[07/06/2008 08:58:19] NEW YORK (AFP) Minée par la résurgence des signes de défaillance de l’économie américaine, qu’elle avait cru un temps entrée en phase de convalescence, la Bourse de New York devrait encore trembler la semaine prochaine devant le duo infernal pétrole/inflation. Après un mois de mai mitigé, Wall Street a débuté juin coincée entre un réveil des craintes sur le secteur bancaire, une contraction du marché de l’emploi et, surtout, de nouveaux sommets du pétrole. “Le spectre de la flambée des prix du pétrole semble devenir une obsession majeure qui fait basculer l’état d’esprit du marché du haut vers le bas comme un yo-yo déboussolé”, soulignent Brian Bethune et Nigel Gault, économistes de Global Insight. Sur la semaine écoulée, qui s’est bouclée par un bond extraordinaire du pétrole de plus de 10 dollars et un record absolu à 139,12 dollars le baril, l’indice vedette Dow Jones Industrial Average a abandonné 3,39% pour finir à 12.209,81 points vendredi. L’indice Nasdaq, à forte composante technologique, a limité son repli hebdomadaire à 1,91% pour clôturer à 2.474,56 points, tandis que l’indice élargi SP 500 a cédé 2,83% à 1.360,68 points. Le marché obligataire a profité des turbulences boursières. Le rendement du bon du Trésor à 10 ans, qui évolue en sens contraire du prix des obligations, a baissé à 3,938%, contre 4,046% vendredi dernier, et celui à 30 ans à 4,650% contre 4,707%. “La semaine prochaine, le pétrole sera encore largement l’élément sur lequel les investisseurs vont se concentrer”, estime Owen Fitzpatrick, analyste de la Deutsche Bank. Chaque nouveau sommet de l’or noir semble donner une gifle aux consommateurs américains, confrontés à des prix toujours plus élevés de l’essence et à des marchés immobiliers et de l’emploi chancelants. “Le pétrole pèse sur tout”, a résumé Marc Pado, analyste de Cantor Fitzgerald. Les actions des transporteurs et des distributeurs sont notamment parmi les premières à être fuies en raison d’un pétrole cher. Dans ce contexte, “tout chiffre d’inflation sera regardé attentivement, et pas seulement les chiffres américains, mais aussi les chiffres sur l’état de l’inflation dans le reste du monde”, estime M. Fitzpatrick. Après les déclarations du président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, qui ont poussé l’euro vers le haut, le dollar vers le bas et le pétrole à des sommets, “l’inflation est une question de plus en plus mondiale”, ajoute-t-il. Du côté des indicateurs macroéconomiques américains, les marchés auront donc surtout les yeux tournés vers les prix à la consommation vendredi, qu’ils voient bondir de 0,5% pour l’indice général mais de 0,2% seulement pour l’indice de base (hors énergie et alimentation). Mais l’impact de ce chiffre devrait être limité car “la Fed (Réserve fédérale) a déjà été claire sur le point qu’elle allait faire quelque chose contre l’inflation”, souligne M. Pado. Son président, Ben Bernanke, a de nouveau déclaré mercredi que l’inflation était “une inquiétude importante” pour la banque centrale. En ce qui concerne les autres indicateurs attendus, les investisseurs espèrent avoir des nouvelles un peu plus encourageantes après le spectaculaire bond du chômage annoncé pour mai. “Les indicateurs devraient être légèrement plus positifs, avec une résistance attendue de la balance commerciale (mardi) et un rebond des ventes de détail (jeudi)”, affirment les économistes de Global Insight. Le Livre beige de la Fed, rapport de conjoncture, permettra peut-être d’y voir plus clair mardi sur le diagnostic de la banque centrale concernant la situation économique, tandis que la fin de semaine sera marquée par la réunion du G8-Finances à Osaka, au Japon, où les grands argentiers des huit pays les plus industrialisés pourraient durcir le ton sur le dollar. |
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