Face à la récession annoncée, les marchés poursuivent leur yo-yo

[07/11/2008 13:03:42] PARIS (AFP)

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à Tokyo (Photo : Toshifumi Kitamura)

Face au yo-yo incessant des marchés boursiers et à une récession annoncée dans les pays développés, les Européens tentaient vendredi d’élaborer une stratégie commune en vue du sommet du G20 de la mi-novembre à Washington censé réformer le système financier international.

Selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI) jeudi, les pays développés devraient connaître une décroissance de 0,3% en 2009, du jamais vu depuis la Seconde guerre mondiale.

Tous les grands pays seront touchés par la récession, que ce soit les Etats-Unis (-0,7%), le Japon (-0,2%) ou la zone euro (-0,5%, dont -0,8% pour l’Allemagne et -0,5% pour la France), avec le bonnet d’âne pour le Royaume-Uni (-1,3%). Seule exception, le Canada devrait voir son PIB progresser de 0,3%.

Grâce aux pays émergents et aux pays en développement, l’économie mondiale devrait cependant croître de 2,2% en 2009, assure le FMI. Chine, Inde et Moyen-Orient seront toujours les moteurs de la croissance, mais le moteur sera désormais au ralenti.

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Logo de la Bourse de New York le 5 novembre 2008 (Photo : Don Emmert)

Désormais, abonnés aux montagnes russes, les marchés financiers poursuivaient leurs mouvements de yo-yo vendredi, au gré des prises de bénéfices ou des chasses aux bonnes affaires des investisseurs.

Rebondissant légèrement après leurs pertes de jeudi, les Bourses européennes étaient légèrement dans le vert vers 10H15 GMT, avec des gains de 0,72% à Londres, 0,20% à Francfort et 0,13% à Paris.

La tendance a été en revanche plus mitigée en Asie, où Tokyo, en baisse de 3,55% à la clôture, a pris le sillage de Wall Street la veille (-4,85%), alors que Hong Kong et Shanghai ont terminé en hausse, de respectivement 3,3% et 1,75%.

Sensibles à la moindre mauvaise nouvelle, les investisseurs guettaient avec anxiété vendredi matin les statistiques mensuelles de l’emploi aux Etats-Unis (13H30 GMT), après la publication alarmante jeudi d’une hausse du nombre de chômeurs indemnisés bien supérieure aux prévisions. Les marchés seront également attentifs aux chiffres de la production industrielle allemande pour septembre, attendus à 11H00 GMT, alors qu’aux Etats-Unis, les données sur le crédit à la consommation en septembre seront dévoilées à 20H00 GMT.

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à Sao Paulo le 6 novembre 2008 (Photo : Mauricio Lima)

Reflet toujours des craintes de récession, les cours du brut sont brièvement passés vendredi sous les 60 dollars pour le “light sweet crude” dans les échanges asiatiques, le Brent tombant lui sous les 53 dollars.

Après les mauvais chiffres dévoilés jeudi pour l’Espagne (production industrielles en berne), l’Allemagne (effondrement des commandes industrielles) et le Royaume-Uni (ventes de voitures en chute libre), c’est la France qui était au premier plan vendredi, avec un déficit commercial record pour septembre et “le risque d’un déficit commercial record” sur l’ensemble de 2008.

C’est dans ce contexte pour le moins morose que les dirigeants des 27 pays de l’Union européenne tentaient vendredi à Bruxelles d’élaborer une stratégie commune avant le sommet du G20 de la mi-novembre à Washington.

Pour ce sommet, la France devrait d’ailleurs céder un de ses deux sièges à l’Espagne, pays non membre du G20, assurait le journal espagnol El Pais dans son édition de vendredi. La France y dispose de deux fauteuils en tant que membre du G8 et présidente en exercice de l’UE.

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ésident de Toyota Motors, Mitsuo Kinoshita, lors d’une conférence de presse à Tokyo, le 6 novembre 2008 (Photo : Yoshikazu Tsuno)

Vendredi à Bruxelles la France devait soumettre à la discussion un projet de texte appelant à renforcer le contrôle des marchés financiers, pour qu’aucun secteur n’y échappe à l’avenir, y compris les paradis fiscaux off shore ou les fonds spéculatifs. “Il faut plus responsabiliser les acteurs du système, renforcer la transparence”, a déclaré vendredi matin le Commissaire européen à l’Economie Joaquin Almunia, selon qui “il y a une vision unique, un consensus très élevé (au sein de l’UE) sur les principes sur lesquels doit se baser la réforme du système financier international”.

Globalement, Européens et pays émergents réclament plus de régulation de la finance internationale et un rôle accru du FMI, mais ils risquent de se heurter aux Etats-Unis, réticents à toute gouvernance mondiale et que la passation de pouvoir à la Maison Blanche pourrait inciter à l’immobilisme.

Avec cette rencontre de Bruxelles la présidence française de l’UE a martelé qu’elle voulait des “propositions concrètes” sur la réforme du système financier “sous cent jours” après le G20. Berlin a fait savoir de son côté que pour l’Allemagne le sommet de Washington devait avoir pour “objectif minimum” un accord sur “un mandat et un calendrier” pour entamer une réforme du système financier mondial.

La préparation du sommet de Washington se poursuivra durant le week-end à Sao Paulo, avec une réunion des grands argentiers du G20.

Vendredi, tout le monde sera également à l’écoute du président élu américain Barack Obama, qui donne sa première conférence de presse à Chicago. Selon certaines informations il pourrait y révéler le nom de son futur secrétaire au Trésor, celui qui sera chargé de diriger l’économie de la première puissance mondiale.