L’OCDE a réduit son aide aux pays pauvres en 2007, inquiétudes pour l’avenir

 
 
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Le siège de l’OCDE à Paris, le 16 août 2001 (Photo : Jean-Loup Gautreau)

[04/04/2008 17:37:30] PARIS (AFP) L’aide aux pays en développement des membres de l’OCDE a baissé pour la deuxième année consécutive en 2007, notamment celle de la France, ce qui rend peu crédible les objectifs pris par le G8 d’augmenter d’ici 2010 de 50 milliards de dollars son assistance aux pays les plus pauvres.

L’aide publique au développement (APD) des 22 pays riches du Comité d’aide au développement (CAD) de l’Organisation de coopération et de développement économiques a reculé de 8,4% en 2007, à 103,7 milliards de dollars, selon un rapport publié vendredi.

Une baisse principalement due à un fléchissement des allègements de dette, qui avaient atteint un record en 2005, en particulier à destination de l’Irak et du Nigeria, précise l’OCDE.

En pourcentage du revenu national brut (RNB), l’aide atteint pour l’ensemble des pays 0,28% contre 0,31% en 2006.

“Le recul était attendu”, souligne l’OCDE, qui rappelle que l’aide avait été “exceptionnellement élevée en 2005, à 107,1 milliards de dollars, et en 2006, à 104,4 milliards”.

“Le point positif c’est que si l’on exclut les allègements de dette, l’APD a continué d’augmenter l’an dernier. Il n’y a pas un effondrement comme dans les années 1990”, a réagi vendredi Angel Gurria, secrétaire général de l’OCDE, lors d’une conférence de presse à Tokyo.

“La vraie déception et la raison pour laquelle nous nous disons inquiets, c’est que les chiffres de 2007 sont bien en-deçà de la tendance qui permettrait d’atteindre les objectifs fixés pour 2010”, a-t-il poursuivi.

Les pays du G8 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon, Russie) s’étaient engagés lors de leur sommet de Gleneagles (Ecosse) en 2005 à annuler la dette publique multilatérale de 35 des pays les plus pauvres. Ils devaient aussi accroître de 50 milliards de dollars l’aide aux nations les plus démunies d’ici à 2010, pour la faire passer de 80 à 130 milliards.

“Au vu des chiffres actuels, c’est mission impossible”, tranche Sébastien Fourmy, d’Oxfam France-Agir ici.

La Commission européenne a dénoncé de son côté dénoncé la baisse de l’aide publique au développement de l’UE, qui n’a atteint selon elle que 0,38% du PIB en 2007, soit 46,1 milliards d’euros. L’Union européenne s’est engagée à augmenter cette aide à hauteur de 0,56% du Produit intérieur brut (PIB) de l’UE d’ici à 2010 et 0,7% d’ici à 2015.

Le recul est particulièrement fort pour la Grande-Bretagne (de 0,51% du RNB en 2006 à 0,36% en 2007), la France (de 0,47% à 0,39%) ou la Belgique (de 0,50% à 0,43%).

“Avec 7,2 milliards d’euros alloués en 2007, l’APD françaises a diminué de 16% en termes réels, alors que, la même année, l’Espagne a accru son aide de près de 34%”, déplore Coordination Sud, un reproupement d’organisations non gouvernementales (ONG).

Le président français Jacques Chirac, prédécesseur de Nicolas Sarkozy, s’était engagé en 2002 à ce que la France porte le montant de son APD à 0,7% de son PIB à l’horizon 2012.

Le gouvvernement français, sans l’avoir encore annoncé officiellement, semble vouloir repousser cet objectif à 2015, s’alignant ainsi sur le calendrier retenu par les autres pays de l’UE, souligne Sébastien Fourmy.

Oxfam a calculé que, par ce report, la France priverait les pays en développement – et notamment l’Afrique – de 17 milliards de dollars d’aide promis pour atteindre les objectifs du millénaire des Nations Unies.

Ces huit objectifs, approuvés par les dirigeants du monde en 2000 pour réduire la pauvreté à l’horizon 2015, incluent le recul des grandes pandémies, de la mortalité infantile et de l’illetrisme, ainsi que l’égalité des sexes, l’amélioration de la santé maternelle et la protection de l’environnement.

 04/04/2008 17:37:30 – © 2008 AFP