elysée, M. Carrez a cité 1981 pour souligner les dangers, selon lui, d’une politique de relance axée sur la seule consommation.

Après 1981, “nous avons multiplié les dévaluations. Il a fallu supplier l’Arabie Saoudite de nous prêter de l’argent. Nous avons frôlé la tutelle du FMI. Tout cela pour engendrer la maladie des déficits publics dont nous souffrons depuis trente ans”, a déclaré M. Carrez, évoquant également la politique de rigueur de 1983.

Le député UMP a assuré que “tout le dispositif concentré sur la consommation ne favorisait que les importations”. Une inquiétude encore d’actualité.

Réponse d’Henri Emmanuelli, ex-secrétaire d’Etat au Budget de François Mitterrand entre 1983 et 1986: “les pointes de déficit public dans ce pays ont correspondu à la présence d’un ministre de droite à Bercy”.

Le même Gilles Carrez a cependant envisagé “une enveloppe supplémentaire d’un milliard d’euros” en faveur des ménages modestes dans le cadre du plan de relance, à travers la prime pour l’emploi, le Revenu de solidarité active (RSA) et des allocations logement.

Après ce débat très politique, l’examen des amendements devrait commencer jeudi, avant un vote mardi 13 janvier et une navette au Sénat.