Le pétrole avance à pas décidés vers les 120 dollars à New York

 
 
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Une plate-forme pétrolière dans le Golfe du Mexique

[22/04/2008 05:35:39] NEW YORK (AFP) Les cours du baril de pétrole ont fini la séance lundi à moins de trois dollars du seuil symbolique des 120 dollars à New York, enflammés par de nouveaux sabotages sur des installations pétrolières au Nigeria, premier producteur africain d’or noir.

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de “light sweet crude” pour livraison en mai est monté à 117,76 dollars, un niveau inédit depuis sa cotation en 1983 sur le Nymex.

Il s’est ensuite replié pour terminer à 117,48 dollars, ce qui constitue également un plus haut en clôture, soit 79 cents de plus par rapport à sa clôture vendredi.

Le prix du pétrole s’est renchéri de plus de 17 dollars à New York au mois d’avril.

A Londres, le baril de Brent de la Mer du Nord pour livraison en juin, plus lourd et soufré, a aussi inscrit un plus haut, en se hissant à 114,86 dollars, un niveau jamais vu. Il a reculé en fin de séance à 114,43 dollars, en hausse de 31 cents par rapport à vendredi.

Depuis une dizaine de jours, le pétrole aligne quotidiennement des records sous l’effet de facteurs divers, tels le dollar faible et les craintes sur les disponibilités, alimentées par des tensions géopolitiques dans les zones pétrolières.

“Les investisseurs sont focalisés sur les risques que font peser sur l’offre de brut les tensions géopolitiques”, a expliqué Phil Flynn, stratège au cabinet Alaron Trading.

Lundi, des attaques rebelles sur deux oléoducs du groupe pétrolier Shell dans la région du delta du Niger au sud du Nigeria ont nourri la “bulle” pétrolière.

Revendiquées par le MEND, principal mouvement armé dans le delta du Niger (sud du Nigeria), ces perturbations ont poussé Shell à se déclarer en situation de “force majeure” pour avril et mai à partir de 23H01 GMT lundi à son terminal de Bonny (sud).

La clause de “force majeure”, courante dans les milieux pétroliers et déjà invoquée par Shell au Nigeria, permet à l’industriel de suspendre ses obligations contractuelles, telles que les livraisons de pétrole et de gaz, à la suite d’événements imprévus, sans encourir de pénalités.

“Nous sommes en train d’évaluer les dégâts”, a précisé à l’AFP Tony Okonedo, porte-parole de Shell.

Le MEND a pour sa part indiqué que ces attaques faisaient partie d’une opération baptisée “Opération Cyclone” destinée à “ruiner l’industrie d’exportation pétrolière du Nigeria”.

Shell est le premier producteur et exportateur de brut implanté au Nigeria, avec environ 900.000 barils par jour sur une production nationale quotidienne de 2,5 millions de barils, mais les violences dans le delta du Niger ont réduit d’un quart la production totale du pays depuis janvier 2006.

Par ailleurs, un pétrolier a été attaqué lundi par des pirates lourdement armés au large des côtes de la Somalie mais a réussi à leur échapper, a annoncé le Bureau maritime international (BMI).

Or dans ce contexte de perturbations de l’offre, l’Opep a de nouveau rejeté, ce week-end, l’appel des pays consommateurs lui demandant de pomper plus pour répondre à la forte demande, lors du Forum international de l’Energie à Rome.

Pour le cartel, les marchés pétroliers sont suffisamment approvisionnés. “Il n’y a pas de déficit d’approvisionnement sur le marché”, a par exemple affirmé le ministre qatari de l’Energie, Abdallah al-Attiyah.

Estimant les 125 dollars comme la prochaine étape, John Kilduff (MF Global) juge que les 120 dollars “ne sont plus qu’une borne quelconque dans la marche inexorable du pétrole vers de nouveaux sommets”.

 22/04/2008 05:35:39 – © 2008 AFP