Les Balkans grelottent alors que la crise du gaz Moscou-Kiev s’aggrave

[06/01/2009 21:48:42] BRUXELLES (AFP)

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é de Sarajevo Gas le 6 janvier 2009 à Sarajevo (Photo : Elvis Barukcic)

Presque toute l’Europe était touchée mardi par les transitant par l’Ukraine, les pays d’Europe centrale, plus dépendants, étant particulièrement affectés par ce nouveau conflit gazier en plein hiver entre Kiev et Moscou.

La Russie fournit au total 40% des importations de gaz de l’UE, dont 80% transitent par l’Ukraine, mais la dépendance de chacun des pays de l’UE est très variable, de 100% pour la Slovaquie à 0% pour une dizaine d’Etats dont le Royaume-Uni ou l’Espagne.

Ce sont les pays d’Europe centrale qui sont en première ligne.

Dans l’UE, les livraisons ont été totalement interrompues mardi en Hongrie, dépendante à 65% du gaz russe, en Grèce (81%), en Bulgarie (90%). Quatre pays des Balkans destinés un jour à rejoindre le bloc européen ne reçoivent plus rien non plus: Croatie, Bosnie, Serbie et Macédoine.

Les livraisons ont également fortement baissé en Pologne, Autriche, Slovaquie, Slovénie et Roumanie.

Les pays d’Europe occidentale, moins dépendants du gaz russe, sont aussi désormais touchés: en France, les livraisons ont baissé de plus de 70% mardi, et en Italie de 90%. Des baisses de pression ont été enregistrées en Allemagne.

Pour l’instant, la présidence tchèque de l’UE, qui a dénoncé une situation “complètement inacceptable” et réclamé le rétablissement des approvisionnements, estime que la situation n’est “pas encore critique”, les pays touchés pouvant puiser dans des réserves pour l’instant élevées.

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és par des coupures ou baisses des livraisons de gaz russe

Mais “si elle dure plusieurs jours, nous aurons un sérieux problème”, a estimé le vice-Premier ministre tchèque Alexandr Vondra, alors que l’UE a prévu vendredi une réunion de son groupe de coordination sur le gaz.

Plusieurs pays de l’Est ont d’ailleurs déjà réclamé une réaction coordonnée de l’UE pour pallier d’éventuels risques de pénurie.

“Nous comptons sur la solidarité européenne”, a ainsi déclaré le Premier ministre bulgare Sergueï Stanichev, estimant “inacceptable” que les Européens deviennent “otages” de cette crise russo-ukrainienne.

“La Commission européenne devrait préparer un catalogue d’actions à court et à long terme”, a ajouté le ministre polonais des Affaires étrangères Radoslaw Sikorski.

Il a en particulier appelé à modifier la législation sur la sécurité énergétique de l’UE, notamment “la notion des perturbations importantes des livraisons”. “Elle ne devrait pas se limiter à une baisse globale des livraisons vers l’UE, mais prendre en compte aussi des baisses des livraisons vers tel ou autre pays membre de l’UE”.

Russes et Ukrainiens semblent de leur côté prêts à reprendre les négociations: le patron de la compagnie gazière publique ukrainienne Naftogaz, Oleg Doubina, se rendra à Moscou jeudi pour y rencontrer son homologue russe de Gazprom Alexeï Miller.

En cas d’échec, le Premier ministre tchèque Mirek Topolanek n’a pas exclu “une option extrême” qui consisterait à organiser un sommet tripartite au plus haut niveau avec la Russie et l’Ukraine.

Moscou et Kiev se rejettent mutuellement la responsabilité du conflit, la Russie accusant l’Ukraine de “voler” une partie du gaz russe transitant sur son territoire vers le reste de l’Europe. L’Ukraine accuse la Russie de ne pas fournir le gaz nécessaire aux clients européens.

Moscou a coupé le 1er janvier l’approvisionnement en gaz de l’Ukraine, faute d’un accord sur le prix pour 2009 et sur des arriérés de paiement.

A l’hiver 2005-2006 déjà, un différend russo-ukrainien avait brièvement perturbé l’approvisionnement en gaz de plusieurs pays d’Europe.

Une délégation de la présidence tchèque et de la Commission européenne devait rencontrer Alexandre Medvedev de Gazprom ce mardi à Berlin.