[13/06/2008 15:56:33] LUXEMBOURG (AFP) Les pays de l’UE se sont entendus vendredi pour libéraliser plus encore la circulation des poids-lourds sur les routes d’Europe, tout en restant vigilants face aux risques de “dumping social”. A l’heure où le secteur du transport routier international se dit fragilisé par l’envolée des prix du carburant, le compromis voté vendredi par les ministres des Transports de l’UE retire des barrières protectionnistes et doit aider les camions à ne pas rentrer chez eux à vide en polluant au passage l’atmosphère. L’heure n’est toutefois pas à une libéralisation totale chez les transporteurs routiers, encore assujettis à des normes sociales, salariales et fiscales extrêmement diverses. Bruxelles devra évaluer en 2013, dans un rapport, si les progrès accomplis dans l’harmonisation permettent de poursuivre l’ouverture des marchés. Mais nombre de capitales –ainsi que le Parlement européen qui devra encore approuver le texte– réclament une libre circulation des camions dans un avenir très proche. “Nous avons maintenant des règlements clairs et transparents pour éviter les abus et avoir une concurrence équitable”, s’est félicité vendredi le ministre slovène des Transports Radovan Zerjav, qui a rédigé le compromis au nom de la présidence de l’UE. Le transport international de marchandises est déjà libéralisé dans l’UE depuis 1992. Les ministres des Transports se penchaient vendredi sur “le cabotage”, c’est-à-dire la possibilité pour un transporteur routier international de livrer des marchandises entre deux villes d’un pays qui n’est pas le sien. La règle arrêtée vendredi est simple. A la suite d’une livraison internationale de marchandises en Allemagne, un transporteur néerlandais sera autorisé à effectuer trois opérations de transport supplémentaires entre des villes européennes en l’espace de sept jours. Il pourra s’agir de trois opérations entre des villes allemandes, ou encore de trois livraisons dans trois pays différents avant de rentrer dans son pays. Actuellement, un transporteur non établi dans un Etat peut déjà y effectuer des services de livraisons, “à titre temporaire”, une notion juridique floue. Chaque pays européen a son propre régime et certains multiplient les entraves administratives pour protéger leur marché intérieur. Sur le territoire français, par exemple, un même camion étranger ne peut travailler plus de 45 jours par an. Pays-Bas, Belgique, Luxembourg, Portugal, Irlande, Danemark, ainsi que la plupart des pays de l’est de l’Europe, ont insisté vendredi pour une libéralisation totale rapide. “Avec la hausse spectaculaire des prix des carburants, personne ne veut rouler à vide sur les routes”, a plaidé la délégation portugaise qui s’est abstenue, en appelant le Parlement à rendre le texte plus libéral. Face à eux, la France, l’Italie mais aussi le Royaume-Uni, ont rappelé que le cabotage ne pouvait pas devenir à ce stade une pratique généralisée, quel que soit le prix du carburant. “Le compromis est raisonnable, car on l’a suffisamment encadré pour faire en sorte que le cabotage ne soit pas un moyen d’introduire n’importe quoi”, a estimé le secrétaire d’Etat français aux Transports Dominique Bussereau. L’Autriche, la seule à avoir voté contre vendredi, n’est pas convaincue. En raison de sa position géographique elle craint d’être submergée par des transporteurs routiers étrangers ayant des coûts salariaux nettement moindres que les siens. “L’UE n’est pas une union de dumping social”, a fustigé la secrétaire d’Etat autrichienne Christa Kranzl. Les gouvernements ont également convenu vendredi de mieux règlementer l’accès à la profession des transporteurs routiers, qui ne devront pas par exemple avoir commis d’infractions graves, inscrites dans des registres électroniques nationaux. |
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