Concession aéroportuaire : Le modèle tunisien expliqué aux Marocains

Par : Tallel

Par Bachir THIAM

· Première concession aéroportuaire en Afrique du Nord

· Une économie de 5,7 milliards de DH sur le budget tunisien

· La gestion sur 40 ans revient au turc TAV Airports Holding

 

Le modèle semble bien rodé. Le turc TAV Airports Holding renouvelle son
expérience réussie dans la gestion de l’aéroport Queen Alia de Aman en
Jordanie, en décrochant la concession de deux aéroports tunisiens.

 

Le principal opérateur aéroportuaire turc vient en effet de conclure, le 2
juin, les accords relatifs à la concession de deux aéroports tunisiens d’une
durée de 40 ans pour un montant global de 397,5 millions d’euros, soit
environ 4,5 milliards de DH. Ces accords portent sur l’exploitation de
l’aéroport de Monastir (existant), ainsi que sur la construction et
l’exploitation de l’aéroport de Enfidha, dont le coût s’élève à plus de 5,7
milliards de DH. Ce qui, pour le chargé de l’investissement senior à la
Société financière internationale (SFI), filiale de la Banque mondiale,
«correspond à autant de milliards de DH à économiser par la Tunisie sur son
budget». Clin d’œil de Yasser Charafi aux pouvoirs publics marocains
justifié dans la mesure où la construction du terminal 2 de l’aéroport
Mohammed V de Casablanca a coûté un peu plus de 1 milliard de DH pour porter
à 8 millions de passagers la capacité de l’aéroport. De même, le
réaménagement de 6 autres petites aérogares à travers le Royaume a nécessité
1,3 milliard de DH. Et le terminal 1 et le terminal fret de Casablanca ont
coûté respectivement 220 millions et 132 millions de DH.

 

Modèle duplicable

 

D’ailleurs, le choix du Maroc pour exposer le modèle tunisien procède de la
volonté des experts de la SFI de sensibiliser l’Etat marocain. D’autant plus
que cet exemple de concession aéroportuaire est la première opération du
genre en Tunisie (et dans le Maghreb).

 

Mais, «l’idée est de dire que c’est désormais un modèle d’investissement
d’envergure faisable et duplicable, qui plus est, est le premier partenariat
public-privé dans le secteur aéroportuaire en Afrique du Nord». Sur ce
coup-là, la SFI a fait étalage de son savoir-faire dans le montage
financier, en développant un programme complet pour un montant de plus de
4,5 milliards de DH. Programme composé de prêts senior à long terme et
subordonnés pour un montant de plus de 1,5 milliard de DH, et également d’un
prêt syndiqué de près de 3 milliards de DH. Celui-ci est souscrit par les
banques ABN Amro, la Société Générale et Standard Bank. Pour Charafi, «ce
projet pourrait servir de modèle pour le développement d’autres partenariats
public-privé dans le secteur des transports en Afrique du Nord».

 

A noter que la SFI mène actuellement une étude en partenariat avec les
pouvoirs publics, notamment le ministère des Finances qui devrait aboutir à
la concession de certains secteurs dont les transports, voire d’autres
secteurs sociaux.

 

Enfidha vs Mohammed V

 

A noter par ailleurs que jusque-là tous les aéroports tunisiens étaient
gérés exclusivement par l’Office public de l’aviation civile et des
aéroports (OACA). C’est le cas encore de l’ONDA qui a la gestion de toutes
plateformes aéroportuaires.

 

Pourtant, l’objectif de 10 millions de touristes et la politique de
libéralisation du transport aérien avaient amené à repenser une orientation
stratégique, de sorte à recadrer l’action de l’ONDA pour qu’elle soit en
phase avec le nouveau contexte national et international. Mais depuis,
pschiiit! La compétition entre le futur aéroport de Enfidha et l’aéroport
Mohammed V ne fait que commencer.

 

TAV Airports Holding a remporté l’appel d’offres pour la concession des deux
aéroports tunisiens aux dépens de 7 opérateurs étrangers dont l’allemand
Hochtief et le canadien SNC Lavelin. L’opérateur turc devrait commencer
début 2008 sa gestion de l’aéroport de Monastir, en exploitation depuis
1968. Il commencera avant fin 2007 les travaux de construction de l’aéroport
de Enfidha, qui devrait être opérationnel en octobre 2009 avec une capacité
initiale de 7 millions de voyageurs par an.

 

Le gestionnaire promet une forte rentabilité économique, en alliant la durée
du bail à la compétitivité des différentes taxes aéroportuaires. Les
autorités tunisiennes voient dans l’amélioration de l’infrastructure
aéroportuaire un nouvel envol pour le secteur du tourisme. Les experts de la
Société financière internationale y voient un moyen d’aider la Tunisie à
maintenir sa position concurrentielle dans le marché méditerranéen du
tourisme. Message reçu cinq sur cinq.

 

—————————–

Carte de visite

TAV Airports Holding est le principal opérateur aéroportuaire en Turquie et
en Grèce. De sources concordantes, le groupe turc dispose d’une expérience
considérable dans la construction aéroportuaire en Egypte, en Géorgie, en
Libye, au Qatar, en Turquie et aux Emirats arabes unis. Créée en 1997 par
les groupes turcs Tepe et Akfen, la société TAV Airports Holding est devenue
une marque internationale avec l’augmentation du volume d’activités et les
projets qu’elle mène à l’étranger, notamment en matière de construction et
de gestion d’aéroports. Le groupe composé de 11 entreprises aéroportuaires
emploie 11.000 personnes. Il assure, par ailleurs, les activités aux
branches complémentaires de l’opération d’aéroport comme services au sol,
services de gestion, duty free, restaurations, informatiques et services de
sécurité. Plus de 27 millions de passagers bénéficient des services de TAV,
pour 285.000 vols de 300 compagnies aériennes de par le monde.

 

(Source :
www.leconomiste.com)