L’urgence alimentaire au menu de la Banque asiatique de développement

 
 
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Le président de la Banque asiatique de développement (BAD), Haruhiko Kuroda, montre un rapport sur les prix alimentaires, le 3 mai 2008 à Madrid (Photo : Philippe Desmazes)

[03/05/2008 13:09:48] MADRID (AFP) La crise alimentaire mondiale, qui affecte un milliard de personnes en Asie et risque de miner l’essor du continent, s’est imposée samedi à Madrid comme un thème majeur de l’assemblée annuelle de la Banque asiatique de développement (BAD), qui a annoncé des aides d’urgence.

“La BAD va fournir immédiatement des aides budgétaires pour soutenir les pays les plus durement touchés, afin d’alléger leurs fardeaux fiscaux et amoindrir l’impact du prix croissant des aliments pour les plus pauvres”, a déclaré son président, Haruhiko Kuroda, à l’ouverture de cette 41e assemblée.

Le montant de ces aides sera “respectable mais pas énorme” et dépendra “des demandes des pays concernés”, a-t-il ajouté.

La flambée du prix des aliments, plus particulièrement du riz, dont le prix “a pratiquement triplé en quatre mois”, selon M. Kuroda, frappe un milliard de personnes en Asie, et compromet l’essor d’un continent dont la vigueur économique est d’une importance capitale pour l’économie mondiale.

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Défilé du 1er mai 2008 des travailleurs indonésiens, à Jakarta (Photo : Jewel Samad)

Elle “menace de miner l’effort global contre la pauvreté, de renforcer l’inflation, et réduit les marges budgétaires dans de nombreux pays, accroissant les risques d’une montée des taux d’intérêt et d’un ralentissement de la croissance économique asiatique”, selon la BAD.

Les pays les plus exposés à ces risques sont le Sri-Lanka, le Pakistan, l’Inde, le Bangladesh, le Vietnam, le Kazakhstan et le Tadjikistan, selon cet organisme crée en 1966, qui compte 67 pays membres, dont 19 non asiatiques.

Cette flambée mondiale des prix a provoqué des émeutes en avril en Egypte et à Haïti, des manifestations dans de nombreux autres pays et des restrictions des exportations de plusieurs producteurs, parmi lesquels le Brésil, le Vietnam, l’Inde et l’Egypte.

Parmi les explications figurent le développement des biocarburants, une demande croissante venue d’Asie sur fond de modifications des habitudes alimentaires, la faiblesse des récoltes et les cours élevés du pétrole qui pèsent sur le prix des transports.

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Evolution du prix du riz, du blé et du maïs entre janvier 2007 et mars 2008 (Photo : Patrice Deré)

“L’ère de la nourriture bon marché est finie”, a prédit M. Kuroda, résumant ainsi la situation de l’Asie: “tellement de population avec des ressources limitées en territoire et en eau”. “La productivité agricole doit sans cesse augmenter” pour subvenir aux besoins a-t-il plaidé.

Il a également soutenu que la situation actuelle n’était pas une crise d’approvisionnement mais une crise de prix car il y aurait assez de riz pour nourrir l’Asie. Il a ainsi stigmatisé l’attitude de “plusieurs pays qui ont limité l’exportation de riz, ce qui affecte les prix dans d’autres pays”.

Tout en réfutant le terme de “panique”, M. Kuroda a reconnu que des consommateurs avaient fait des provisions de riz, alimentant un “cercle vicieux”.

Plusieurs voix ont critiqué avant le sommet l’attitude de la BAD sur le dossier alimentaire, affirmant qu’elle avait négligé l’agriculture. M. Kuroda s’est dédouané de ces critiques, affirmant: “Personne, dans la communauté internationale, n’a prédit le phénomène”.

Il a souligné que la BAD prévoyait pour les années 2008 et 2009 d’investir environ un milliard de dollars par an dans les infrastructures agricoles, essentiellement l’irrigation.

Face à la crise des prix alimentaires, les Nations unies et d’autres organisations internationales ont appelé à une action urgente.

“La communauté internationale est en train de répondre très rapidement et je suis sûr qu’avec des solutions appropriées”, passant par “des efforts substantiels sur l’investissement, ce problème sera résolu”, a déclaré M. Kuroda.

Le président de la BAD s’est déclaré hostile à la création d’un cartel du riz, sur le modèle de l’Opep pour le pétrole, proposé par plusieurs pays, notamment la Thaïlande, premier exportateur mondial de riz.

 03/05/2008 13:09:48 – © 2008 AFP