Ecotourisme, biodiversité et éco-citoyenneté


Par Abou SARRA


bargou1.gifA l’inverse du
tourisme de masse qui dégrade les milieux naturels, l’écotourisme a pour
mérite de valoriser la biodiversité, en intégrant une dimension éthique et
éco-citoyenne. Ce produit, encore peu développé en Tunisie, vient d’être
enrichi, ces temps-ci, par la création de trois sites éco-touristiques : le
col des ruines à Ain Draham, Ain Bousadia à Bargou et Chaâmbi à Kasserine.

 

Les trois sites sont localisés au Nord-ouest de la Tunisie. Cette région,
dénommée, historiquement, la grande Kroumirie, est retenue par une étude du
programme méditerranéen du Fonds Mondial de la Nature (wwf) parmi les 13
sites de la Méditerranée qui se distinguent par leur richesse naturelle, par
leur biodiversité et par leurs espèces végétales et animales uniques.

 

Le col des ruines, un
haut lieu de villégiature sereine localisé à trois kilomètres du village
d’Ain Draham sur la route menant vers Tabarka, va retrouver toute sa
splendeur de site touristique d’antan. Le col des ruines abritait, à
l’époque coloniale, une dizaine de résidences et d’auberges fréquentées, à
l’époque, par les riches colons tunisois et exploitants agricoles des
plaines de Jendouba.

 

Juste après l’accès à
l’indépendance, le président Bourguiba y passait ses vacances. Aujourd’hui,
le site abrite un seul hôtel «Nour El Ain». La semaine dernière, les
autorités régionales de Jendouba ont annoncé la relance de ce projet
éco-touristique. Il s’agit d’y aménager une station touristique sur une
superficie de 50 ha.

 

Ce projet, dont le coût
s’élève à 9 MD, comprend des unités hôtelières d’une capacité de 1300 lits,
des résidences d’une capacité de 400 lits, des centres de loisirs et
d’animation, des parcs environnementaux, des terrains de golf, des parkings
de voitures tout terrain, un centre de vente de produits artisanaux, un club
de chasse, des stations thermales et un éco-musée.

 

Vient, ensuite, la
création d’un nouveau centre d’hébergement, de stages et de colonies de
vacances dans la localité d’Ain Bou Saadia à Bargou, dans le gouvernorat de
Siliana.

 

La réalisation de ce
projet de villégiature, d’un coût de 600.000 dinars, s’inscrit dans le cadre
du programme de développement rural intégré de la région de Siliana.

 

Ce centre, qui est déjà
entré en fonction, constitue un pôle d’attraction et un facteur d’impulsion
de l’économie locale et de promotion du tourisme intérieur

 

Le site se propose
également d’abriter des stages sportifs et colonies de vacances au profit
des jeunes tunisiens et étrangers. Doté de salles polyvalentes et d’un
centre d’hébergement moderne d’une capacité de 32 lits, ce site offre un
cadre de séjour exceptionnel pour ceux qui sont à la recherche de quiétude,
d’exotisme et de communion totale avec la nature. Il est enrichi par un
environnement très attractif jouissant d’importants atouts.

 

La zone de Bargou est
réputée pour la richesse et la diversité de sa faune et de sa flore. Mention
spéciale pour le sanglier. L’abondance de ce gibier dans la zone constitue
une attraction de choix pour les amateurs de chasse saisonnière.

 

Le troisième site est
érigé au sommet de Chaâmbi (la plus haute montagne de Tunisie), à quelque 15
km de la ville de Kasserine.

 

Le camping, perché sur un
nid de thym et de romarin s’étendant sur une superficie de 6 hectares, est
situé à proximité du parc national Chaambi, un autre Eden de pins d’Alep.
Cet espace éco-touristique est réalisé pour un montant de 850 mille dinars.

 

Il est composé d’une
salle de réunion climatisée d’une capacité de 200 sièges et d’une auberge de
douze chambres climatisées dotées de toutes les commodités. Le camping
comprend, également, un restaurant de 50 places, une buvette, une infirmerie
et une blanchisserie.

 

Situé à 1200 mètres
d’altitude, le centre offre une vue panoramique féerique et suscite un
bien-être inégalé à la faveur d’un climat sec en hiver et tempéré en été. Ce
centre, dédié aux jeunes des divers milieux sportif, culturel, scientifique,
a une vocation touristique pour les écolos et tous les autres adeptes de la
nature et des grands espaces.

 

L’environnement du
camping engrange de sites attrayants. Pour ne citer qu’un. A un
demi-kilomètre du site, se trouve un musée écologique fort intéressant. Le
camping peut faire partie, en tant que relais, du circuit touristique,
culturel et archéologique qui va de Sidi Bouzid jusqu’à Makthar.

 

En dépit du rôle que
peuvent jouer ces nouveaux sites dans l’animation et la dynamisation de
l’activité socioéconomique dans ces contrées reculées, il faut rappeler
qu’un site éco-touristique ne doit nullement consister à placer un hôtel au
beau milieu d’un splendide paysage, au détriment de l’écosystème local. D’où
tout l’enjeu de dénoncer la tendance de certains opérateurs à utiliser les
parcours en véhicules tout terrain, à y construire des piscines et
habitations dotées d’air conditionné. Une telle tendance ne fait que
marginaliser la faune, la flore et la communauté locale.

 

Ce genre d’activités est
appelé «lavage vert» par les professionnels du secteur, et cache un tourisme
de masse conventionnel présenté comme «vert».

 

On l’aura dit !