Crise du gaz : le patron du colosse Gazprom convoqué chez Poutine

[05/01/2009 10:23:01] MOSCOU (AFP)

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ï Miller, le 4 janvier 2009 à Moscou

Le PDG du géant du russe du gaz Gazprom a été convoqué lundi dans la demeure du Premier ministre Vladimir Poutine près de Moscou pour s’entrenir dans l’après-midi de la crise du gaz qui oppose la Russie et l’Ukraine, tandis que Kiev devait faire de son côté une déclaration.

Le patron du géant russe du gaz contrôlé par l’Etat et premier producteur et exportateur de gaz du monde Alexeï Miller est attendu chez l’ex-président russe à Novo Ogarevo dans la banlieue de Moscou à 13h30 (10h30 GMT) et la presse est conviée.

La compagnie publique ukrainienne Naftogaz a quant à elle annoncé la publication d’un communiqué vers 12h00 GMT.

Dimanche soir, aucune issue n’était en vue dans le différend entre Moscou et Kiev qui ont échangé des accusations de vol et de manipulation et continué à chercher chacun de son côté à obtenir le soutien de l’Europe occidentale dont l’approvisionnement via l’Ukraine est perturbé.

L’UE de son côté s’est bien gardé de prendre position, évoquant l'”opacité” des contrats de livraison et de transit de gaz qui lient les deux pays et les déclarations contradictoires qui fusent des deux côtés depuis jeudi. Le 1er janvier, la Russie a cessé d’approvisionner en gaz son voisin après des négociations infructueuses sur le tarif à appliquer pour l’année 2009 et sur des arriérés de paiement.

La Russie a appelé dimanche l’Union européenne à surveiller le transit de gaz russe via l’Ukraine et a réitéré ses accusations de vol de gaz destiné à l’Europe, ce que Kiev à nié.

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ètre indique une pression nulle dans un gazoduc à la station ukrainienne de Boyarka, le 1er janviezr 2009 (Photo : Sergei Supinsky)

“Etant donné que les observateurs engagés par Gazprom n’ont pas accès aux systèmes de pression des stations de pompage en Ukraine, nous avons envoyé à la Commission européenne une lettre pour lui proposer de surveiller le transit des volumes de gaz à travers l’Ukraine”, a déclaré le porte-parole de Gazprom, Sergueï Kouprianov, à la télévision russe.

Réagissant à cet appel, le porte-parole de la Commission européenne Ferran Tarradellas a déclaré que l’UE ne comptait pas se mêler du conflit, en soulignant une fois de plus qu’il s’agissait d’un “problème bilatéral”.

“Nous n’allons pas nous engager dans une médiation. La situation est extrêmement opaque et il y a des informations contradictoires sur la question des responsabilités”, a déclaré un porte-parole de la présidence tchèque.

Gazprom a accusé dimanche après-midi l’Ukraine d’avoir volé au cours des 24 heures précédentes 25 millions de mètres cubes de gaz russe transitant par les réseaux ukrainiens et destinés à différents pays de l’UE.

Réfutant cette accusation, Naftogaz a reproché à Gazprom de se livrer à des “manipulations” en matière d’approvisionnement du gaz qui transite à travers l’Ukraine, mettant en garde contre des “conséquences imprévisibles” pour l’Europe.

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ésident de Naftogaz Oleg Doubina, le 1er janvier 2009 à Kiev (Photo : Genia Savilov)

En République tchèque, les livraisons de gaz naturel russe ont baissé de 5% dimanche, a déclaré le porte-parole du groupe RWE Transgas, Martin Chalupsky, soulignant que cette réduction serait compensée par le biais des stocks ou des livraisons en provenance de Norvège.

D’autres pays avaient fait des observations identiques samedi: la Pologne a constaté une baisse de 11% des livraisons par rapport aux volumes contractuels, un recul compensé par des livraisons via le Bélarus, selon l’opérateur des gazoducs polonais Gaz-Systema. La Roumanie a vu ses livraisons baisser de 30% dès vendredi soir et la Bulgarie de 10 à 15% samedi.

Pour compenser les baisses de volumes de gaz russe constatées par certains Etats de l’UE, Gazprom s’est engagé à augmenter les quantités destinées à l’Europe.

Les groupes ukrainien et russes s’appellent mutuellement à reprendre les négociations.

Gazprom réclame désormais à l’Ukraine un prix de 450 dollars pour 1.000 mètres cubes en janvier, selon le patron du groupe, soit un tarif plus élevé que le “prix européen” de 418 dollars demandé auparavant.